Messages | Nouvelle branche de discussion | Répondre | Rechercher | | Histoire rapide du clitoris Posté par spy le 19/08/2018 15:44:57 | Clitoris : comment l’organe du plaisir féminin a été effacé des livres d’anatomie
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D’abord perçu comme indispensable à la procréation, le clitoris a ensuite été désavoué, jusqu’à tomber dans l’oubli.
Ce n’est que récemment que cet organe est revenu sur le devant de la scène.
Histoire d’un parcours mouvementé.
Tout le monde connaît le clitoris et sait correctement le situer. Mais qui sait à quoi il ressemble vraiment?
À la rentrée 2017, seul un manuel de biologie sur huit destinés aux classes de quatrième faisait figurer la structure profonde de cet organe féminin.
Les autres se contentant de le représenter de façon incomplète, ou évitant même de le mentionner.
Mais le clitoris ne se limite pas à son gland, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il est aussi composé de deux racines, qui entourent l’entrée du vagin.
Après avoir été découverte au milieu du 16e siècle, son anatomie a ensuite été tantôt oubliée, tantôt censurée.
Renaissance: Âge d’or de l’anatomie... et du clitoris
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Au sortir du Moyen Âge, on ne connaît pas bien le clitoris. À cette époque, on pense que lorsqu’une femme a un orgasme, elle émet un liquide similaire au sperme.
De là est née l’idée que plus les femmes avaient du plaisir, plus les chances de grossesse étaient importantes.
Tout ce qui permet le plaisir féminin est donc vivement encouragé, y compris la stimulation du clitoris.
La Renaissance vient ensuite changer la conception anatomique de l’organe, grâce à l’émergence de la dissection en anatomie.
Dans les années 1550, un médecin et chirurgien italien, Matteo Realdo Colombo revendique la première description du clitoris.
Il habilite aussi l’organe comme «siège du plaisir de la femme», fait mention de l’érection clitoridienne et montre les similitudes entre clitoris et pénis.
«Si vous le touchez, vous le verrez devenir un peu plus dur et oblong au point qu’on dirait alors un genre de membre viril», ............décrit-il dans son manuel De re anatomica, relève l’historienne de la sexologie Sylvie Chaperon.
Gabriel Fallope, qui lui conteste la paternité de la découverte, baptisera l’organe «kleitoris» en 1561.
Du 18e au 19e siècle: la lente descente aux Enfers du clitoris
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«Le clitoris est trône de la volupté et des plaisirs de la femme»
L’idée que le clitoris est le «trône de la volupté et des plaisirs de la femme»,
comme le surnomme le médecin sexologue Nicolas Venette, s’impose durablement.
Cependant, la science progresse, et l’idée qu’il est nécessaire à la procréation recule…
Premier signe de ce désamour: la guerre contre la masturbation, masculine d’abord, féminine ensuite.
Au XVIIIè siècle, on parle d’«onanisme»,
....... terme qui vient d’un personnage biblique nommé Onan, coupable de masturbation selon l’Eglise.
Samuel Tissot, médecin suisse, fait de la masturbation féminine la responsable de nombreux maux: elle rendrait sourde, épileptique ou encore hystérique.
Par la suite, la découverte du processus de la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde sonnera définitivement le glas pour le clitoris: il est décrété inutile pour la procréation et perd donc tout intérêt.
Freud: ennemi numéro 1 du clitoris
Le clitoris devient alors la cible de toutes les attaques, tandis que des médecins souhaitent réhabiliter le vagin comme source première de plaisir. L’un d’eux y parviendra avec brio: Sigmund Freud. Selon ce médecin autrichien, père de la psychanalyse, l’orgasme clitoridien est celui de la fillette.
Pour lui, la femme est jalouse du pénis de l’homme, car son organe à elle, son clitoris, est bien plus petit que le membre masculin.
La petite fille «remarque le grand pénis bien visible d’un frère ou d’un camarade de jeu, le reconnaît tout de suite comme la réplique supérieure de son propre petit organe caché et, dès lors, est victime de l’envie du pénis», décrit Freud dans Introduction à la psychanalyse (1922).
«Humiliée», «dégoûtée», la petite fille doit abandonner son clitoris pour se tourner vers son vagin et par là, «vers de nouvelles voies qui conduisent au développement de la féminité».
Le clitoris et l’orgasme clitoridien deviennent tabou, car signes de dysfonction sexuelle.
Être incapable d’orgasme vaginal est même considéré comme une maladie.
Une sacrée prouesse que Freud réussit là, quand on sait que seule une femme sur 5 parvient à un orgasme lors d’une pénétration vaginale sans stimulation clitoridienne, selon une étude menée en 2017 par Debby Herbenick, chercheuse au Center for Sexual Health Promotion, à l’Université de l’Indiana (Etats-Unis)…
Il parvient donc à faire croire que la majorité des femmes ne sont pas normales !!!!!!
La chape de plomb est posée. Le clitoris disparaît peu à peu des livres d’anatomie.
La fin de l’omerta?
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C’est d’ailleurs en consultant un livre d’anatomie à la fin des années 1980 qu’Helen O’Connell, une urologue australienne, se rend compte que quelque chose cloche.
«On n’y trouvait pas la moindre description du clitoris en lui-même alors qu’il comportait tout un chapitre sur le mécanisme de l’érection»,
confie-t-elle dans le documentaire Le Clitoris, ce cher inconnu, diffusé sur Arte en 2004.
En 1998, elle décide alors de disséquer plusieurs cadavres de femmes et redécouvre l’anatomie complète du clitoris.
L’occasion de rappeler qu’il ne se réduit pas au fameux «bouton» qui siège au sommet de l’entrée du vagin, mais qu’il comporte quatre branches dont les deux principales peuvent mesurer jusqu’à 10 centimètres!
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