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20 expressions francaises à redécouvrir
Posté par spy le 24/11/2019 01:51:39
20 expressions françaises à redécouvrir
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"Yoyoter de la touffe", "se faire chanter Ramona", "faire le sucré"... Passées de mode, voire oubliées, ces expressions populaires méritent pourtant le détour. En voici 20, avec leur origine parfois surprenante... C'est parti mon kiki !


Pas piqué des vers !
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Expression : "C'est pas piqué des vers !"

Ce qu'elle veut dire : C'est pas banal, remarquable, voire incroyable, inouï...

Origine : Le ''Robert des expressions et locutions'' voit dans cette expression, relevée notamment chez Balzac, la déclinaison d'une expression plus ancienne : "Quelle mouche le pique ?" (question rhétorique qui s'adressait aux personnes victimes d'un coup de folie, comme rendues folles par une piqûre d'insecte).
L'expression est ensuite devenue "Quel ver le pique ?", et, par opposition, l'individu qui n'était "pas piqué des vers" était parfaitement sain d'esprit...

Mais l'expression pourrait être née également par opposition à un meuble, ou un livre, "piqué des vers" (donc vermoulu, mangé, endommagé.

Variantes et autres expressions : De nombreuses variantes existent, généralement avec d'autres insectes ("pas piqué des hannetons", bien que passée de mode, est sans doute la plus courante).

Il faut également signaler la déclinaison moderne "pas piqué des gaufrettes", qui connaît un certain succès notamment depuis qu'elle a été reprise par la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, qui s'est extasiée dans un vestiaire de rugby sur une "chevauchée héroïque de Sébastien Chabal pas piquée des gaufrettes" !


Yoyoter de la touffe
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Expression : "Il yoyote de la touffe !"

Ce qu'elle veut dire : Il divague, il déraisonne, il fait ou dit n'importe quoi...

Origine : Selon Bernard Pivot (dans son recueil ''100 expressions à sauver'', le verbe "yoyoter" viendrait de l'argot des prisons, et serait inspiré du "yoyo" : tout comme le yoyo monte et descend le long de son fil de manière répétitive et un peu absurde, celui qui "yoyote" perd son temps à divaguer, à ne rien faire d'utile, à revenir toujours au même point.

La "touffe" désigne ici la tête (la touffe de cheveux, bien sûr), non pas le sexe féminin comme c'est souvent le cas en argot. Celui qui "yoyote de la touffe" divague dans sa tête...

Autres expressions : Les expressions qui désignent les fous ou la folie sont très nombreuses et souvent très imagées : "Avoir un petit vélo dans la tête" ou "Avoir une araignée au plafond" ne sont plus très utilisées, mais "être fêlé" et ses innombrables variations restent très populaires : être secoué, frappé ou frappadingue, fêlé de la cafetière ou du caisson, voire, pour les plus vulgaires, être "baisé de la caisse"... D'autres expressions populaires : "avoir pété une durite, un boulon, une pile, une vis..." ou encore "avoir fondu les plombs".

S'en tamponner le coquillard
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Expression : "Je m'en tamponne le coquillard !"

Ce qu'elle veut dire : Je m'en moque complètement...

Origine : Apparue au XIXe siècle, l'expression serait une des nombreuses variantes et déclinaisons de "je m'en bats l'œil" (ou "je m'en bats les fesses"*).

Dire, en général des propos de quelqu'un, que l'on s'en "tamponne", c'est donc une autre façon de dire que l'on considère que les dits propos ont autant de valeur que le papier avec lequel on se torche...Quant au coquillard, c'est une déclinaison de la "coquille" qui, au XVIe siècle, désignait argotiquement le sexe masculin (puis, par la suite, le sexe féminin).

