Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par seraf le 06/04/2006 00:01:00
Il a été l'élément déclencheur du mouvement, mais un élément parmi tant d'autres, composant d'une politique que les jeunes refusent. Diminutions des budgets de la recherche, de l'éducation, de la santé, réductions des effectifs dans ces mêmes domaines ; Contrat Nouvelle Embauche, Loi d'Egalité des chances, Lois Sarkozy sur l'immigration, etc., etc. ; ce à quoi s'ajoutent les désormais habituels plans de restructuration dans les entreprises et autres délocalisations. Autant de valeurs chères à la France, bafouées, piétinées. Les Français ne sont pas dupes, ils voient bien que tout est fait pour casser leurs droits, pour rompre avec les anciennes politiques sociales, au nom de la "modernité" et de la flexibilité. C'est cela que les jeunes rejettent, et non simplement le CPE qui fait partie d'un grand tout.
En ce sens, notre combat est assez lié aux émeutes de décembre, malgré les images des journaux télévisés et les interventions des politiciens qui tentent d'opposer les gentils manifestants pacifistes aux méchants casseurs spécialement venus des "quartiers" pour brûler des voitures et casser des vitrines. Après la révolte des jeunes de banlieue, c'est aujourd'hui les étudiants et les lycéens, qui sous une forme différente font évacuer leur "trop plein" et manifestent ouvertement leur colère pour répondre aux attaques méprisantes d'un gouvernement effronté. Alors que les premiers extériorisaient leur sentiment d'impuissance face à une sorte d'emprisonnement social et identitaire, les seconds se débattent avant qu'on ne les enferme dans la précarité. Les deux ne voient que trop distinctement le triste horizon qu'on leur dessine.
Les médias anti-précaires ou anti-villepin ?
Le CPE a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase mais son retrait n'a jamais été notre seule revendication : c'est le retrait du CNE et de toute la Loi d'Egalité des Chances, dont le CPE est un échantillon, que nous exigeons. Seulement la communication a été mal faite. A qui la faute ? A nous-mêmes, mais alors que maintenant nous avons réaffirmé clairement nos revendications, celles-ci ne paraissent pas partagées, ou en tout cas pas affichées par le reste du mouvement. Pourquoi ? Il y a plusieurs réponses. D'une part les représentants syndicaux, à l'image de Bruno Juliard le président de l'UNEF, que les médias ont unanimement choisi comme représentant des étudiants grévistes, ont décidé de se borner au seul CPE, renonçant à mener la bataille sur les autres fronts. Ils ne sont vraisemblablement pas plus choqués que cela par le passage à une école "générale" obligatoire jusqu'à 14 ans au lieu de 16, ni par la légalisation du travail de nuit pour des gamins de 15 ans. Mais finalement, le vrai responsable de cette implication "à moitié" des représentants syndicaux (les syndicats de travailleurs comme la CGT et la CFDT ont attendu un mois avant de se décider à nous rejoindre dans le mouvement), et à la fois le gagnant, c'est le gouvernement : en enchaînant les lois comme il le fait, et en les faisant passer en force si besoin est, il ne laisse à la population et à ses représentants ni le temps ni les moyens de s'y opposer en totalité. On doit alors choisir ; aujourd'hui c'est le CPE qui a été retenu. Est-ce bien suffisant ?
Une résistance qui s'amorce aujourd'hui...
Il est vrai, c'est indéniable, que les chances de victoire sont largement réduites en demandant plus que le simple retrait du CPE. Mais devons-nous nous arrêter devant un obstacle érigé par le gouvernement lui-même, dont le but précis est de nous rendre la tâche impossible ? Ne serait-ce pas, ou bien se soumettre à ces tactiques viles, ou bien reporter le problème à plus tard ? Car en effet ce qui sera accepté à contrecœur maintenant pourrait faire l'objet de nouvelles protestations à l'avenir. Pour ma part il me paraît difficile qu'une loi comme celle d'Egalité des Chances soit retirée après plusieurs mois d'application ; alors puisque le virus est là, pourquoi attendre, tuons-le tout de suite avant qu'il ne contamine le pays, qui est déjà bien assez malade !
