Il existe mille et une façons de parler de sexe... Classiques ou délirantes, osées ou poétiques, flatteuses ou moqueuses, mais toujours savoureuses : voici les perles de l'argot du sexe !
1. Le sexe masculin
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Comme l'a si bien chanté Pierre Perret dans son célèbre ''Zizi'', nous allons "planter le décor de l'appareil masculin d'abord"... mais nous allons nous consacrer au "petit chose" en laissant pour l'instant de côté les "deux orphelines".
Les mots ne manquent pas pour désigner le pénis, ou la verge (sachez que le terme "phallus" est exclusivement réservé au pénis en érection) : outre les surnoms affectueux dont la gent masculine affuble son membre viril ("Popaul", ou le "petit frère"...), n'importe quel outil ou instrument peut faire l'affaire (bâton, gourdin, barre - c'est d'ailleurs l'origine du vieux terme "vit" -, voire manivelle...),
sans parler des fruits et légumes pour peu qu'ils soient allongés (banane, poireau, asperge...).
Du côté des animaux, difficile d'échapper aux serpents, anguilles et autres (voire, pour les plus tristes, asticots).
Parmi les vocables familiers les plus courants, difficile de passer sous silence le "dard" ou le "braquemard" (du nom d'une épée courte et large...).
Voici quelques expressions imagées inspirées de ce répertoire :- le concombre galant ; l'asperge d'édredon - l'andouille à col roulé- le bâton de chair ; le bâton à un bout ; le bâton qui rend fou - la flûte de pan-pan ; la flûte à un trou - la béquille, la manivelle du sapeur, le marteau à boules, la seringue à perruque...
Les cocardiers préfèreront sans doute parler de leur "coq hardi", les poètes de "l'herbe qui croît dans la main", les littéraires du "bonheur des dames", les philosophes du "roseau bandant"...
2. Les testicules
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Impossible d'évoquer le sexe masculin sans évoquer les testicules (mot dérivé du latin "testis" : "ce qui atteste"... de la virilité, bien sûr !).
Les "bourses" (le nom scientifique est "scrotum", forment avec le pénis ce qu'on appelle familièrement le "service trois-pièces" !
L'expression "bijoux de famille" est passée dans le langage courant pour désigner les testicules, de même que les "bonbons", les "noix", les "noisettes" ou les "olives" (et autres variantes).
De même, il existe tout une série de noms et d'épithètes pour les désigner : les "valseuses", les "joyeuses", les "captives", les "jumelles", les "galopines"...
Et connaissez-vous les expressions suivantes ? - les voisines du dessous - les boulettes de Vénus - les pralines du samedi soir - les jeunes filles au père - les deux flacons du Père éternel - l'Alsace et la Lorraine (que l'on peut décliner avec tout ce qui va par paire...)
Le savez-vous ? Le sperme produit par les testicules a lui aussi droit à de nombreuses expressions. On l'appelle ainsi "huile de reins", "sirop de corps d'homme" ou "eau-de-vit"...
3. Le sexe féminin
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Tout comme le sexe masculin, le sexe féminin (qui comprend, anatomiquement parlant, la vulve, soit les lèvres et le clitoris, et le vagin) a lui aussi son lot de surnoms et "petits noms" plus ou moins passés dans le langage familier courant (comme "foufoune" et ses dérivés, par exemple).
Tout comme chez les hommes, la littérature et le langage parlé ont fait grande consommation de noms d'animaux (la "chatte", bien sûr, et ses variantes "minou", "minette", etc., mais aussi le hérisson ou la marmotte) ou de fruits (figue, abricot, prune...).
De manière plus générale, la nature tout entière est source d'inspiration pour décrire le sexe féminin : on parle du "nénuphar", du "buisson", du "bocage", du "vallon", voire du "mont fendu"...
Mais savez-vous que l'on désigne aussi le sexe féminin par ces expressions :
- la parenthèse d'amour - le rez-de-chaussée - le bénitier - la tabatière - le petit creux à se faire du bien - le riant bocage - le terrier rose - le buisson pointu
Certaines expressions (notamment d'inspiration orientale) font la part belle au mystère qui entoure cet "obscur objet du désir" : la "lampe merveilleuse", la "porte secrète"... D'autres sont plus pragmatiques ("l'étui à clarinette", ou à n'importe quel instrument, "le fourreau de chair".
Certaines expressions font appel au sens religieux ("la terre promise", ou militaire ("le corridor des braves".
