Vie volée Posté par boutterrrflaie le 19/12/2004 00:00:56
Bonjour... J'avais sept ans quand on m'a volé ma virginité. C'était le grand-père d'une petite fille que j'avais rencontrée lors d'un week-end en forêt avec une association. Lorsqu'il a posé ses mains sur mon corps, ces mains qui ont glissé sous mes draps comme des serpents perfides, et qui m'ont mordu au plus profond de mon âme, j'ai senti quelque chose se briser, j'ai senti ma vie s'échapper. Morte de peur, je n'ai même pas eu la force de crier, de me débattre. Je me suis laissée faire en pleurant silencieusement. Comme une poupée de chiffon sur laquelle on s'acharne. Cette épisode de ma vie est resté enfoui au plus profond de moi durant dix ans. J'ai tout fait pour l'oublier, et je pensais avoir réussi. J'avais refoulé ma culpabilité, et continué à vivre comme les autres petites filles.
Mais il y a une année, j'ai rencontré un garçon qui a su gagner ma confiance. Après trois mois, je l'ai laissé me toucher, et je l'ai laissé entrer en moi. A ce moment, mes souvenirs ont ressurgis, intacts, plus douloureux que jamais. Je lui avais parlé de mes problèmes au début de notre relation, et il m'avait dit "fais moi confiance... Avec moi ça sera pas pareil, car je t'aime". Et j'y ai cru. J'avais tellement besoin de tendresse et d'amour... Mais après notre premier rapport, j'ai été totalement bouleversée, et je me suis repliée sur moi-même, la tête et le coeur enfouis dans mes souvenirs. Je ne supportais plus ses caresses, chacun de ses gestes me replongeait dans le passé, et me paraissait suspect. Mais il n'a pas compris. Il s'est impatienté. Et un soir, ses mains aussi se sont transformées en serpents. A nouveau, sachant qu'il pouvait être très violent, je n'ai pas osé me débattre. Il m'a violée, m'a forcée à faire tout ce dont il avait envie.
Peu après, je lui ai juste écrit pour lui dire que c'était fini entre nous. Je n'ai plus eu de nouvelles.
Un peu plus tard, je suis tombée en dépression. J'ai aussi commencer à me mutiler. Mes amis m'ont beaucoup soutenue, mais je partais à la dérive, malgré tous leurs efforts. J'avais l'impression que mon âme était noyée, et que seul mon corps flottait encore vaguement au-dessus de flots. Par dessus tout, je me sentais sale. Je m'était mis en tête que je ne méritais pas d'avoir des amis, que j'étais faite pour la solitude...
Je commence à me remettre de tout cela, à comprendre que je ne suis ni fautive ni sale, mais j'ai du mal. Et puis j'ai un nouveau copain adorable, que j'aime très fort. Mais malgré moi je n'arrive pas à lui faire confiance. La première fois que nous avons fait l'amour, il a été si doux et si attentif que mes souvenirs sont restés tout au fond de moi et n'ont pas ressurgi. Mais j'ai perdu toute confiance en moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur, parce que mes blocages sont loins d'être dépassés. Et quand il me dit je t'aime, je n'arrive pas à le croire, parce que je ne pense pas que cela soit possible de m'aimer. Mais il m a déja apporté beaucoup et j'ai confiance (enfin j'essaie) en notre relation.
A tout ceux qui ont vécu ce cauchemar : oui, on peut apprendre à vivre avec. Non, on n'est pas coupable.
bisous
Re: Vie volée Posté par p*nut le 19/12/2004 16:53:48
Vraiment touchant comme histoire j'espère et je penses ne pas etre le seul à le penser que tu va maintenant croquer la vie à pleine dents. Les *** ne méritent pas que l'on se souviennent d'eux et pourtant ce sont eux qui font notre vie. Que ta vie soit pleine de bonheur.
