Siouxsie & The Banshees Posté par fishbowlman le 03/11/2008 00:10:01
Bizarrement en France, on ne parle jamais de ce groupe... Ou plutôt si mais cela reste réservé aux amateurs du rock gothique des Cure & co, ça ne va pas plus loin. Pourtant leur musique va bien au-delà de l'étiquette "gothique", y'a vraiment pas besoin d'être dans le trip "goth" et glauque pour apprécier ce groupe. La plupart de leurs singles sont pop, et donc leur musique pourrait plaire à n'importe quel amateur de pop-rock.
En 1995 les Banshees jouaient au Bataclan de Paris, pas au Zénith... ça veut dire ce que ça veut dire ! Mais en Angleterre, ils ont toujours eu énormément de succès, quelle que soit la période. La preuve, il suffit de voir le nombre hallucinant de vidéos qu'on retrouve d'eux sur Youtube.
1976– 1979 : les années punks
Siouxsie Sioux s'est d'abord faite remarquer comme "groupie" des Sex Pistols.
Les débuts des Banshees étaient fortement teintés de punk, surtout sur le premier album, The Scream (1978). Ajouté à cela un minimalisme exacerbé et des structures répétitives sur chaque chanson (l'influence Velvet Underground probablement, qui se ressent surtout sur Join Hands (1979), pluszarb), c'est sur, on est loin de la grandiloquence des Banshees dans les années 80.
Une période intéressante, mais pas la meilleure, The Scream est bien mais un brin chiant quand même, ils feront bien mieux plus tard. Plusieurs titres à écouter :
Love In A Void, single qui ne figure pas sur Join Hands, punk direct et "in your face", brillamment repris par Dark Throne récemment : http://www.youtube.com/watch?v=UQ70-wXZaMo
1980 – 1983 : la trilogie "gothique"
Les Banshees n'auront de cesse de changer de guitariste tout au long de leur carrière. Avec l'arrivée de Budgie à la batterie, les Banshees deviennent plus techniques et mélodiques sur l'excellent Kaleidoscope (1980). Oublié le punk et les guitares saturées.
Christine, très pop "60's", le hit de l'album, magnifique... Admirez la magnifique position du batteur, ou comment pondre un p*t**n de rythme avec 2 notes : http://www.youtube.com/watch?v=OMcLAsAzCmM
Juju (1981) est leur disque "gothique" par excellence, malsain et minimaliste, linéaire, très peu mélodique. C'est un peu une énigme ce disque puisque à partir de là, les Banshees commenceront à être comparé aux Cure... Et cette comparaison n'est pas injustifiée à mon sens.
Juju est l'album le plus proche de ce que faisait les Cure à la même époque d'où la rivalité qui s'instaurera entre les deux groupes. Rivalité plus du fait de la presse et des fans (comme entre les pro-Stones et les pro-Beatles) que des groupes en eux-mêmes puisque Robert Smith sera guitariste des Banshees en 83 et 84. Juju sera considéré comme culte. Même si je l'aime bien, je trouve ce disque un peu surcôté. Les Cure iront beaucoup plus loin dans le trip glauque avec l'inécoutable Pornography l'année suivante.
Enfin A Kiss In The Dreamhouse (1982) clôt cette trilogie avec plus d'emphase, de mélodies et de grandeur... Inutile de dire que je préfère ce disque à Juju. Les arrangements deviennent plus riches, les violons apparaissent, la voix de Siouxsie Sioux se fait plus sensuelle même si elle garde toujours ce côté un peu dissonnant, cette impression qu'elle chante parfois un peu à côté des bonnes notes. C'est son style, y'en a qui aime pas. C'est avec ce disque qu'ils vont commencer à être plus ambitieux, à s'éloigner du rock gothique minimaliste...
Les Banshees marchent alors très bien... Surtout en Angleterre, Robert Smith rejoindra le groupe en tant qu'intérimaire, le temps qu'ils se trouvent un autre guitariste à plein temps. La valse des guitaristes ne cessera pas. Un live sortira en 1983, Nocturne, avec Robert Smith donc.
Même si essentielle dans leur discographie, je ne place pas cette trilogie "gothique" au-dessus de tout. Y'a encore de belles choses à venir...
