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Pin-up
Posté par lorna le 20/08/2004 07:54:24
Mon premier est un scénario bien ficelé, mon deuxième est un dessin magnifique, mon troisième est un dialogue vif... Mon tout est le premier cycle de "Pin-up" enfin réédité en intégrale.

Après l'attaque de Pearl Harbor, en décembre 41, les Etats-Unis rentrent en guerre. Les bons petits G. I. S américains partent donc affronter les Japonais. Joe, le fiancé de Dottie Partington, en fait parti. Sa patrouille est décimée, et Joe se retrouve seul sur un atoll. Dottie se morfond en attendant le retour de son fiancé. Son amie Tallulah lui trouve un boulot au Yoyo's Club. Elle y rencontre le dessinateur Milton. Comme plusieurs serveuses du club, Dottie est embauchée comme modèle pour être dessinée par Milton sur les bombardiers des aviateurs fréquentant le club. Lors de la séance de pose, Milton décide de faire de Dottie sa nouvelle héroïne glamour, Poison Ivy. Il a en effet été contacté par l'armée pour dessiner une BD patriotique destinée à remonter le moral des troupes sur le front. Poison Ivy, alias Dottie, est immédiatement propulsée au rang d'icône. Joe, récupéré par l'armée, découvre lui aussi Poison Ivy dans les journaux. Ne remarquant pas la ressemblance entre la Pin-up de papier et sa propre fiancée, il devient complètement fou de la première. Il rompt avec Dottie, devenue insignifiante à ses yeux, par une lettre et un colis des plus macabres. (Tome 1)

Brisée, Dottie refuse de continuer à jouer la Pin-up. Elle décide de soutenir autrement l'effort de guerre, en travaillant dans l'industrie d'armement. Tallulah, l'ex-amie cynique de Dottie, prend alors son rôle de Pin-up en devenant le personnage Texas Lady. Mais c'est de courte durée. L'armée convainc Dottie de redevenir Poison Ivy. Mais, désespérée, elle sombre aussi dans l'alcoolisme. Lors d'une longue tournée sur le front, déguisée en Poison Ivy, Dottie prend conscience de son statut de star de papier. Elle passe alors la nuit avec son ancien fiancé Joe, qui a gagné un concours. Mais celui-ci n'a toujours pas compris que Poison Ivy et Dottie ne font qu'une. (Tome 2)

Avec la fin de la guerre, les strips de Poison Ivy cessent de paraître. Dottie pose maintenant pour les photos scabreuses d'Irving Klaw, qui lui trouve un nouveau nom : Betty Page. Mais les ennuis poursuivent notre héroïne. Le pilote, dont le bombardier portait la silhouette de Dottie dessinée par Milton, a été rescapé d'un accident d'avion mais en sort quand même brûlé à vif. Pensant à une malédiction, il se met à tué tous les anciens modèles du Yoyo's Club. Dottie échappe de justesse à sa vengeance et retrouve Joe démobilisé, mais rendu aveugle par une blessure de guerre. (Tome 3)


Dans ce premier cycle, comportant trois albums, Yann et Berthet nous plongent donc en pleine société américaine durant la guerre du pacifique, évoquée dès la couverture par le soleil rouge représentant le Japon. Le dessinateur Berthet affirme l'ancrage historique de Pin-up : "Il y a toutes sortes de cautions historiques, points de repères qui ancrent l'histoire dans son contexte américain. On pourrait presque appeler la série : Une histoire de l'Amérique." (Dossier BoDoï, n°31). L'histoire de la vie sentimentale de Dottie s'inscrit donc sur fond historique avec ses évènements et ses personnages. Ainsi plusieurs personnages de Pin-up rappellent clairement des personnes réelles, comme le dessinateur Milton Caniff, qui réalisa effectivement à partir de 1942 des strips sensés réconforter l'armée américaine. Son véritable modèle ne s'appelait autrement que Dorothy Partington. Par contre, le vrai Milton n'appela pas son personnage Poison Ivy, mais Miss Lace. Mais si Yann et Berthet se sont bien évidemment inspirés de ce dessinateur, les strips de Pin-up sont cependant complètement inventés. En effet, les auteurs n'ont pas cherché à faire des strips à la manière de ceux de Male Call, l'œuvre de Caniff. Leurs nouveaux strips sont d'ailleurs beaucoup plus incisifs. Le deuxième personnage que joue Dottie a lui aussi réellement existé : Betty Page est en effet la Pin-up de référence depuis les années cinquante.