Re: Vie volée Posté par p*nut le 19/12/2004 20:47:23
justement la vie, ce n'est pas que les expériences amoureuses. Alors, les petites expériences de la vie doivent nous servir à nous rendre plus fort. ( bien que je sois assez mal placé pour dire ca) IL FAUT SOURIRE.
Re: Vie volée Posté par spy le 19/12/2004 21:27:23
et il faudrait faire de l'ordre dans ta tete : la vider aupres d'un therapeute : tu as vecu trop longtemps avec ce secret et ça mine . L'echec de la 1ere relation n' a pas arragé les choses puisqu'il a ravivé les souvenirs .
Ne perds plus ton temps : si tu n' arrrives pas a faire table rase de ton passé , alors trouve-toi un bon psychotherapeute Un bon copain aurait pu faire l'affaire , mais il risque d' etre encore trop jeune et inexpérimenté et ne pourra comprendre que tes difficultés d' aujourd'hui sont liées a un évenement aussi ancien .
Ce sont cce genre de consequence que l'on veut eviter en demandant aux filles violées de denoncer à tout prix l' auteur de l'agression : une condamnation eqivaut pour la fille a une reconnaissance de sa non-culpabilité et constitue un point de depart important a la "reconstruction" de soi-meme . Maintenant il est sans doute trop tard pour faire condamner civilement l' agresseur , mais pas trop tard pour le condamner psychologiquement
J'espere au moins que tu ne le cotoies plus de pres ni de loin .
Si ça t'es pas penible , peux tu expliquer à toi-meme d'abord et evt à nous pourquoi ca n' a pas collé avec ce 2e copain "admirable" ? As-tu fais un petit travail d'introspection pour comprendre ce qui se passe en toi et quand tu es en couple ?
Re: Vie volée Posté par boutterrrflaie le 20/12/2004 10:27:49
pour les psy... j'en ai déja essayé 3: un qui m a traitée de mytho, et les deux autres j'ai eu un très mauvais contact... donc je suis un peu dégoutée.
pour ce qui est de chris (mon ex adorable), je n'ai pas eu droit à une explication super claire: il m'a dit "je t'aime, mais ça suffit pas. je suis pas sûr qu'on soit compatibles"... et puis "il veut pas me faire de mal"
ses amis proches m'ont laissé entendre qu'il m'aime encore, mais que mes problèmes lui font peur, et qu'il en a déja assez de son côté (sa mère a la sclérose en plaques)... mais je n'arrive pas à l'oublier et ça me tue de me dire qu'on est chacun dans notre coin à s'aimer et qu'on est pas ensemble. j'ai essayé de le recontacter, mais j'ai pas eu de réponse... donc voila, je veux pas non plus le harceler..
je sais pas ce qui s'est passé, ce que j'ai fait (ou pas fait) pour qu'il me quitte. je comprend pas. je retourne la question dans tous les sens, mais y a rien à faire.
le premier agresseur a eu droit à un procès, qui s'est terminé en non-lieu, parce que la parole d'une gamine contre celle d'un chef de police, ça vaut pas des masses. Pour l'autre, j'ai rien tenter. je l'ai croisé l'autre jour... j'ai mis la semaine à me remettre, j'ai passé des heures sous la douche pour me laver de son regard...
au fait, merci pour tes conseils!
Re: Vie volée Posté par spy le 21/12/2004 20:16:20
Malheuseusement , je m' aperçois que tu as déja essayé sans succes la psychotherapie . je pense que l' echec de ce coté n'est pas definitif mais qu'il faudrait chercher ailleurs que dans ta commune , là où personne ne connait ni tes agresseurs , ni toi-meme . L'eloignement serait propice a plus de sérénité dans le dialogue .
De toute façon ne désepère pas : on finit toujours par trouver l'âme soeur
Re: Vie volée Posté par tom25-33 le 21/12/2004 23:27:41
butterflaie> ben dis donc, pas facile pour toi ! Bon j'ai deux solutions au choix:
1 - le viol n'est pas si loin, tu peux encore déposer une plainte. Mais garde en tête qu'un procès c'est beaucoup de soucis.
