Trois ans après "Crying Freeman", Christophe Gans nous offre "Le pacte des loups". D'après la légende de la bête du Gévaudan. Le film mêle différents genres: aventure, fantastique et Kung-fu...
Histoire: Inspiré par des fait réels survenus sous le règne de Louis XV, "Le Pacte des Loups" revisite l'un des rares mythes français: celui de la "Bête du Gévaudan" qui tua plus d'une centaine de personnes avant d'être abattu dans des circonstances mystérieuses.
Le chevalier Grégoire de Fronsac, naturaliste au jardin du Roi, est envoyé en Gévaudan pour dresser le portrait de la bête ... Il est accompagné de Mani, un indien de la tribu des Mohawks - son frère de sang, rencontré pendant la guerre de sept ans, en "Nouvelle-France".
Fronsac et Mani s'installent chez le jeune Marquis Thomas d'Apcher, noble éclairé, fasciné aussi bien par Fronsac que par Mani. Au cours d'une soirée donnée en son honneur, Fronsac tombe amoureux de la belle Marianne, fille du Comte de Morangias et soeur de Jean-François, grandes figures de la noblesse locale.
Les attaques se multiplient. Fronsac doit bientôt se rendre à l'évidence: la bête existe bel et bien, mais ce n'est pas un loup ni aucun animal connu ... On a beau croire ni à Dieu ni à Diable, comment ne pas se poser de questions quand la bête survit aux balles des rares chasseurs qui parviennent à l'approcher, et disparait comme par magie lorsqu'elle est encerclée?
Un instant brouillé avec Marianne, Fronsac se console dans les bras de Sylvia, magnifique mais Inquietante putain de la "maison" Tessier.
Devant l'inefficacité des battues, le Roi envoie en Gévaudan son propre Lieutenant des chasses, Antoine de Beauterne. A peine arrivée, ce dernier abat un loup et prétend avoir tué la bête. Obligé de participer à cette manipulation, Fronsac doit revenir à Paris alors même que Marianne, découvrant sa liaison avec Sylvia, lui signifie qu'elle ne veut plus jamais le revoir...
A Paris, Fronsac comprend que le roi, lassé de cette bête qui met indirectement en cause son autorité, veut qu'on étouffe l'affaire. Officiellement la bête est morte.
Fronsac et Mani, bravant l'interdiction royale, retournent en Gévaudan.
C'est pour Marianne que Fronsac est revenu mais il a promis au jeune Thomas de participer à une dernière chasse. Impressionné par les talents de pisteur de Mani. le jeune Marquis veut que le Mohawk mène la traque.
Fronsac, Mani et Thomas partent en chasse, faisant appel à d'ancestrales techniques chamaniques.Mani parvient à décider les loups de la forêt de les aider ...
Réalisateur: Christophe Gans
Acteurs:
Samuel Le Bihan - Grégoire De Fronsac
Mark Dacascos - Mani
Monica Bellucci - Sylvia
Jérôme Renier - Thomas d'Apcher
Emilie Dequenne - Marianne De Morangias
Vincent Cassel - Jean-François De Morangias
Le Pacte des Loups nous apparaît comme une sorte de thriller d'action Kung-Fu surnaturel en costumes, qui élabore l'hypothèse fantaisiste quoique possible de la Bête de Gévaudan.
N'étant pas grand fan des films traitant de cette époque, je dois avouer que j'ai été agréablement surpris par la mise en scène et par les nombreux éléments apportés par Christophe Gans à ce genre. De l'érotisme, du suspense, de l'action, des bagarres... mais aussi de la photo, une réalisation à couper le souffle, de superbes décors, un scénario qui tient la route.
Pour faire taire la rumeur sur la bête et enrayer le discrédit de la monarchie, Louis XV dépêcha militaires et chasseurs en pays Gévaudan. L'occasion pour Christophe Gans d'introduire son héros : Grégoire de Fronsac, scientifique libertin, envoyé par le Roi pour étudier et embaumer la bête, une fois morte. Samuel Le Bihan incarne superbement cet esprit des Lumières, luttant contre l'obscurantisme et ouvert aux cultures étrangères, représentées par Mani (Mark Dacascos, rôle titre de CRYING FREEMAN, le premier film réalisé par Gans), fidèle compagnon indien ramené de Nouvelle France, un sage expert en art du combat, une sorte de Kung Fu en visite en Lozère.
Jouant d'un casting grandiose, le réalisateur a su mêler sans faute des acteurs nouvelle génération venus du cinéma réaliste (Emilie Dequenne, prix d'interprétation à Cannes pour ROSETTA, Jérémie Rénier connu grâce à LA PROMESSE, deux films réalisés par le frères Dardenne) à des classiques de l'écran hexagonal : Jean Yanne, Bernard Fresson, Philippe Nahon, Jean-François Stévenin, et désormais Vincent Cassel.
Mais ce western en pays Gévaudan, hommage appuyé à ses homologues spaghettis et à l'élégance rare en terre cinématographique française, n'aurait besoin que de deux scènes pour devenir culte. Deux scènes de combat orchestrées par un maître chorégraphe emprunté à John Woo, Philip Kwok. Ces scènes sont bien présentes et ne font l'objet d'aucune critique. Bien sûr très inspirées de la dynamique gestuelle (accentuée par un travail remarquable pour le son et le montage) des films d'actions asiatiques (entre autres ceux de John Woo et Chang Cheh), les scènes de ce type portent la moitié du film par leur efficacité visuelle. La maîtrise graphique de Christophe Gans est indéniable, et les influences de la Bande dessinée et des jeux vidéos sont utilisées avec intelligence.
Le film ne se limite pas à une succéssion de scène d'action et essaie de faire passer des idées. Ces idées, Gans les montre notamment par l'intermédiaire de Mani (Mark Dacascos). Mani, qui est une espèce de guerrier mystique, représente le rapport de l'homme à la nature, de l'homme aux animaux. C'est un personnage poétique, qui a un rapport magique avec l'environnement mais avec les hommes qui l'entourent un rapport finalement assez distant. C'est un personnage qui est directement hérité de la culture manga d'aujourd'hui. la culture quasi-officielle des enfants d'aujourd'hui. Toutes ces choses-là font que Mani va être un personnage très fort pour le jeune public, qui a toujours une sorte de réticence à voir des gens en costumes parler avec un dialogue du 18e. Un personnage comme ça permet de développer des idées intéressantes qui renvoient à des débats d'aujourd'hui.
Le film parle de comment des gens qui ont des idées avancées vont se retrouver confrontés à tous les vieux démons de l'intégrisme, du racisme de la violence réactionnaire. C'est quelque chose qui est toujours d'actualité aujourd'hui plus que jamais malheureusement.
Un casting de rêve, des décors surnaturels à couper le souffle, de nombreuses scénes de combats d'anthologie, des costumes d'époques somptueux... Le Pacte des Loups s'annonce comme un grand événement cinématographique. |