Avec cette série, Berthet et Yann revisitent le mythe américain. Finalement celui-ci en sort quelque peu dégradé : aucun des personnages masculins, qui font référence aux héros hollywoodiens, n'est épargné. Les valeurs américaines, comme le patriotisme sans faille des petits soldats, est épinglé par le scénario. L'imaginaire de la consommation de masse, véhiculé par les Etats-Unis est aussi repris par Pin-up. Dans tout ce premier cycle réapparaît sans cesse le motif l'allumette sur laquelle est dessinée une Pin-up. Cette idée est venue à Yann, après avoir découvert que dans les années quarante aux Etats-Unis, les pochettes d'allumettes elles-mêmes servaient de publicité et que des figures de Pin-up étaient dessinées jusque sur le bois des allumettes : "En soi, c'était un argument suffisant pour une série. Mais j'ai transposé cela dans Pin-up pour en faire un véritable fil rouge. L'idée de griller les icônes des petites nanas par la tête était fabuleuse, le symbole de l'amoureux transi puis grillé dans la première trilogie s'imposait également de lui-même aussi bien matériellement que métaphoriquement". (Idem) La consommation est aussi symbolisée par les objets qui parcourent toute la série, et qui définissent le personnage de Poison Ivy : la cigarette, le rouge-à-lèvres et les bas-nylon. Le scénario de Yann est donc une critique, bien documentée et construite, du décalage entre l'image elle-même (le dessin d'une jolie femme) et l'utilisation qu'on en fait (dessin reproduit sur un bombardier américain B 17 qui n'apporte que destruction).


D'ailleurs Dottie ne maîtrise plus le décalage, entre son identité de femme américaine anonyme et son statut de star du papier. Dottie se confond de plus en plus avec Poison Ivy. Cependant, il existe bien un écart entre le destin du personnage réel Dottie qui ne reçoit pas de retour à son amour pour Joe et celui du personnage qu'elle joue, Poison Ivy, qui suscite les passions déchaînées de tous les hommes. Bien que Dottie haïsse son rôle, sa seule façon de survivre est donc de le jouer encore toujours plus à fond.


La mise en scène de la femme objet introduit le thème du voyeurisme, qui a de multiples ramifications dans cette œuvre. Comble du paradoxe, à la fin du troisième tome, Joe qui n'a pas arrêté de reluquer la Pin-up de papier, n'est même plus capable de voir qu'il couche avec celle-ci, à cause de sa cécité.


Que dire du dessin de Berthet, sinon qu'il est purement et simplement sublime. Son trait magnifie des femmes déjà superbes. Que peut-on demander de plus ? un cahier supplémentaire avec 12 strips inédits de Poison Ivy ? Eh bien c'est chose faite dans cette réédition du premier cycle.


Série : Pin-up (Edition intégrale : Cycle 1)
Auteurs : scénario de Yann et dessin de Berthet
Editeur : Dargaud

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Re: Pin-up
Posté par evangel le 20/08/2004 07:54:24
très bon article
très complet
mai il ya une chose de dommage c que tu racontes pratiquement toute lhistoire alors pour ceux qui ne l'ont pas lu ben c un peu enervant
bien sur le lire c mieux parce qu'on a les dessins que tu valorise beaucoup mai bon si on connait la trame de lhistoire c plus très marrant
maai bon sinon c t un super article bravo!

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