Attention si vous partez en vacances, cela peut s'avérer très dangereux...
"Ici, tout n'est que luxe, calme et volupté : les femmes sont belles et riches, les vacances apparemment idylliques... Mais de Bangkok à Capri, du Kenya à Venise, quelle que soit la destination, la mort est presque toujours au rendez-vous. Accident de chasse, intrigues, vengeance, jalousie ou machination... L'un des protagonistes est fatalement sacrifié. Une suite de récits courts et acidulés où Vittorio Giardino, avec son inimitable maestria, joue des nerfs de ses lecteurs en virtuose. Et à la marge, presque toujours, une pointe de délectable perversité – autrement dit un vrai délice." (Présentation Casterman)
Initialement publié en 1997, l'album Vacances fatales est réédité ce mois-ci dans la collection "Un Monde" de Casterman, rejoignant ainsi une autre oeuvre de Giardino Voyages de rêve. Comme ce dernier, Vacances fatales rassemble un ensemble de récits courts. Ceux-ci ne sont donc pas unifiés par des contraintes formelles : leur longueur par exemple varient de trois à dix pages ou davantage parfois. Cependant, une unité se crée par le dessin inimitable de Giardino. On retrouve constamment la même luminosité des décors et des couleurs. Et finalement, les histoires de Vacances fatales forment un tout cohérent, par des motifs récurrents, des échos et l'art de la pointe pour terminer rapidement la narration tout en introduisant un élément de surprise. La cruauté et le cynisme planent aussi sur tout le recueil. Dans chaque récit, la destination de rêve se révèle être la fin du chemin pour l'un des personnages. Le ton est à la fois sarcastique et inquiétant...
Giardino est préoccupé par la fluidité du découpage et l'effet de réalité du récit, par sa puissance vraisemblante. Son découpage révèle une maîtrise de la spatialité, qui est bien celle d'un metteur en scène. Il adopte un graphisme soigné, privilégiant la lisibilité, empruntant quelques-uns de ses traits aux conventions de la ligne claire, sans pourtant être prisonnier d'un code rigide. Son dessin limpide, tout en précision en élégance et en délicatesse est un vrai plaisir pour les yeux. Ce qui caractérise le style réaliste pratiqué par Giardino, c'est avant tout une attention extrême aux détails. Le tempérament des personnages s'incarne dans leurs vêtements, dans leurs manies visibles, dans leur langage... Chaque Elément dans l'image est, bien plus que décoratif, éminemment signifiant.
Les œuvres de Giardino accordent une attention particulière aux lieux (vous serez dépayser à la lecture de cet album) mais aussi aux femmes. Chaque femme induit une histoire originale qui voit ses ramifications s'étendre bien au-delà du moment, grâce à l'intime relation qu'elle entretient avec un lieu. Souvent mystérieuses, les femmes de Giardino sont trop belles pour être tout à fait honnêtes. Elles attirent le regard, aiguisent la curiosité. Jusqu'au bout, le mystère de ces femmes nous attire... |