Les aventures de Tintin : L'Affaire Tournesol Posté par lorna le 02/05/2005 00:00:55
"Après l'expédition lunaire, Hergé change totalement de registre avec une aventure européenne de style "roman d'espionnage" sur un scénario réglé comme une belle mécanique d'horlogerie suisse. Sur fond de compétition scientifique et de guerre froide, jusqu'à franchir le rideau de fer pour exfiltrer Tournesol. La Bordurie du Sceptre d'Ottokar est devenue une dictature de type soviétique, décrite sans concession mais avec l'humour coutumier d'Hergé." (Présentation Casterman)
Ce fac-similé reproduit l'édition originale de 1956, avec son dos toilé, son papier épais, ses couleurs particulières. L'Affaire Tournesol avait été prépubliée en Belgique dans Tintin belge à partir du 22 décembre 1954 et en France dans Tintin français à partir du 3 février 1955. Ce quatorzième album des Aventures de Tintin met Tryphon Tournesol, apparu pour la première fois dans Le Trésor de Rackham le Rouge, au cœur d'un conflit entre Syldavie et Bordurie. Ces deux pays rivaux avaient déjà été mentionnés dans Le Sceptre d'Ottokar, dans lequel Hergé abordait la prise de pouvoir nazie en Europe de l'Est. Lors de la création de L'Affaire Tournesol le problème d'actualité est alors les relations Est-Ouest. Bordurie et Syldavie vont prendre une signification nouvelle. Le chef de la Bordurie, un certain Plekszy-Gladz, dont les attitudes et la grosse moustache rappellent assez la stature de Staline. A travers cet album, Hergé nous offre à nouveau un reflet de son époque.
Avec cet album, Hergé fait preuve de tout son talent. Le scénario combine humour et faits graves. Dès les premières planches, Hergé nous entraîne dans un tourbillon explosif, avant de nouer une intrigue digne d'un bon roman d'espionnage si typique dans le contexte de la Guerre Froide. Le rythme du scénario est haletant et fait intervenir une multitude de personnages hauts en couleurs qui donnent tout son piquant à cette histoire. Du point de vue graphique, la maîtrise de l'auteur est aussi parfaite. Dès la couverture, Hergé fait preuve de tout son art. En effet, celle-ci concentre toute l'histoire. La vitre brisée au premier plan annonce le fracas auquel va assister le lecteur au début de l'album, et représente l'invention terrible imaginée par Tournesol et qui va exciter la convoitise des Bordures. Par la diagonale qui caractérise le deuxième plan, Hergé imprime une dynamique à cette image, dynamique qui symbolise la course-poursuite qui s'engage tout au long de l'histoire. Alors que l'histoire tourne autour de Tournesol, il n'apparaît pourtant qu'au début et à la fin de l'album. De même qu'il apparaît évanoui sur la couverture, il est donc totalement inactif au cours de cette trépidante histoire. L'Affaire Tournesol ou un chef-d'œuvre du neuvième art à redécouvrir en version originale.
Série : Les Aventures de Tintin
Titre : L'Affaire Tournesol (fac-similé
Auteur : Hergé
Editeur : Casterman
Re: Les aventures de Tintin : L'Affaire Tournesol Posté par norbert vincent le 04/05/2005 02:38:51
Hergé ne peut être qualifié "d'auteur raciste", même s'il ne se démarquait pas des idéologies dominantes ( ex. le colonialisme, l'anti-communisme ... )
. Le texte de lorna fait l'impasse sur l'identité des Syldaves, après avoir identifié la Bordurie comme l' URSS ( ou l'Allemagne de l' Est ), mais leur comportement tout aussi anthipathique signifie qu'il n'y avait pas de "bons" dans cette affaire : Hergé ne se faisait pas d'illusion sur "son" camp et préféra terminer l'aventure par la destruction irréversible de l'arme !.... C'était une vision "subversive" mais prophétique pour conclure la "guerre froise", une guerre que personne ne pouvait gagner.