Messages | Nouvelle branche de discussion | Répondre | Rechercher | | L'inceste Posté par spy le 27/05/2018 23:55:26 | "Fantôme juridique", "tabou", "déni"...
La véritable ampleur de l’inceste en France
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L'inceste fait près de 4 millions de victimes en France.
Pourtant, il n'est pas reconnu comme un crime ou même une circonstance aggravante...
Et le projet de loi de Marlène Schiappa ne devrait pas améliorer la situation.
L’inceste, un "fantôme juridique" ?
L’inceste tue. Il tue encore aujourd’hui en France, à en croire les chiffres avancés par l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste (AIVI).
Selon elle, "la moitié des survivants de l’inceste ont commis une tentative de suicide" et des traumatismes infantiles comme l’inceste accroissent drastiquement les risques de souffrir de maladies chroniques, mais aussi d’addictions, de violences sexuelles, de dépression…
Les conséquences sont nombreuses et font froid dans le dos.
Face à cette situation, que l’association qualifie de "véritable fléau de santé publique", la réaction de la justice lui semble en dessous de tout. Et pour cause !
En pratique, l’inceste n’est pas un crime, ni un délit. Il ne constitue même pas une circonstance aggravante. C’est pour cela qu’elle n’hésite pas à parler de "fantôme juridique".
Une analyse qu’embrasse Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association "Mémoire Traumatique et Victimologie", spécialisée dans les violences sexuelles.
"L’inceste est effectivement un fantôme juridique. Il y a à ce sujet un véritable déni accompagné d’une loi du silence contre lesquelles nous bataillons.
L’inceste est lourd de conséquences pour les victimes mais rien de tout ça n’est pris en compte sur le plan juridique. Il ne modifie en rien les peines et il n’est même pas considéré comme une circonstance aggravante. Tout juste une surqualification", déplore-t-elle. Elle se bat pour que, à terme, l’inceste soit "reconnu et traité en tant que tel" car pour elle cela ne fait aucun doute :
"on ne peut pas considérer le viol et l’inceste comme deux phénomènes identiques". "Ce sont deux situations radicalement différentes", assure la spécialiste.
Compte-tenu de la définition actuelle du viol sur le plan juridique, c’est à l’enfant victime d’inceste de prouver qu’il n’était pas consentant, ni conscient de ce qui lui arrive.
"C’est une définition profondément à côté de la plaque en terme d’inceste puisqu’elle revient à traiter le viol d’adultes de la même façon que celui des enfants.
Mécaniquement, supposer qu’ils pourraient être consentants, c’est les sexualiser", souligne la praticienne. Elle voit même dans la loi une certaine monstruosité. "On le sait, lors d’un inceste, la violence est telle la première fois que le choc paralyse souvent la victime. Ensuite, il y a dissociation. L’enfant se met sur un mode automatique, il est littéralement zombifié par le traumatisme.
Cette absence de résistance est perçue comme du consentement et vient jouer en faveur des violeurs.
La répétition leur permet de dire que l’enfant n’était pas surpris et l’absence de résistance qu’il était d’accord.
Au final, on en déduit donc que ce n’est pas si grave !
C’est un cercle vicieux", s’indigne-t-elle.
Inceste : une quasi impunité qui rend le phénomène encore plus fréquent ?
En 2015, le nombre de victimes de l’inceste en France est évalué à 4 millions d’après AIVI, qui se base sur un sondage Harris Interactive.
Pour l’association "Mémoire Traumatique et Victimologie" l’inceste concerne au moins 50% des viols sur enfants. Or, il convient de le rappeler, les enfants sont les premières victimes des violences sexuelles.
Pour l’avocate Marie Grimaud, de l’association Innocence en danger, la France serait même "l'ELDORADO des pédophiles".
Dans 81% des cas, les violences sexuelles débutent avant 18 ans. Toutefois pour une victime sur deux, elles ont lieu avant 11 ans. Une victime sur 5 a moins de 6 ans.
Au total, 70% des victimes subissent au moins une autre agression sexuelle au cours de leur vie, selon l’enquête nationale "Impact et prise en charge des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte", réalisée par l’association de Muriel Salmona en 2015.
Dans l’écrasante majorité des cas (96%) les agresseurs sont des hommes. Ils sont le plus souvent des proches (94%).
Le phénomène est donc extrêmement fréquent. D’autant plus, estime la psychiatre, que les agresseurs bénéficient d’une certaine impunité. "Sur les 165 000 enfants victimes de viol, la moitié environ sont victimes d'inceste. Chaque année, seuls 6 000 portent plainte.
70% de ces plaintes sont classées sans suite. En moyenne 15% sont déqualifiées et partent en correctionnelles. Seules 10% arrivent finalement aux assises" lâche-t-elle, légitimement amère.
D’autant plus qu’à ses yeux, on s’engage sur la mauvaise direction.
"Selon l’étude virage, pour 7 enfants sur 10, les violences sexuelles sont pratiquées dans un contexte de manipulation. Au sein de la famille, un enfant victime d’inceste est littéralement pris au piège.
Il est obligé de se soumettre et d’obéir à l’autorité parentale.
Tous ces éléments sont laissés de côté.
A la place on préfère préciser la notion d’atteinte sexuelle, pour la doter du terme ‘avec pénétration’.
Au final on fait de l’enfant un complice de son propre viol", estime-t-elle.
Inceste : que faire ?
Sans grande surprise, Muriel Salmona n’approuve pas le projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes défendu par Marlène Schiappa. "Nous sommes déçus.
Nous voulions un âge légal de consentement qu’il fallait monter à au moins 18 ans dans le cadre de l’inceste.
Marlène Schiappa avait d’abord parlé de présomption de non-consentement. Nous n’avons rien eu de tout ça, juste une précision sur l’abus de vulnérabilité qui risque de ne rien changer", explique la médecin.
Pourtant il y a de nombreuses choses qu’il aurait fallu faire, selon elle.
A commencer par ne pas abandonner les enfants victimes d’inceste.
"83% des victimes ne sont jamais reconnues et donc jamais protégées", assène-t-elle.
Le chiffre est si important qu’il en est effrayant. Déroutant. "On les abandonne aux violences qu’ils subissent. Il ne faut pas attendre des enfants qu’ils viennent se plaindre eux-mêmes ! Nous devons aller vers eux", insiste la psychiatre.
Pour elle, les premiers recours sont déjà clairement identifiés : il s’agit des médecins, des psychiatres, des infirmiers et infirmières scolaires…
"Globalement, tout le personnel soignant devrait être formé à la prise en charge des violences sexuelles sur l’enfant. Ils devraient tous le questionner dès qu’ils en ont l’occasion. Il faut un dépistage systématique. L’enfant ne parlera peut-être pas la première fois, mais il saura au moins que ça existe. Dire les choses, c’est reconnaître que ça existe. Il pourra ensuite revenir en parler quand il se sentira prêt, parce qu’il saura que le personnel soignant est prêt à l’écouter, que ce dont il parle existe", explique-t-elle. C’est spécialement important, pour l’enfant déjà victime mais aussi à titre préventif. "Identifier une victime, c’est aussi identifier un agresseur. Et protéger d’autres enfants qui pourraient subir les mêmes sévices."
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| | Re: L'inceste Posté par jacquesv le 28/05/2018 00:36:18 |
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