Le savez-vous ? Le "con" (terme auquel Brassens avait consacré une chanson, un peu tombé en désuétude aujourd'hui) aurait pour origine le terme latin "cuna", le berceau...
4. Le clitoris
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Seul organe humain entièrement dédié à la volupté et au plaisir, le clitoris a bien droit à un traitement de faveur : on le nomme communément, et pour des raisons anatomiques évidentes, le "bouton d'amour" ou le "bouton du plaisir", mais aussi la "friandise" ou le "berlingot" (deux termes qui peuvent aussi qualifier le pénis, d'ailleurs).
Il est aussi désigné comme le "bijou d'amour" (ou le "rubis du plaisir", voire, pour les cinéphiles, le "diamant sur canapé".
Les Orientaux le dénomment le "grain de riz".
Dans une veine plus bucolique, il est également appelé "la fraise dans la mousse".
On peut aussi aller chercher l'inspiration dans la littérature et la poésie et voir, par exemple, dans le clitoris le "dormeur du val" (qui ne demande bien sûr, contrairement à celui du poème de Rimbaud, qu'à être réveillé...).
5. L'érection
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Que serait le sexe masculin sans érection ? Pour pouvoir "accomplir son devoir", l'homme doit pouvoir compter sur son "petit soldat au garde à vous", en un mot comme en cent il doit "bander".
On peut dire bien des choses d'un homme "en condition" : il peut notamment avoir la "gaule", la "trique" ou le "gourdin" (les termes les plus courants, mais n'importe quel outil ou instrument long et raide convient, bien évidemment).Il peut aussi avoir "l'épée sortie du fourreau", avoir "dressé le chapiteau" ou avoir "midi à sa pendule", pour reprendre des expressions familières.
En voici d'autres, moins courantes :- avoir le flageolet à la portière - avoir dressé les couleurs - avoir la flèche hors du carquois - avoir un tigre dans le moteur - avoir le rouleau ou le verre de lampe - avoir de l'uranium dans le greffier
6. La masturbation masculine
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Le premier plaisir sexuel est le plaisir solitaire, autrement dit la masturbation. Chez les messieurs, elle est également appelée "onanisme", allusion au péché d'Onan (dans l'Ancien Testament, Onan, contraint d'épouser la femme de son défunt frère, a refusé de la féconder, préférant répandre sa semence à terre...).
Les mouvements de va-et-vient qui caractérisent cette pratique ont inspiré tout un lexique familier basé sur la notion de "branler", "secouer", "taper" (le fameux "se taper la colonne", "lustrer", "astiquer" ou "polir" (le non moins fameux "polir le chinois", à l'origine obscure).
Classiques entre les classiques, les expressions "faire un 5 contre un" et la "Veuve poignet" font bien sûr allusion au rôle prépondérant de la main dans l'opération.
Mais l'imagination en ce domaine est sans borne, comme le montre ce court aperçu d'expressions toutes plus imagées les unes que les autres :- se faire les cuivres - dérouiller le petit frère - faire pleurer le cyclope - abreuver le courtaud - dégourdir l'unijambiste - jouer à "crache ou je t'étrangle"- faire mousser le créateur (qui désigne également la fellation)- se cerner les yeux (en cas de pratique abusive)
A noter également cette expression assez admirable, rapportée par Jean-Claude Carrière dans ''Les mots et la chose'' : "serrer la main au père de ses enfants"
7. La masturbation féminine
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Les femmes aussi ont droit au plaisir solitaire, bien sûr !
Et la masturbation féminine a elle aussi son petit lexique d'expressions où l'idée de caresse et l'usage des doigts (plutôt que de la main comme chez l'homme), ont une part prépondérante.
Ainsi, on peut dire d'une femme qu'elle se "bricole" ou se "caresse le velours", qu'elle "taquine son bouton" ou "se gratte la fourche". Elle peut aussi, comme les hommes, "polir", "lustrer" ou "faire reluire" son bijou...
Les musiciennes peuvent "jouer de la mandoline" ou "faire glisser l'archet entre les cordes".
Petit florilège d'expression féminines :- lustrer le bijou avec l'eau du bénitier - faire fondre la dragée - faire pleurer la madeleine - faire sourire le lutin - lire le braille - défriser la chicorée
8. Faire l'amour
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Les expressions familières et argotiques pour désigner l'acte sexuel en lui-même sont pratiquement innombrables : on peut faire des variations à l'infini en combinant des verbes plus ou moins évocateurs (mettre, monter, tremper, prendre...) et des termes et épithètes variés : "mettre le petit Jésus dans la crèche" ou "mener le petit au cirque", tout comme "tremper son biscuit" (ou sa biscotte) sont à cet égard de grands classiques, tout comme la fameuse "partie de jambes en l'air".
