Rouge bonbon Posté par lorna le 06/11/2008 00:10:01
"Dix-huit saynètes, dix-huit femmes qui prennent le temps de faire une pause dans leur vie quotidienne et qui regardent : Leurs amis avec une pointe d'envie, leurs amours passées avec nostalgie, ou encore leurs envies de se foutre en l'air, comme si c'était juste un passage à vide, et enfin la vie en général, toujours droit dans les yeux. Mais tout en sachant se raconter des histoires : Qui sait ce que l'avenir lui réserve ? Il faut bien se sentir vivre ! Parce qu'au final la meilleure façon de vivre sa vie, c'est d'en être l'héroïne, et que l'important est que l'histoire continue à tout prix, quitte à se faire violence, tourner la page quand on a le cœur brisé... Et revenir feuilleter avec tendresse l'album de sa propre vie. Kiriko Nananan, l'intimiste, a saisi ces dix-huit instants pour nous montrer comment des filles banales se tricotent leurs histoires personnelles avec leur sensibilité d'individu qui n'ont pour elles que leur désir d'aller de l'avant." (Présentation Casterman)
Cela fait déjà dix ans que Kiriko Nananan s'est fait connaître en France avec la sortie de son premier chef-d'œuvre Blue. Et pourtant elle ne cesse de nous étonner. Son nouvel opus Rouge bonbon est encore un petite perle de sensibilité. Elle y raconte des histoires très féminines, des moments intimes de femme qui nous dévoilent leurs pensées fugaces. En entrant dans leur jardin secret, Nananan révèle ce qu'elles n'osent pas forcément dire au grand jour du fait de la bienséance, du poids des préjugés encore bien présents dans notre société "moderne". Certaines femmes pourront d'ailleurs se reconnaître dans tel ou tel personnage de Rouge bonbon plus véritable que nature. Kiriko Nananan nous touche par sa justesse et la simplicité de ses histoires. Elle évoque les moments plus difficiles, tel que l'envie de se suicider, avec finesse par la suggestion, sans tomber dans un pathos pénible. A chaque nouvel album Kiriko Nananan se révèle être l'auteur de "l'intériorité féminine".
Dans Rouge bonbon, le dessin de Kiriko Nananan reste toujours aussi fin, jusqu'à l'épure. Il fait preuve de toute son élégance quand il s'agit de peindre les personnages féminins, notamment leur visage. Nananan montre aussi toute son originalité au niveau de la mise en page et du découpage. On sent que pour elle dessin et texte ne font qu'un, qu'ils sont tous les deux des éléments de la composition d'ensemble. La place du texte sur la page est autant pensée que celui du dessin. La dessinatrice joue aussi sur le noir et blanc, qui contrastent singulièrement avec le rouge de la couverture et des premières pages.
Bref, Rouge bonbon s'avère un livre singulier à feuilleter, à picorer à l'envie...