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Harcelement pervers
Posté par spy le 23/12/2015 18:32:19
HARCELEMENT PERVERS

Choc post-traumatique et harcèlement moral
L'effraction psychique sans infraction


L'injustice qui sévit le plus sournoisement dans nos sociétés est sans contre dit le harcèlement moral que les psychiatres
s'entendent tous pour qualifier de phénomène inouï.



Comment distinguer les cibles de cette violence?

On s'imagine bien toute l'importance de distinguer les vrais des fausses victimes de harcèlement moral.

L'un des auteurs, en 2007, qui a développé cette question :
Jean-Paul Guedj distingue les victimes « techniques » (vraies)
des victimes « dramatiques » simulant, inventant la réalité
de la souffrance.

Selon lui, les vraies victimes, par manque de confiance en elles (fragilité psychologique) ne savent tout simplement pas dire non.

C'est en évitant tout conflit qu'elles deviennent victimes d'abus de pouvoir par une hiérarchie arbitraire.

Il dit : « On les exploite,
on les manipule, on les réifie (chosifie).
Elles se retrouvent ainsi rapidement dans des spirales de situations odieuses qui les font souffrir et qui les conduisent […] à des états dépressifs. »


L'objectif du harceleur est d'amener les autres à détruire la cible!

Pour que cette relation vampirique s'établissant entre un pervers
et sa « cible »


- Le pervers doit très bien connaitre la victime, l'étudier,la tester, pour trouver ses failles;

- Il doit la séduire pour développer une emprise sur elle, pour créer une relation;

- Il doit amener un climat de sécurité qui permet à la victime de se laisser "avoir";

- Il doit manipuler les autorités dont dépend la victime,ses proches et sa famille;

- Il doit divulguer des ragots qui lui portent préjudice,afin de créer une emprise;

- Créer des situations pour la faire tomber, jouer sur sa confiance et ses repères;

- Ex : Accusation de viol, assaillant sa vie privée, de consommation, de maladie;

- Le but est d'isoler la cible en créant une coalition qui vise à l'attaquer, partout;

- Cette chasse à l'homme n'aura de fin que lorsque la cible sera brisée ou morte;

- Le harcèlement moral est très différent d'une agression, il est subtile et caché;

- Il n'y a pas de conflit dans le harcèlement : personne ne peut rien comprendre;

- Le harcèlement moral assomme les victimes tel un vrai choc post-traumatique.

Les spécialistes disent que : le bon sens, la bonne volonté et le bon coeur ne suffisent pas devant cette pathologie nouvelle et énigmatique.


Le psychiatre Yves Prigent qui a récemment écrit le livre :
« Face au harcèlement moral » ajoute que l'information journalistique est insuffisante.


Il affirme que l'étiologie du harcèlement moral n'est généralement pas repérée puisqu'il s'agit presque toujours d'un phénomène sournois, caché.

Il prétend que l'état de choc post-traumatique que l'on rencontre chez presque toutes les victimes de harcèlement moral est caractéristique de ces violences.

« Les conséquences du harcèlement moral sur la victime ne sont pas de l'ordre du chagrin, de la colère, de la peine, de la contrariété, de la fatigue, de la dépression comme il en est en cas de travail pénible, de pressions, voire d'agressions caractérisées. »

Il affirme que :
Le harcèlement moral est un traumatisme au même titre que :
– D'autres formes de torture : en particulier les tortures morales opérées dans certains régimes totalitaires sous le nom de « lavage de cerveau ».

Ces procédés ne tendent pas à détruire physiquement une victime, mais à lui faire perdre la confiance dans ses croyances, ses capacités, ses certitudes.

– Des situations graves et imprévisibles comme les prises d'otages, les attentats, les détournements d'avions.

Ces situations ont en commun qu'elles se produisent de façon imprévisible et qu'elles entrainent une véritable effraction psychique

Selon le Dr Prigent, les symptômes des états post-traumatiques,
surtout connus depuis l'abondance des victimes du terrorisme, et se rencontrent dans les vrais cas de harcèlement moral.