Variantes et autres expressions : On peut bien sûr "s'en taper" ou "s'en torcher", avec les compléments les plus divers et loufoques (peut-être avez-vous déjà dit ou entendu dire "je m'en tape le cul contre la suspension", ou "je m'en bats les steaks" ?), mais il existe des tas de variantes qui connaissent leur petit succès, des plus (faussement) sages ("s'en beurrer les noisettes" au plus vulgaires ("s'en rouler les balloches".

Impossible également de ne pas citer le fameux "ça m'en touche une sans bouger l'autre", remis au goût du jour il y a quelques années par l'ancien président de la République Jacques Chirac...

*Savez-vous que l'œil est, de longue date, un terme d'argot très courant pour désigner l'anus ?


Laisser pisser le mérinos
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Expression : "Laisse pisser le mérinos !"

Ce qu'elle veut dire : Laisse tomber, laisse faire, laisse dire...

Origine : Le mérinos est une race de mouton espagnol. Quant à savoir pourquoi il s'est retrouvé embarqué dans cette expression, mystère.

Sa laine étant très populaire au XIXe siècle, le mérinos est sans doute venu se greffer, par l'effet comique et l'allitération, à une expression plus ancienne : "laisser pisser la bête". Elle était en usage chez les personnes qui menaient les attelages de bœufs ou de chevaux : elle traduisait la nécessité d'arrêter les attelages pour laisser les bêtes uriner. Même lorsque la course était pressée, il fallait prendre le temps de s'arrêter.

Le ''Robert des expressions et locutions'' voit, dans l'expression "laisser pisser", une simple déformation grivoise de "laisser passer".

Variantes et autres expressions : "Laisser courir", bien sûr. Le chanteur Renaud a popularisé dans les années 70 l'expression en verlan "laisse béton". Aujourd'hui, on aurait plutôt tendance à "rester zen", "rester cool" ou "ne pas se prendre la tête"...


A la mords-moi le noeud !
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Expression : "C'est vraiment un film à la mords-moi le nœud !"

Ce qu'elle veut dire : C'est vraiment un film mauvais, mal fait, nul, qui ne ressemble à rien...

Origine : Cette expression, qui est apparue récemment, au XXe siècle, serait, de manière transparente, une référence à la fellation... Si la petite gâterie se conclut par une morsure, on peut effectivement dire qu'elle n'est pas faite "dans les règles de l'art" et qu'il y a maldonne quelque part !

Certains pensent cependant que l'expression aurait dérivé d'une formule plus ancienne, et encore moins usitée de nos jours : "A la mords-moi le jonc". S'il désigne souvent, comme le nœud, le sexe masculin en argot, à la fin du XIXe siècle le jonc désignait aussi l'or. L'expression faisait alors référence aux fausses pièces en or, de vulgaires pièces de plomb plaquées d'une mince couche d'or : un coup de dent suffisait à faire sauter le placage et à dévoiler la supercherie...

Variantes et autre expressions : L'euphémisme "à la mords-moi le doigt", réservé aux langues les plus chastes, n'est plus guère entendu. De même que des expressions comme "à la va comme je te pousse" ou "à la six-quatre-deux" (l'origine de cette dernière, qui signifie autant "n'importe comment" que "à la va-vite", reste très mystérieuse : le simple fait de présenter les chiffres en ordre décroissant peut traduire le sens de "désordre" et de "n'importe quoi".

En revanche, les "ni fait, ni à faire", ou "ni fait, ni à foutre", sont encore employés, même si elles sont peu à peu supplantées par des expressions modernes, à commencer par le verlan "porte-nawak" (pour "n'importe quoi", qui exprime aussi la surprise).

Se monter le bourrichon
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Expression : "Arrête de te monter le bourrichon !"

Ce qu'elle veut dire : Arrête de te faire des illusions, des idées...

Origine : Le bourrichon est un dérivé de "bourriche", qui désigne un panier (comme la bourriche d'huîtres, par exemple). Et, en argot, c'est l'un des très nombreux nom de récipients utilisés pour dire "la tête" (comme la cafetière, la carafe...).