Certaines expressions vont droit au but ou presque ("aller aux cuisses", d'autres prennent de longs détours (comme le très poétique "aller voir la feuille à l'envers", qui suggère des ébats bucoliques à l'ombre des arbres).
Certaines expressions sont très imagées (comme le célèbre "faire la bête à deux dos", que l'on doit à Rabelais), d'autres plus mystérieuses ("mettre Villejuif dans Pontoise"...).
Petit florilège non exhaustif :- Jouer à cricon-criquette ; jouer à la renverse ; jouer à "monte-là-dessus"- Faire une partie de traversin - Faire la danse à plat (ou "la danse du loup"- Faire des pirouettes sur le nombril - Mettre son pain au four (ou le saucisson dans la brioche...)- Piquer l'ail dans le gigot - S'en faire donner dans les baguettes (qui désignent les jambes en argot)
9. Les seins
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Voici une autre source quasi inépuisable d'inspiration coquine : les seins.
Saviez-vous que les "roberts", dénomination familière passée dans le langage courant, avaient pour origine le biberon inventé par l'ingénieur français Eugène Robert au XIXe siècle ?
L'inspiration est la même en ce qui concerne les "lolos" (allusion au lait maternel, bien sûr : autrefois, on appelait même les seins les "gougouttes", rapporte Jean-Claude Carrière dans ''Les mots et la chose'', alors que les "nichons" et leurs dérivés argotiques ("nénés" et autres "nibards", issus du verbe "nicher", évoquent aussi la figure maternelle.
Aujourd'hui, et de manière très imagée, les seins sont devenus les "pare-chocs", les "airbags", voire les "antibrouillards", bien loin des allusions poétiques d'autrefois aux "collines de l'amour" ou aux "jumeaux frémissants".
Une femme dotée d'une belle paire de seins a des "arguments", "de la conversation".
On dit aussi qu'elle a "du monde au balcon" (voire, plus rarement, "une belle livraison de bois devant sa porte".
Elle peut aussi, dans un tout autre registre, avoir de vrais "obus" ou "être gaulée comme un tank" !
10. Les fesses
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Impossible de parler de sexe sans évoquer les fesses, le postérieur, le fondement, le derrière, autrement dit : le cul, souvent considéré comme la partie la moins noble de l'individu.
Ce qui lui vaut un florilège de surnoms et de dénominations de plus ou moins bon goût : le "derche" (déformation argotique de "derrière" ou le "pétard" (à l'origine évidente), le "valseur" ou encore le "baigneur". Moins courant, c'est aussi le "tambour" ou le "pincé".
Pourtant, il a eu droit à de nombreuses expressions plus raffinées, à commencer par la "lune", bien sûr (les fesses étant deux demi-lunes) même si cette lune a toujours une face cachée (d'ailleurs on appelle aussi le postérieur la "face d'ombre".
Autrefois, c'était "l'ami des fauteuils et le confident des coussins".On ne le dit plus aujourd'hui, mais un joli postérieur féminin s'appelait un "suivez-moi jeune homme", note Jean-Claude Carrière dans ''Les mots et la chose'' !
Les fesses sont familièrement appelées "miches" (image évocatrice des miches de pain blanc, d'ailleurs le derrière s'appelle aussi parfois le "pain fendu" !), "meules" ou "doudounes".
Quant à l'anus, on l'appelle "l'oeil de bronze" ou "l'oeil qui ne voit pas", la "pastille" ou le "ronfleur". On l'évoquait autrefois par la périphrase poétique : "le souterrain de la rue sans lune".L'Eglise catholique y voyait (y voit encore ?) le "vase maudit" ou le "chenal de Satan" !
11. La sodomie
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C'est aujourd'hui encore l'une des pratiques sexuelles les plus taboues, notamment en raison des interdits religieux : la sodomie doit ce nom à "Sodome", ville qui, selon l'Ancien Testament, a subi avec Gomorrhe les foudres de Dieu : les habitants ont été changés en statue de sel en raison de leurs moeurs dissolues.
La sodomie était sévèrement punie par l'Eglise, et ses adeptes devaient rester discrets : d'où l'abondance d'expressions détournées pour aborder la chose.
Pour la pratiquer, il faut "passer par la porte de derrière", "s'adresser à l'annexe" ou "prendre l'entrée des artistes"...