En garde à vue comme tu n'as pas de témoin ni de preuve (je pense), pour qu'il soit reconnu coupable, il faut qu'il avoue. Il peut avouer ou non. Si il tient bon ce sera encore plus dur pour toi je pense car tu auras le sentiment d'une grande injustice. Si ça marche par contre, tu auras le sentiment d'avoir été reconnue et vengée par la justice.
2 - Tu fais tout pour oublier tout ça, tu fais une croix dessus mais pour de bon. Tu tournes la page, en essayant de comprendre que les pulsions humaines sont parfois inévitables et aveugles, mais "normales" dans le sens ou à leurs places tu aurais fait la même chose. Que ce n'est pas à cause de toi que ça c'est passé, mais parce que tu étais une proie belle et facile. ça n'excuse en rien leurs comportements mais ça te permettra d'oublier.
Dans les deux cas il faut absolument que tu acceptes le refoulement de ce qui c'est passé pour que tu puisses prendre plaisir à faire l'amour un jour.
Pour le choix, je ne peux pas le faire à ta place.
J'espère que je t'ai aidé. :s
Re: Vie volée Posté par boutterrrflaie le 22/12/2004 09:04:59
tom25-33 > je ne me sens pas capable de me lancer dans un procès. C'est très égoïste, si je pense à celles qui risquent de passer après moi... mais je peux pas.après l'échec du premier procès, je me sens incapable de recommencer qqch. et je le connais, il n'avouera jamais.au contraire.
je m'efforce d'oublier... mon ex, même si c'est maintenant fni, a réussi à donner un sens à "faire l'amour". j'ai compris que c'était qqch de beau, heureusement.
merci pour tes conseils....
Re: Vie volée Posté par sallyann le 22/12/2004 11:19:24
ce que j'ai vécu n'est en aucun cas comparable à ton histoire, j'ai été harcelée et abusée sexuellement pendant plus d'un mois par mon frère lorsque j'avais 12 ans (et lui 17). Comme toi, j'ai voulu oublier, cacher mes souvenirs sous une tonne d'autres choses, ne pas y penser. Mais ça ne marche pas, ce n'est pas comme ça qu'on guéri.
C'est très dur de guérir quand on a vécu quelque chose comme ça, car on passe du statut de femme à celui d'objet sexuel. Mais oublier n'arrange rien. Ca fait les souvenirs se recroqueviller, pendant un moment, mais ils sont toujours là quelque part, cachés dans un coin de notre mémoire. Et lorsqu'ils reviennent, ce n'est que plus douloureux. Oublier n'est pas une bonne solution, car impossible a réaliser totalement. Il faut accepter.
C'est très dur à faire. Oublier c'est la solution de facilité, on cache tout quelque part et on n'y pense plus. Accepter, c'est y penser chaque jour, c'est affronter le souvenir, affronter les images qui nous reviennent en mémoire, c'est le regarder en face et lui dire "tu ne m'auras pas". Accepter c'est accepter le fait qu'on a été manipulé, c'est réussir à se convaincre qu'on n'est pas coupable, qu'on n'est pas sale. C'est se dire "Oui, j'ai été violée, oui, j'ai souffert, mais il est temps de se dire que c'est du passé, et ça fait partie de ma vie, c'est ancré dans ma personnalité, mais ça doit me rendre plus forte, plutôt que de me détruire."