"Se monter la tête" (peut-être jusqu'à l'avoir "dans les nuages", c'est perdre le contact avec la réalité terre-à-terre, s'imaginer des choses peu ou pas du tout réalistes. L'expression a ses lettres de noblesse, puisqu'on la retrouve notamment sous la plume de Gustave Flaubert...

Variantes et autres expressions : On peut aussi "monter le bourrichon à quelqu'un", auquel cas on lui raconte des histoires dans le but de le tromper, de le "mener en bateau" (pour mieux le perdre en mer, sans doute).

Il faut noter que l'expression "bourrer le mou" à quelqu'un n'a pas tout à fait la même signification : elle signifie plutôt "casser les pieds" ou "casser la tête" à quelqu'un, en lui répétant sans cesse les mêmes choses.


Péter dans la soie
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Expression : "En voilà un(e) qui pète dans la soie"

Ce qu'elle veut dire : Voilà quelqu'un qui vit dans le luxe, qui est riche

Origine : De manière assez claire, l'expression désigne ceux qui ont assez d'argent pour s'offrir des sous-vêtements en soie (tissu précieux par excellence)...

Le contraste entre la "vulgarité du pet et le raffinement de la soie", comme le dit Bernard Pivot dans ''100 expressions à sauver'', donne tout son sel péjoratif à l'expression, de plus en plus employée pour désigner le snobisme de celui qui affiche sa richesse de manière ostentatoire et ridicule.

Variantes et autres expressions : On dit aujourd'hui plus souvent d'une personne qui "pète dans la soie" qu'elle est "pétée de thunes", et d'un snob qu'il "se la pète"...

Mais on qualifie aussi volontiers, aujourd'hui, de "bling-bling" les personnes qui font étalage, sans vergogne, de leurs signes extérieurs de richesse (toute ressemblance avec un président de la République française en exercice n'étant pas une coïncidence...)


Se casser la nénette
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Expression : "Je me suis cassé la nénette pour rien !"

Ce qu'elle veut dire : Je me suis donné du mal, j'ai fait des efforts pour rien...

Origine : Cette expression aurait été popularisée par Louis-Ferdinand Céline, qui se la cassait d'ailleurs souvent, la nénette, pour émailler ses romans d'expressions savoureuses.

La nénette en question n'a rien de grivois : elle désigne la tête, et serait une déformation de "trombinette" ou de "comprenette".

Elle n'a rien à voir, en revanche, avec la "nénette", une brosse à lustrer les automobiles apparue après la Seconde Guerre mondiale.

Variantes et autres expressions : On peut se "décarcasser" (comme Ducros !) ou, de manière plus vulgaire mais également plus explicite, "se casser le cul" ou (plus désuet) "se casser le tronc" à faire quelque chose. Il faut noter aussi que l'expression peut-être utilisée négativement, de manière péjorative, pour dire qu'untel ne "s'est pas cassé la nénette", c'est-à-dire qu'il ne s'est pas "foulé" (il n'a pas risqué une foulure en faisant un effort trop violent)...


Avoir le cul bordé de nouilles
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Expression : Il a le cul bordé de nouilles !

Ce qu'elle veut dire : Il a une chance insolente...

Origine : "Avoir du cul" (tout comme les variantes "avoir du bol" ou "avoir du pot", métaphores argotiques courantes pour le fondement) signifie depuis longtemps avoir de la chance, de la veine...
Mais que viennent faire les nouilles là-dedans ?

L'origine de cette expression, assez récente (elle est devenue en vogue dans la deuxième moitié du XXe siècle), est assez obscure. La plus probable (mais loin d'être avérée) est sans doute à chercher du côté de l'argot des prisons : dans le milieu carcéral, les détenus qui acceptent de se prêter à des relations homosexuelles en tirent des avantages, qui peuvent être assimilés à de la chance...