Les "sodomites" fréquentent "l'abbaye du Verso" (où ils peuvent "mettre un cierge au reposoir", ils prennent " l'itinéraire bis ", ils " visitent le département du bas-rein ", " chevauchent à l'antique " ou " poussent la botte florentine " (les habitants de Florence avaient, à raison ou à tort, la réputation d'être homosexuels).
Selon une expression particulièrement évocatrice, se faire sodomiser c'est "se faire écarquiller"...
Le savez-vous ? Attention lorsque vous dites de quelqu'un "c'est une perle" ! L'expression ne désigne pas seulement une personne de valeur, mais une adepte de la sodomie car, pour faire un collier, une perle s'enfile dans les deux sens... !!!!
12. Fellation et cunnilingus
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Le "sexe oral" a lui aussi ses "belles lettres" (à défaut de lettres de noblesse) : que ce soit la fellation ou le cunnilingus (deux termes latins qui décrivent précisément ce qu'ils désignent), les expressions familières abondent dans le langage et la littérature !
En ce qui concerne la fellation (aussi appelée "plume" ou "gâterie", l'expression "faire (ou tailler) une pipe" a supplanté dans le langage familier son équivalent "faire un pompier" (qui a son origine dans l'action de "pomper", pas dans le soldat du feu).
On appelait aussi familièrement la fellation la "sucette des pauvres", et la pratiquer revient à "jouer du trombone" (ou n'importe quel instrument à vent...), de préférence "à perruque ou à moustache"...
Voici quelques expressions qui s'y rapportent :- faire un baiser au grand chauve - jouer de la flûte de pan-pan - faire mousser le créateur - scalper le mohican
Concernant le cunnilingus, outre tous les verbes et termes dérivés décrivant l'action de "sucer" ou "lécher", l'un des plus vieux termes d'argot pour le désigner est "gamahucher", pratiquement disparu aujourd'hui.
On parle aussi de "mettre la tête à l'étau", ou de "prendre l'hostie à la chapelle" ou de "goûter à la corne d'abondance".On disait aussi de celui ou celle qui pratique le cunnilingus qu'il ou elle "prend sa demi-tasse au café des deux colonnes"...
13. L'homosexualité masculine
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Les "folles", les "tantes" (dont sont dérivés les "tapettes" et autres "tarlouzes" sont quelques-uns des sobriquets féminins dont les homosexuels ont couramment été affublés au fil des ans.
Les "pédés" (diminutif de "pédérastes", mot d'origine grecque signifiant littéralement "amant de garçon" étaient des "invertis", on les disait "de la jaquette flottante" (la jaquette étant une veste dont les pans s'écartent en bas du dos...) ou "de la banane maudite" !
Les homosexuels sont aussi les "amis de l'envers", ou encore les "chevaliers de la rosette", distinction tout sauf honorifique...
On l'a un peu oublié, mais dans le langage populaire, un "bougre" désigne un homosexuel actif (par opposition au "bardache" passif).
Celui qui alterne les positions "tisonne les deux hémisphères" ou, pour reprendre un autre expression très imagée, "donne par la baguette ce qu'il reçoit par le tambour"...
Quant aux hommes qui aiment goûter aux plaisirs des deux sexes, ils sont bien sûr "à voile et à vapeur", mais on dit d'eux également qu'ils sont "de bique et de bouc" ou qu'ils "communient sous les deux espèces".
Le savez-vous ? L'expression "être pédé comme un phoque" n'a rien à voir avec le mammifère marin. Elle devrait en fait s'écrire "être pédé comme un foc", le foc étant, sur les navires, une voile qui prend le vent par l'arrière...........
14. L'homosexualité féminine
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Les lesbiennes tirent leur nom de l'île grecque de Lesbos, où résidait dans l'Antiquité la poétesse Sappho qui exprimait dans ses vers son amour pour les femmes.
De là également l'appellation "amour sapphique" pour désigner l'homosexualité féminine.
Familièrement, ce sont des "soeurs", voire, plus littérairement, des "Claudines" (en référence à l'héroïne de Colette).
Le terme "gouine" pourrait être une déformation de "goule" ou du terme d'argot anglais "queen".Les "gousses" peuvent faire référence au verbe "gousser" ("manger" en argot) ou aux "marchandes d'ail", qui désignait les lesbiennes au XVIIIe siècle.
Tout aussi familièrement, on dit qu'elles sont "de la pelouse" ou "du gazon", par référence évidente à leur sexe.
De manière non moins évidente, leurs moeurs leur ont également valu le surnom de "colleuses de timbres"...
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