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par windowman le 06/04/2006 08:27:32
La mort des trois singes…
Les idéologies de droite et de gauche suivent une seule et même logique : elles nous utilisent, nous, êtres humains, comme des leviers qu’on écrase ou libère afin de servir une économie capitaliste sauvage aux coudées de plus en plus franches. L’idée est de toujours accroître la production de richesses afin que leur répartition devienne de plus en plus juste pour l’ensemble de notre espèce sur cette planète. Ainsi, c’est l’économie qui, bien servie par nous-mêmes, répondra à nos attentes. Cette logique est la même depuis des siècles.
Le vingtième siècle a servi d’exemple apologique de cette idéologie en voyant une croissance jamais rencontrée jusque là entraîner tout l’occident dans de meilleures conditions de vie. Aujourd’hui, cette logique n’est plus possible.
Bien que nous soyons encore assez peu sur cette planète à bénéficier d’un confort de vie relativement satisfaisant, notre consommation de ressources naturelles (notamment le bois des arbres) est déjà disproportionnée face à la capacité de régénération naturelle de notre planète. Concrètement, il y a de moins en moins d’arbres, et donc de moins en moins de « producteurs » de l’atmosphère qui nous est vital. Les effets indirects sont une avancée des déserts et une fragilisation de plus en plus préoccupante des écosystèmes. De plus en plus d’espèces animales et végétales sont menacées, et provoqueront par leur disparition prochaine l’effondrement de la vie naturelle dans de trop nombreuses régions du globe.
Parallèlement, cumulées aux cycles normaux de réchauffement et de refroidissement de notre Terre, nos activités économiques produisent de plus en plus de pollutions, autant des gaz à effets de serre que des substances directement mortelles pour les écosystèmes. Tandis que ces dernières rongent des pans entiers de la vie et de la biodiversité sur notre planète, les premiers accentuent des phénomènes climatiques déjà graves qui entraîneront à moyen terme l’immersion de nombreuses régions côtières, ainsi qu’un changement de climat important dans de nombreuses parties du monde. Le terme prochain de ces bouleversements est la disparition de nombreuses espèces animales et végétales dont notre survie même dépend.
De plus, les pollutions nombreuses et graves de l’atmosphère, de l’eau potable et des écosystèmes en général a des effets directs sur notre santé, comme l’accroissement des maladies respiratoires. Nous connaissons encore mal l’ensemble des conséquences qu’auront eu nos activités sur notre avenir mais, et de plus en plus de scientifiques s’accordent sur ce point et sortent de leur réserve axiologique pour tirer le signal d’alarme, elles seront graves. Et nos politiques misent toutes leurs solutions sur la croissance… Stupide, n’est-ce pas ?
Il faut sortir de cette logique stérile et suicidaire de l’accroissement de notre espèce et de ses activités, productions et consommations. Il est évident que la solution n’est pas dans ce fonctionnement parasitaire de notre espèce sur cette planète. Endossons pleinement notre capacité d’espèce intelligente et, puisque nous le pouvons, regardons plus loin que le prochain mandat.
La flexibilisation du marché du travail favorise les entreprises mais handicape l’ensemble de la société. La dérégulation du marché disperse notre pouvoir de décider l’organisation de nos sociétés entre les mains des lobbies économiques et financiers. Enfin, la déstructuration de l’Etat est une politique du fait accompli qui consiste à priver les Etats de tout moyen d’agir politiquement sur les sociétés pour mieux justifier la limitation de leurs champs d’actions aux seules fonctions valables que la droite leur reconnaisse – à savoir celles de la sécurité intérieure et extérieure -. A travers la loi sur les pôles de compétitivité, les universités sont dores et déjà livrées pieds et poings liés aux intérêts économiques de leurs nouveaux mécènes, obligées de suivre leur politique marchande de recherche et de formation, sans plus de soucis pour le rôle socialisateur et épanouissant de l’enseignement universitaire. Ce n’est qu’un exemple. Je pourrais citer l’abaissement de l’obligation d’enseignement général à 14 ans, la réforme L.M.D., qui formate une main d’œuvre mobile et soumise, le C.N.E., jumeau du C.P.E., qui sévit déjà, les politiques d’économie de bouts de chandelles faites en rognant sur les droits que nous avions en matière de santé et d’allocation vieillesse… Et je ne parle là que de ces trois dernières années, et seulement des aberrations largement médiatisées…
Arrêtons de nous laisser bercer par le fatalisme politico-médiatique qui consiste à dire que le monde change et que l’on doit s’y adapter ! C’est nous qui changeons ce monde ! Nous qui le laissons prendre peu à peu une forme dangereuse qui ne nous plaît pas et menace même notre survie ! Cessons de nous laisser asservir par une économie que nous contrôlons ! Il faut laisser à l’Etat les moyens de mener une vaste politique de refonte de notre organisation socio-économique. C’est maintenant qu’il faut se bouger et faire retrouver la vue, l’ouïe et l’entendement à nos « représentants »…
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE Posté par [--adrien--] le 08/04/2006 10:35:13
Les français et l'économie ça fais vraiment deux, les 30 glorieuses c'est finie, ce qu'on connue nos parents aussi...