Installant les victimes dans un état permanent de perplexité et d'hésitation; de rumination et obsessions sur la situation
traumatisante.
=Il y a perturbation de la pensée :
le sujet ne parvenant pas, malgré ses efforts, à chasser de son esprit cette situation, comme si elle devait se reproduire immédiatement.
=Cela évolue vers des troubles du contact :
la victime ne cherchant plus à entrer en relation avec quiconque.
« Elle se maintient enfermée, parfois elle ne quitte plus sa maison,
ni même sa chambre, ni même son lit… »
La guérison est toujours très longue et peut se faire vers des « modifications durables de la personnalité, des dépressions chroniques résistantes, ou même des organisations de type paranoïaque. »

Dans ces « cas de choc post-traumatique », en absence de maladie mentale, lorsque qu'il n'y a pas eu d'infraction, doit faire penser au harcèlement moral.

Grande distinction entre « agression » et harcèlement moral

Dans l'agression, comme l'indique l'étymologie, l'agresseur fait une démarche à savoir qu'il « s'avance » (ad-gressere) de manière visible et clairement hostile. On voit généralement d'emblée où « il veut en venir ».
Ce qui fait contraste avec le harcèlement moral pervers qui s'organise de manière subtile et longtemps inapparente.

Dr Prigent confirme à ce sujet que :

La violence est sourde, muette et aveugle […] peu visible et perceptible, même pour la victime elle-même, pour l'entourage immédiat […] Le pervers n'entend pas le langage de la raison ou du coeur; il ne voit pas la réalité de son interlocuteur.
L'acte pervers ne tend pas à nuire utilement mais à détruire absolument. Le pervers est donc un prédateur.

Quelques caractéristiques du comportement pervers :

Comme son étymologie l'indique, le pervers (per-vertere) retourne complètement les situations.
Le plus souvent il transforme le bien carrément en mal (un peu à l'image des forces démoniaques qui visent à pervertir une jeune vierge).
Il manipule en ce sens qu'il utilise les gens comme de véritables objets qu'il déplace avec la main. On parle de l'instrumentalisation des personnes.
Ses communications sont obscures, ambigües, contradictoires dans le but d'assurer son emprise sur sa cible d'où elle est incapable de se dégager pour agir selon ses propres désirs.

On parle que les victimes se trouvent « KO debout » en ce sens qu'elle ne comprenne aucunement ce qui leur arrive.

Le pervers ne s'attaque pas à ce que fait sa victime, mais à ce qu'elle est.
Par ce fait il y a toujours atteinte à sa personne par dépouillement de son honneur et de sa dignité.
Aussi le pervers agit toujours de manière imprévisible, ce qui empêche la victime d'élaborer un mode de défense, de se faire une idée, de savoir « sur quel pied danser. »
Le pervers se plaint à l'entourage de sa victime, à ses supérieurs, afin de l'isoler selon la technique habituelle du prédateur :
« le loup qui isole un mouton du troupeau ». Son but étant de détruire la cible.

Il est important de faire reconnaitre ce phénomène sociétal. Nombreux sont ceux qui n'ont jamais entendu parler de ce type d'attentat.
Il est impératif de faire comprendre le rôle de la société dans le harcèlement moral, qui est, rappelons-le, une pathologie sociale.

Pour lutter contre cette manière totalitaire d'agir à l'égard de nos propres citoyens, il faut s'impliquer véritablement afin de protéger, guérir et réparer les victimes.




Du 3 au 6 juin prochain se tiendra à l'UQÀM la 6ième Conférence internationale sur le harcèlement moral.
Ariane Bilheran, accompagnera un panel des plus grands spécialistes au monde lors de cette rencontre. Les plus récentes recherches sur cette complexe question y seront dévoilées.

On y parlera d'ostracisme chez les jeunes et par Internet, du harcèlement qui pousse au suicide, de harcèlement moral au travail, de mobbing, de bullying. La date limite pour proposer une allocution vient de prendre fin. Docteure Marie-France Hirigoyen (l'instigatrice de la doctrine du harcèlement moral) a déjà confirmé sa présence.

Il s'agit d'une lutte que nous devons mener, avec force, inlassablement, au nom des droits les plus fondamentaux de l'espèce humaine : Le droit à la sécurité, le droit à la dignité et le droit à la vie.


Bibliographie :

BILHERAN Ariane, « Le harcèlement moral » Paris, Armand Colin, 2006.

GUEGJ Jean-Paul, « La perversité à l'oeuvre : Le harcèlement moral dans l'entreprise et le couple » Paris, Larousse 2007

HIRIGOYEN Marie-France, « Le harcèlement professionnel » Paris, Pocket, 2003.

PRIGENT Yves, « Face au harcèlement moral » Paris, Desclée de Brouwer, 2007.

Modifié le 23/12/2015 18:43:02

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