Si l'on considère que la "nouille" est un terme argotique qui désigne le sexe masculin, l'image, certes peu ragoûtante, fait sens : le détenu qui a le "cul bordé de nouilles" est celui qui a le plus d'avantages.

Variantes et autres expressions : On disait aussi, en Provence, "avoir le cul bordé d'anchois" pour parler des veinards...

Les expressions désignant les chanceux et chanceuses sont légion... et généralement toutes situées au-dessous de la ceinture (on ne s'attardera pas sur les plus connues, quoique très vulgaires, "avoir de la chatte", "avoir de la moule", ou par extension "être moulu(e)".

Difficile de ne pas citer "avoir une veine de cocu" (sans doute directement issue du proverbe "heureux au jeu, malheureux en amour", ou "une veine de pendu" (en l'occurrence, ce n'est pas le pendu qui a de la chance, mais la corde avec laquelle il a été pendu qui serait un porte-bonheur, selon une croyance populaire).


Se faire chanter Ramona
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Expression : "Il va se faire chanter Ramona !"

Ce qu'elle veut dire : Il s'est fait disputer sévèrement

Origine : "Chanter Ramona", expression apparue dans les années 1930 et inspirée de la chanson de Tino Rossi, "Ramona", a d'abord signifier "faire la cour", puis "faire l'amour" à une femme (sans doute par rapprochement avec le verbe argotique "ramoner", l'une des nombreuses métaphores de l'acte sexuel).C'est par antiphrase que "chanter Ramona", puis "se faire chanter Ramona", est devenu synonyme de se faire "engueuler".

Variantes et autres expressions : "Passer un savon" (apparue au XIXe siècle, et dérivée d'une expression plus ancienne : "laver la tête à quelqu'un" a longtemps été une expression consacrée pour "réprimander", nettement moins en vogue aujourd'hui.
"Se faire remonter les bretelles" survit dans le langage courant, même si les bretelles ne sont plus à la mode...

Aujourd'hui, les expressions les plus courantes sont plutôt dérivées de "se prendre une soufflante" et traduisent, par des termes météorologiques, le fait d'affronter la colère de l'autre comme un élément naturel particulièrement violent : "se prendre un vent" ou "se prendre un brin" (sans oublier le plus médical : "se faire souffler dans les bronches".

Comme un pet sur une toile cirée
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Expression : "Elle est partie comme un pet sur une toile cirée"

Ce qu'elle veut dire : Elle est partie très vite, précipitamment...

Origine : Pas besoin de faire un dessin : une toile cirée est une surface particulièrement lisse sur laquelle tout glisse vite... et sans possibilité de s'arrêter !

Dire d'une personne qu'elle est partie, ou qu'elle a filé, "comme un pet sur une toile cirée", c'est exprimer d'une manière très imagée son départ précipité, souvent sans qu'on ait pu la retenir...

Variantes et autres expressions : Il existe de nombreux verbes argotiques pour traduire la précipitation, le départ en catastrophe. On peut "décamper", "décarrer", "décaniller", "calter", autant de variantes un peu vieillies de "se tirer" ou "se barrer".

L'expression "partir comme un voleur" dénonce le départ honteux de quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher.

Quelques autres expressions avec le mot pet :

"S'arrêter au moindre pet de travers" : Abandonner à la moindre difficulté.
"Ca ne vaut pas un pet de lapin" (on disait au XVIIIe siècle : "ça ne vaut pas un pet de coucou" !)
"Tirer des pets d'un âne mort" : Tenter une chose impossible (notamment employée chez Rabelais).


Etre beurré comme un petit Lu
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Expression : "Il est beurré comme un petit Lu !"

Ce qu'elle veut dire : Etre soûl, ivre mort...

Origine : L'expression "être beurré" est sans doute tout simplement une déformation de l'expression "être bourré", pour désigner l'ivresse ("bourré" signifiant, bien sûr, "rempli jusqu'à ras-bord", en l'occurrence d'alcool...).