Les acquis sociaux, ok c'est bien, maintenant travaillé 35h bouaif… je me demande sérieusement si il faudrait pas remettre l'heure légal a 39, 5 semaines de vacances c'est génial, 4 améliorais la productivité (j’avais me faire taper ) bref regarder ce qui ce passe dans les autres pays, ont a trop d'acquis sociaux, pour moi c'est clair. Mais de toute façon reformer la France s’avère quasi impossible donc…
Ce que j'adore ici en france c'est la contradiction, ont demande au gouvernement de faire quelque chose contre le chômage, mais de ne surtout rien toucher au acquis sociaux, non, non, non.
Quand je vois de plus en plus de jeunes qui disent " A mort le capitalisme " bah voter lcr/pcf en 2007 on verra ce que ça donnera
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par seraf le 10/04/2006 12:05:35
Ce site est un moyen de communication remarquable pour donner son avis et se détacher de toute mouvance politique.
Certes, il est plus facile d'écouter quelqu'un qui a fait une grande école de Journalisme (Pernaut, Elkabach, Chabot, Dhamel) voir l'Ena ou une grande école de sociologie. C'est évident même!
C'est aussi pour ça que le "peuple" les suit ou les a suivis lorsqu'il s'agit de grandes réformes à faire passer : CIP de 1994, elections 2002, référendum européen pour le oui, etc... Alors, si c'est pour faire un papier collé de Libé ou du Monde, enregistrer les journaux télévisés ou autre supports médiatiques à la solde des politiciens et autres gros partenaires et groupes économiques, non merci.
Me concernant, je préfère replacer l'être humain au centre et non pas l'Etat ou le Marché comme se tiraillent les deux idéologies principales qui gèrent nos soi-disant acquis sociaux, lesquels sont illégitimes ( et oui! va travailler fainéant de geux qui profitent du système avec ses 600 euros par mois...) alors que les PDG d'Axa, Air France, Natexis et Total, les dirigeants de Suez, Atlantis ou autre Caisse d'Epargne peuvent à leur guise se "primer" fusionner, déréguler et concentrer. Quelle belle remlise en cause de nos acquis, en effet...Et puis la concurrence eswt tellemnt saine, n'est-ce pas? Il paraît évident que la France n'ait rien compris et qu'elle a tout erdu en ne calquant pas son modèle sur les générateurs de misère et d'atteintes aux libertés que sont les gouvernements Blair ou Berlusconi. Sommes-nous bêtes au point de ne pas remarquer que nos voisins aient trouvé la solution? CEux-la même qui se sont toujours battu contre ce modèle français et qui petit à petit en ont adopté les principes par le biais de traités, de constitution, de systèmes de santé et éducatifs...Pour quoi ne montrons nous pas à quel point ces pays font partie des plus inégalitaires en Europe a contrario de la France?
Se détacher, prendre du recul, écouter autour de soi ce que retraités, salariés et étudiants pensent ou ressentent, voilà pour moi, les clefs de la compréhension en elle même du problème actuel.
Et encore une fois pardon pour ma dégagogie pas encore assez performante au regard de celle appliquée par les grands groupes de presse liés aux holding, actionnaires, néoesclavagistes (Bouygues) et vendeurs d'armes (Dassault)...