1984 – 1986 : à la recherche de nouveaux sons
Avec Hyaena (1984) apparaît Robert Smith à la guitare. Malgré sa présence, on ne se ressent pas vraiment la patte "Cure" pour les compos. Avec Hyaena, les Banshees commencent sérieusement à toucher à tout, à flirter avec la pop tout en demeurant sombre sur d'autres morceaux. Un excellent disque, bourré de trouvailles et de bizarreries en tout genre, poursuivant cette démarche entamée depuis A Kiss In The Dreamhouse.
Tinderbox (1986), retour au rock gothique pur, moins de grandiloquence que sur les 2 albums précédents, mais cela reste plus ample et complexe qu'un Juju, très bon skeud là aussi mais plus linéaire.
Les Banshees ont toujours été pop, surtout sur leurs singles qui cartonnent généralement. Ils peuvent écrire des hits au kilomètre, avec des mélodies faciles à mémoriser, des arrangements à la fois subtiles et chiadés, des orchestrations bien amenés sans être kitsch ou pompeuses. Les Banshees ont touché à plein de styles différents, sans avoir le côté grand-guignolesque de Queen.
C'est avec leur album de reprises Through The Looking Glass (1987) que leur virage pop prend forme. Ils reprennent à leur sauce des titres de groupes qui les ont influencé : les Sparks, les Doors, Kraftwerk, Television, Bob Dylan, Roxy Music, Iggy Pop... C'est un bon disque, mais je préfère les Banshees à la plupart des groupes qu'ils reprennent sur ce disque (et y'a que des putains de groupes en plus, ils ont de sacrées références) !!!
Peepshow (1988) : sympathique album pop-rock, nettement plus léger et moins torturé que tout ce qu'ils ont fait jusqu'à présent. Quand les Banshees font de la pop, c'est la grande classe, c'est naturel, rien à voir avec le bricolage d'un Marillion (période Hogarth). Quelques "fillers" malgré tout sur ce disque. Les Banshees rappellent au passage qu'ils ont énormément de singles "pop" dans leur répertoire et qu'ils ne tiennent pas à être étiquetté "goth" jusqu'à la fin des temps.
Superstition (1991) : excellent album, plus dense que Peepshow, l'utilisation des synthés est superbe, des nappes amples et contribuant aux atmosphères, Budgie n'a jamais aussi bien joué, Jon Klein n'a rien à envier à David Gilmour (si si, le guitariste de Pink Floyd, qui essaye de chanter accessoirement), Siouxsie Sioux n'a jamais aussi bien chanté (et p*t**n, qu'est-ce qu'elle était belle à cette époque), etc etc... Rien à jeter, l'album de la maturité comme on dit.
Fear (of the unknown), version "dance music" remix, largement inférieur à l'originale, reste le clip conçu pour le marché américain avec Siouxsie Sioux en catwoman : http://www.youtube.com/watch?v=K7dYa3yFTf0
The Rapture (1995) : là les claviers sont bien plus en retrait et c'est dommage. Plusieurs titres pop passe-partout, typique de ce qui se faisait dans les années 90, mais l'intérêt du disque est rehaussé par d'autres titres plus ambitieux, heureusement. Seul la basse de Steven Severin, avec ce son si spécial, rappelle les années "goth" du groupe.
Les Banshees terminent leur carrière la tête haute, ils se sépareront en 1996. Budgie et Siouxsie Sioux continueront leur duo dans le projet The Creatures qui existe depuis 1981, le bassiste Steven Severin sortira des albums solos, Martin McCarrick (qui joue les claviers, du violon et de l'accordéon depuis Through The Looking Glass) rejoindra plus tard Therapy ?.
Ils se sont reformés en 2002, juste pour une tournée "best of". Que les Banshees ne soient pas plus connus que ça en France restent un mystère pour moi, surtout quand on voit à côté le succès délirant des Cure. Ils ne passent jamais à la radio, et pourtant ce ne sont pas les hits qui manquent chez eux ! Les compilations, en 2 volumes, Once Upon A Time et Twice Upon A Time, regroupant tous leurs singles, sont une vraie mine d'or, une excellente découverte où on voit toute la richesse de leur répertoire.