Mais, dans l'argot des imprimeurs, une page "beurrée" désignait également, au début du XXe siècle, une page surchargée d'encre noire (origine qui expliquerait également une autre expression, passée de mode, pour dire l'ivresse : "être noir" !).

Quant au "petit Lu", tout le monde sait qu'il s'agit de l'autre nom du "petit beurre", le fameux biscuit commercialisé depuis le milieu du XIXe siècle par Lefèvre-Utile (LU). Il était donc inévitable qu'il soit associé à l'adjectif "beurré" !

Variantes et autres expressions : On peut être "beurré", "bourré" ou "soûl" de mille et une façons : "comme un coing" (le fruit, sans doute choisi pour exprimer l'idée de rondeur puisqu'on dit aussi d'une personne ivre qu'elle est "ronde", parfois "ronde comme une queue de pelle"...), comme une vache, comme un cochon, voire comme un Polonais...

Mais les expressions pour dire l'ivresse sont innombrables, et si l'on n'est pas "beurré" on peut être "cuit", "bouilli", "farci" (pour rester en cuisine), mais aussi "pété", "torché"...

Et l'on ne parle ici que du dernier degré de l'ivresse, car avant d'être ivre mort, on peut être "gris", ou plus joliment un peu "pompette"... A la vôtre !


Il y a du monde au balcon
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Expression : "Chez elle, il y a du monde au balcon !"

Ce qu'elle veut dire : Se dit d'une femme qui a une poitrine très avantageuse...

Origine : Dire, en voyant une femme à la poitrine opulente, qu'il y a "du monde au balcon", c'est une manière imagée de dire que le "balcon" (mis pour le balconnet du soutien-gorge, ou bien simplement en référence à la forme d'un balcon qui évoque un décolleté...) est plein.

L'expression est apparue à la fin du XIXe siècle.

Variantes et autres expressions : Plus grivoise, l'expression "il y a du monde au comptoir" laisse entendre que le décolleté de la dame ne se contente pas d'être généreux dans la forme, mais qu'il est très accueillant avec les "clients"...

Une autre expression totalement tombée en désuétude disait d'une femme bien pourvue par la nature qu'elle avait "une belle livraison de bois devant sa porte" !

Une femme au décolleté avantageux peut aujourd'hui encore "avoir de la conversation", "des arguments" ou simplement "du coffre". Les femmes "canons" peuvent souvent être fières de leurs "obus".

Mais, ère de l'automobile aidant, la femme se voit le plus souvent dotée aujourd'hui de sacrés "pare-chocs", "antibrouillards" puis "air-bags". On est bien loin du poétique balcon...

Bouché à l'émeri
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Expression : "Il est vraiment bouché à l'émeri !"

Ce qu'elle veut dire : Il ne veut pas comprendre, il est trop bête, idiot...

Origine : Le terme "bouché" désigne, depuis longtemps, et de manière parfaitement claire, quelqu'un qui ne veut ou ne peut pas comprendre, chez qui l'information ne rentre pas.

La métaphore a été prolongée par "l'émeri" : il s'agit d'une roche avec laquelle on polissait les bouchons de liège, avant de boucher les bouteilles. Un bouchon poli à l'émeri est parfaitement lisse et adhère au goulot de la bouteille sans rien laisser passer...

Variantes et autres expressions : Quelqu'un de "bouché" peut aussi être "épais", "en tenir une couche" (qui peut être "bonne" ou "sacrée", être "bas de plafond"...

Mais il peut aussi être "bête comme ses pieds" (les pieds étant à l'opposé de la tête), "bête à manger du foin" (comme un âne... une expression vieillie, datant du XVIIIe siècle), "bête à pleurer".
Sans parler d'être "con comme la lune" (une autre façon de dire "con comme ses fesses", la lune étant sans doute plus une référence argotique au derrière qu'à l'astre de la nuit dans cette expression apparue au début du XXe siècle) et de toutes ses variantes ("con comme un verre à dents" étant une petite perle venue de chez les Ch'tis !).