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par windowman le 10/04/2006 18:05:15
D'accord avec toi seraf... Espérons que les idées font leur chemin et qu'à force de les entendre on finit par les écouter, les comprendre puis les défendre...
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par ericounez le 12/04/2006 11:13:06
seraf ====> Juste une remarque dans ce discours si souvent entendu (si, je t'assure, et je suis sincère) :
*"(...)lesquels sont illégitimes ( et oui! va travailler fainéant de geux qui profitent du système avec ses 600 euros par mois...) alors que les PDG d'Axa, Air France, Natexis et Total, les dirigeants de Suez, Atlantis ou autre Caisse d'Epargne peuvent à leur guise se "primer" fusionner, déréguler et concentrer"
=> les opérations économiques que tu évoques sont LA SIMPLE CONSEQUENCE du droit de propriété. Pour illustrer un peu, quand tu as une maison, tu peux la vendre, la louer ou encore (comme dans tes exemples) absorber le terrain de ton voisin avec le tien ou, en allant plus loin, mettre en commun vos deux terrains, détruire vos maisons et en construire une troisième supposée être mieux réussie.
Tu peux toujours vouloir interdire cela pour divers motifs (notamment la protection des salariés), mais ne perd pas de vue que c'est toucher au droit de propriété. Et pour quel résultat ? Peut etre que si ces fusions-absortions ne se faisaient pas, l'entreprise perdrait en compétitivité donc en clients, donc finalement arriverait au dépot de bilan, ce qui n'est pas particulièrement positif pour les salariés.
PS: je n'habite pas dans le XVIème, mon père est salarié et ma mère aussi, etc...
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE Posté par raxi le 14/04/2006 16:25:14
Personellement, je n'ai que 13 ans mais je suis intérrésser par ce débat, car j'était ABSOLUMENT contre le cpe et je trouve que nous avons été écouter car kle gouvernement a fait une loi pour les jeunes en difficulté pour lmes embaucher + en CDI donc trés bien pour eux.
Et pour les jeunes diplomés, il pensent a mettre + pour les universités qui sont pour l'instant a la ramasse par rapport au classes préparatoires, donc cool aussi.
Je sais, qu'il ont parler de l'apprentissage a 14 ans et tout je trouve aussi que c'est abérant car je connai des jeunes qui sont en difficultés et je les verai mal aller en aprentissage a leur age, ils ne sont même pas encore construi et mature.
Personnellement, si je suis gauchiste, pour le parti socialiste et j'aimerai qu'ils soient au pouvoir, car c'est le parti qui n'est pas trop communiste et pas trop capitaliste, pour trouver un juste millieu en gardant les aquis sociaux.
Pour ceux qui disent que les aquis sociaux devraient être suprrimer, je vous répons NON, car si un chef d'entreprise embauche ses salariés en CDI, c'est que le chef est sur d'avoir l'argent et que son entreprise va durer..
Mais le probléme, c'est qu'il n'y a pas assez d'entreprise qui embauchent en CDI, il faudrait que l'état donne des aides au entreprises qui veulent le faire.
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE Posté par [--adrien--] le 14/04/2006 17:42:14
Lol raxi et si un salarier n'effectue pas son taff correctement ? Comment peut tu être sur qu'une entreprise va durée, comment peu tu convaincre un chef d'entreprise de s'installer en France, si c'est beaucoup plus simple pour lui de s'installer en Angleterre ? Comment veut tu faire avancer un pays sans reforme ? Croit tu toujours que le peuple a raison sur les reformes a entreprendre ? Pourquoi ne pas faire des fois confiance au gouvernement et c'est reforme ?
Re: Qui a dit que les jeunes ne demandaient que le retrait du CPE ? Posté par ericounez le 14/04/2006 21:58:41
raxi---> dans l'idéal, tout le monde veut des CDI avec un I=infinis, mais ce n'est pas réaliste je crois. (moi, désabusé ? :o)
La question est donc : comment réduire la précarrité, et sur le CPE: CPE à la place de CDI (ce qu'avance la gauche je crois) ou CPE à la place de chomage (plutot la droite) ?