C'était une pièce glaciale. Tous les murs étaient blancs, cependant, point d'une couleur aussi éclatante et lumineuse qu'on aurait pu le croire. Au contraire, l'absence de meubles et de fioritures donnaient à cette pièce une atmosphère lugubre. Dans un coin de cette chambre macabre se tenait, accroupis, une enfant de sept ans. Ses vêtements déchirés étaient d'une saleté épouvantable. Malgré tout, cette petite était vraiment jolie, d'une beauté angélique. Son regard, si mature pour une enfant de cet âge, était chargé d'une tristesse palpable, comme si elle portait toute la misère de ce monde sur son dos.
Soudainement, la fillette regarda vers la porte et une ombre assombrit son regard. Quelques secondes plus tard, un homme entra. Il était imposant, très grand. Il avait de petits yeux foncés et mystérieux. Ses cheveux noirs comme l'ébène lui conféraient un air autoritaire. L'homme regarda la pièce, en fit le tour. On pouvait remarquer que la petite ne savait plus quoi faire. Lorsque ce que je pensais être son père était entré, elle s'était subitement relevée. Puis, comme si elle pensait avoir fait quelque chose de mal, elle s'était rassie, dans une attitude d'attente, complètement immobile.
L'homme la regarda enfin. Une lumière s'était allumée dans son regard. Tout en lui transparaissait son amour pour la gamine. D'une grosse voix grave, il l'appela. Elle se mit debout et sans rien dire, rejoignit son père.
Sans savoir pourquoi, je devenais empathique vis-à-vis de cette petite fille. Je l'admirais tout en ayant pitié d'elle. Je sentais sans le comprendre une force et une détermination implacable. Je percevais l'amour et la tendresse que la gamine éprouvait pour cet homme qui lui avait donné la vie. Toutefois, je comprenais aussi qu'elle était triste. Tout en elle posait une question. En même temps que ce sentiment d'empathie, je me percevais télépathe. Une question, une unique interrogation venait a moi. Est-ce comme cela partout ? La fillette marcha jusqu'à son père. Sa maigreur se dessinait sous les misérables vêtements qu'elle portait. L'home robuste releva le visage de sa fille, et l'embrassa tendrement. Il la prit alors dans ses bras et il la serra fort contre lui. Malgré tout l'amour que la gamine aux cheveux d'or ressentait pour cet homme qui était tout pour elle, elle ne put se résoudre a ne pas être immobile. Alors, sans que je sache pourquoi, le décor autour de la fillette se transforma, comme si, en clignant des yeux, j'avais eu le pouvoir, un bref instant, de découvrir une autre réalité. La chambre, au lieu d'être blanche et de ressembler a une prison, devenait d'un coup, éclatante de couleur, de jouets et de meubles somptueux. On aurait dit une chambre de princesse. De plus, les vêtements de la petite fille n'étaient plus rebutants, au contraire ! Ils étaient tout simplement richissime, d'une beauté a couper le souffle. Cependant, une chose n'avait pas changé dans ce décor époustouflant. Même avec de beaux vêtements et une chambre dont rêve toute enfant normale, le regard de la gamine restait inchangé. On remarquait toujours cette tristesse et cette maturité qui ne siée pas à une enfant de sept ans.
Je clignais alors des yeux et la pièce redevint telle que je l'avais vu au premier abord. L'homme re-déposa alors la petite par terre et il commença à lui parler. Toutefois, ce n'était plus la voix grave et autoritaire d'avant, elle était maintenant douce et tendre. Je ne comprenais pas tout ce qu'il disait, seulement l'essentiel. L'homme lui parlait d'amour, de gentillesse. Une phrase revenait souvent : "Il faut faire plaisir, être gentils avec ceux qu'on aime !". L'enfant acquiesçait à tout ce qu'il lui disait, un sourire sans joie accroché à son beau visage. Elle tourna alors la tête et son regard maintenant si terne croisa le mien. Elle ferma finalement les yeux, et tout autour de moi disparût. |