A tire-larigot !
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Expression : "Des problèmes, j'en ai à tire-larigot !"

Ce qu'elle veut dire : J'ai beaucoup de problèmes (énormément, trop...)

Origine : L'expression "à tire-larigot" dans le sens de "beaucoup", serait apparue au XVIe siècle, notamment chez Rabelais, pour désigner dans un premier temps le fait de boire excessivement...

Elle associe en effet le verbe "tirer" (pris ici dans le sens de "tirer un liquide" pour le boire, comme "tirer la bière du tonneau" au mot "larigot", qui désignait une petite flûte.

"Boire à tire-larigot" désignait donc le buveur qui passait tout son temps le goulot à la bouche, comme s'il prenait sa bouteille pour une flûte...

Variantes et autres expressions : "A gogo", bien qu'un peu vieilli, reste encore assez courant, ce qui n'est pas le cas de "à foison", ou de "en veux-tu en voilà". De même, la très jolie expression "A bouche que veux-tu" n'est plus guère usitée, même pour s'embrasser...

Depuis quelques années en revanche, l'expression "par pack(s) de douze" et ses variantes sont de plus en plus employées.

A noter : on peut également utiliser "à tire-larigot" pour dire souvent ou sans arrêt ("il la trompe à tire-larigot".

Jouer les sainte Nitouche
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Expression : "Regarde-la jouer les sainte Nitouche !"

Ce qu'elle veut dire : Regarde cette hypocrite, qui joue les innocentes...

Origine : C'est un calembour, bien sûr ! La Sainte-Nitouche, c'est la sainte "qui n'y touche pas"... Popularisée par Rabelais au XVIe siècle, l'expression désigne les femmes qui jouent les prudes en société, mais qui se comportent de manière tout autre... L'utilisation du verbe "jouer" renforce le côté hypocrite et forcé de la chose (mais on peut aussi "prendre des airs de sainte Nitouche".

Variantes et expressions : "Prendre des airs de vierge effarouchée" est une autre expression classique.
Attention : contrairement à ce que l'on pourrait penser, "faire la mijaurée" (ou "faire sa mijaurée" n'a pas tout à fait le même sens. L'expression désigne une jeune femme aux manières très affectées qui frisent le ridicule : une fille qui "fait des chichis".

Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, l'hypocrisie a donné lieu à des tas d'expressions souvent très imagées... La plus célèbre, bien que peu usitée de nos jours, est sans doute "Franc comme un âne qui recule", qui a connu de nombreux avatars au fil du temps, dont "franc comme un banquier" est sans doute aujourd'hui parfaitement dans l'air du temps...


Les doigts dans le nez !
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Expression : "J'ai réussi les doigts dans le nez !"

Ce qu'elle veut dire : J'ai réussi très facilement, presque trop facilement...

Origine : L'expression serait apparue au début du XXe siècle, dans le milieu des courses hippiques. Pour exprimer la facilité avec laquelle un jockey avait remporté une course, on disait qu'il avait gagné "les doigts dans le nez".

Une façon imagée de bien faire sentir qu'il avait tellement surclassé ses adversaires qu'il aurait pu se permettre de lâcher les rênes de son cheval pour se gratter le nez, par exemple : il aurait gagné quand même !

Variantes et autres expressions : "C'est du gâteau !", bien sûr (ou sa version plus vieillie, "c'est du nanan !", tiré d'une onomatopée enfantine pour désigner des friandises, des sucreries). Il est d'ailleurs assez amusant de noter qu'à l'inverse, on dit de quelque chose de difficile que "ce n'est pas de la tarte !"...

Une version plus moderne d'exprimer la facilité est réussir quelque chose "le peigne dans le maillot" (par ellipse, l'expression "avoir le peigne dans le maillot" désignant une personne très décontractée...).