C'est extrèmement dur de faire cette démarche. Regarder l'évènement en face c'est y penser chaque jour, revoir les images de ce jour, ressentir les sensations du moment. Il faut se battre. Quand j'ai commencé à le faire, j'étais dans un état pitoyable, et ça se voyait. Je me mettais a pleurer tout d'un coup sans raison apparente, peu importe l'endroit où j'étais, et je ne pouvais m'arrêter. J'avais écris en détails ce qu'il s'était passé, avec vraiment TOUS les détails, chaque bruit, chaque sentiment, chaque regard, chaque sensation, chaque mouvement... et je me forçai à le lire quand je rentrais chez moi. Oui, j'en pleurais, oui, c'était très dur, oui, j'ai eu du mal. Mais a force de regarder la chose en face, ça m'a fait la banaliser, en quelque sorte. ça m'a rendu plus forte. ça m'a permi d'y penser plus tard, en me rendant compte que j'en souffrai beaucoup moins. ça m'a permi de me rendre compte, un jour, que je n'y pensais plus, depuis deux mois, que je l'avais oublié. Ca m'a permi d'en parler. Et en parler, c'est un grand pas vers la guérison, qu'apparemment tu as su déjà franchir.
J'ai mis un an pour en parler après que ce se soit passé. Une année terrible, où je m'empêchai d'avoir l'air triste parce que les autres voudraient savoir pourquoi, ou parce qu'ils me trouveraient bête de l'être sans raison. En parler une première fois m'a aidé, car la personne m'a vraiment comprise. Et j'ai su que ça avais un nom. J'ai su qu'ils y avaient d'autres personnes dans mon cas, et des personnes qui pouvaient me comprendre. Je n'étais plus seule.
Puis j'ai pu le dire a plus de gens. Et j'ai eu le malheur de le dire à mes copines de classe. Elles m'ont accusée de mentir. Elles pensaient que j'avais tout inventé pour qu'on me plaigne et qu'on se rapproche de moi. Qui aurais-je été pour faire ça? Comment pouvaient-elles croire ça? Mais je n'avais pas le courage de me défendre. Je leur ai dit que j'avais menti, pour les raisons qu'elles croyaient. Je tremblais en leur disant.
Cela m'a fait replonger, bien profond. Car ça redevenait de ma faute. Il faut savoir à qui se confier... Et un jour, je me suis confiée à la bonne personne, 4 ans après, qui m'a dit qu'au lieu d'oublier je devrais accepter. Il m'a toujours soutenu et je lui doit beaucoup.
Voila, j'ai écris beaucoup de chose, et notamment raconté ma vie au passage, mais j'espère que celles qui liront ton article, et mon commentaire arriveront à s'en sortir, car c'est très difficile. Je ne sais pas si ce que j'ai écris peu te servir a quelque chose, car peut-être as-tu déjà essayé et peut-être réussi ces étapes. Mais si ça peut aider les gens à comprendre, ou à guérir...
voila bizou a ts et a ttes
la guérison est possible
Re: Vie volée Posté par didie26 le 22/12/2004 23:30:34
SallyannMoi je trouve sa bien ke tu donne des conseil au personnes a ki c arriver sa va p-t meme surment les aider . ta du courage et jte félicite !! be bye -JeSS bisou ..
Re: Vie volée Posté par the_space_angel le 23/12/2004 15:12:29
Salut,
Je peux tenter de te comprendre mais je peux surtout te soutenir, enfin, soutenir toutes les personnes qui ont eu à subir ces abus immoraux et dégoûtants. Je suis (je pense) en droit de me demander commet un homme peu penser avoir suffisamment de pouvoir pour traiter les femmes de cette façon, comme si elles n'étaient que pour lui de simples poupées qui accepteraient sans rien dire.
Sache en tous cas que je te soutiens, toi et toutes les autres filles qui ont eu à subir ces abus ! COURAGE !
Re: Vie volée Posté par tom25-33 le 16/01/2005 18:38:50
Tiens boutterrrflaie, je pensais à toi car j'ai lu un article sur féminin psycho sur l'extraordinaire efficacité de l'EMDR dans le traitement des stress post-traumatiques. C'est une voie que tu devrais expérimenter car très efficace. Il doit y avoir des scéances proches de chez toi certainement.
J'espère que tout va bien pour toi, bisous.