Il faut signaler également que le nez, qu'il désigne le visage, la personne entière ou, métaphoriquement, le sexe, apparaît dans un grand nombre d'expressions très populaires :

Avoir quelqu'un dans le nez (une autre façon de dire qu'on ne peut pas le sentir !)
Tirer les vers du nez (faire avouer quelqu'un) : dont l'origine est très mystérieuse...
Se bouffer le nez (se disputer)
Sortir par les trous de nez (être particulièrement insupportable)
Se laisser mener par le bout du nez...
A vue de nez, la liste est encore très longue !


Soupe au lait
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Expression : "Il est soupe au lait !"

Ce qu'elle signifie : Il est irascible, il se met facilement en colère...

Origine : Tout le monde sait bien qu'il faut surveiller le lait sur le feu, car sous l'effet de la chaleur il monte très vite et déborde rapidement de la casserole...

Image parfaite pour désigner une personne qui s'échauffe très vite et explose de colère à la moindre contrariété.

Variantes et autres expressions : "Avoir la tête près du bonnet" est une autre expression, un peu vieillie (elle date du XVIe siècle !), pour parler d'une personne colérique.

Son origine est très mystérieuse : on peut bien sûr penser au fait que le bonnet est censé tenir chaud à la tête, et que si une personne le porte trop "près", ou trop enfoncé, elle s'échauffera plus facilement...Aujourd'hui, on dit encore d'une personne colérique qu'elle "part au quart de tour !" : référence aux premières automobiles qui ne démarraient qu'après un ou plusieurs tours de manivelle...

Fagoté comme l'as de pique
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Expression : "Il est fagoté comme l'as de pique !"

Ce qu'elle veut dire : Il est mal habillé, débraillé...

Origine : Le verbe "fagoter" vient évidemment des fagots de bois : il désigne le fait d'assembler et de lier des branches et brindilles en fagots. Mal liées, ou mal "fagotées", les branches dépassent dans tous les sens du fagot. De même, les vêtements de la personne "mal fagotée" rebiquent ici ou là, que ce soit le col relevé ou la chemise sortie du pantalon...

Quant à l'as de pique, son association à l'expression fait débat. Selon certains, l'as serait tout simplement la carte la moins bien "habillée" d'un jeu de cartes (notamment par rapport aux "figures", valets, dames et rois). Pour d'autres, la forme de l'as de pique évoque celle du croupion d'une volaille, partie peu présentable s'il en est...

Variantes et autres expressions : On dit aussi simplement "habillé comme l'as de pique", ou "fichu comme l'as de pique".

Au contraire, lorsque sa mise est particulièrement soignée, on est alors "tiré à quatre épingles" (car il faut quatre épingles pour tendre une pièce d'étoffe parfaitement, sans faire de pli) ou "sur son trente-et-un" (à l'origine mystérieuse, d'autant que l'on était "sur son dix-huit" au XVIIIe siècle, et que l'on trouve l'expression "sur son cinquante-et-un" chez Balzac !).

On dit plus rarement "sapé comme un milord", d'autant que l'expression, apparue au XIXe siècle, a une forte connotation péjorative.

Mais d'où est-ce que ça sort ?
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Des dictionnaires des expressions populaires et argotique, il y en a à tire-larigot ! Sans parler des sites Internet...

Voici ceux qui ont été consultés pour l'occasion :


''Le Robert des expressions et locutions'', A. Rey et Sophie Chantreau
''Le bouquet des expressions imagées'', C. Duneton et S. Claval (Seuil)
''100 expressions à sauver'', B. Pivot (Albin Michel)
''On va le dire comme ça, dictionnaire des expressions quotidiennes'', C. Bernet et P. Rézeau (Balland)
Le site Expressio, les expressions françaises décortiquées
Quiz :Testez vos connaissances sur les expressions françaises !


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