Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
Pamphlet contre les modèles et les mannequins |
La beauté devient un but de plus en plus difficile à atteindre. Les modèles qu'on nous impose à contrecoeur ou même à notre insu sont les photo-modèles. Et elles finissent par nous diriger la vie... |
La beauté devient avec chaque jour qui passe un but de plus en plus difficile à atteindre. Les modèles qu'on nous impose à contrecoeur ou même à notre insu sont les photo-modèles. Il parraît que personne ne met en question leur beauté, ni leur droit à nous diriger la vie.
Je veux te faire remarquer une chose, que tu as peut-être constaté déjà : les modèles sont des produits en série. Comme de véritables bouteilles de Coca-Cola, elles doivent avoir des dimensions standard (la célèbre proportion 90-60-90) hors desquelles on les fiche à la porte des ateliers des coûturiers comme on fait avec les marchandises de rebut; en fait, on aborde leur corps question marchandise, et selon le principe qu'on apprécie davantage les bizarreries et les trucs rares, on leur impose des dimensions exagérées et complètement dépourvues de naturalesse, autrefois considérées comme caricaturales et drôles : je te rappelle le personnage Olive des dessins animés avec Popeye, la fille vachement maigre, qui fait plutôt rigoler que soupirer d'amour. Il est bien naturel que les modèles soient des des produits en série, puisqu'elles remplacent des poupées : aussi les appelle-t-on des mannequins. Leur déstination ne diffère pas de celle d'un cintre ; elles sont un instrument qui aide les potentiels clients à mieux se rendre compte de la qualité et de la forme du produit vestimentaire. A la difference des mannequins en plastique, les mannequins vivants ont l'avantage de pouvoir étaler au public les habits en mouvement. Mais une inversion de rôles s'est produite dans l'industrie de la mode : les mannequins, dont la fonction initialle était d'illustrer les diverses conformations physiques des gens, sont devenues inflexibles aux demandes du corps humain réel. Par contre, ce sont les acheteurs, c'est-à-dire nous, qui s'efforcent à s'adapter aux dimensions des cintres. Les vêtements ne sont plus créés à partir des dimensions du client ; le client est censé soit d'avoir les mêmes dimensions standard que le modèle, soit d'être en train de les acquérir, à l'aide des diètes, du sport, des soutien-gorges magiques, voire des interventions chirurgicales esthétiques. Quant à la taille, ce sont les talons très hauts qui corrigent le défaut de ne pas ressembler à une giraffe, parce qu'on sait bien qu'une femme qui ne mesure pas au moins 1, 80 m n'est pas une vraie femme. Malgré ce que Marylin Monroe mesurait environ 1, 60 m, Kylie Minogue mesure 1, 56 m et Madonna elle non plus ne dépasse absolument pas 170 cm. Jamais un créateur de mode (un coûturier aux véléités d'artiste) ne les choisirait pour étaler ses créations (fringues). Heureusement elles ont eu d'autres talents qui ont suppléé au manque des centimètres requis. [Je m'attarde encore un peu sur la questionde la taille mignone ; je m'addresse au clan des filles petites, dont je fais fièrement partie, pour souligner le côté positif de notre particularité : on a le choix le plus divers, puisque les mecs ne complexent pas dans la compagnie des filles plus petites qu'eux, mais au contraire, ils ne sont point à l'aise en sortant avec une giraffe qui les dépasse en hauteur. Quant aux mecs de taille grande, on se sent plus protégées et on aime se sentir dominées de temps en temps, n'est-ce pas, les filles ?) ]. Il y a encore une chose que j'entends critiquer chez les modèles. C'est le prestige social dont elles jouissent. On ne les peut pas comparer aux comédiennes ou aux chanteuses qui, au-delà de leur aspect physique recèlent du talent et du travail. Du matin au soir, les modèles ne s'occuppent qu'à s'embellir ; et les mass-médias prétendent qu'une femme qui travaille et qui a des tâches plus importantes à accomplir que de se maquiller pendant une heure devant le miroir, soit toujours pareille à une figurante d'une pub. Je ne soutiens pas qu'un femme doit laisser de côté son physique ; c'est reconfortant de se soigner et de s'offrir des petits plaisirs, mais n'allons pas jusqu'à déprimer si la nature ne nous a pas donné les lèvres épaisses qui sont maintenant en vogue ! Tout doit tendre au bon sens, disait sagement notre ami Boileau. On ne peut guère feuilleter une revue sans tomber sur une nouvelle technique de maigrir 7 kilos en deux semaines, sur des pubs qui glorifient les vertus hypocaloriques d'un yaourt dégraissé (et d'après toute apparence très fade) , sur un interview où on demande avidement au star de réveler son secret pour maintenir sa silhouette fine (la réponse invariable du star étant qu'elle mange tout ce qu'elle veut, qu'elle ne peut jamais s'empêcher de savourer un bon bâton de chocolat etc... les beaux mensonges... ). A côté de ces articles l'auteur ajoute des photos des mannequins qui nous édifient sur ce que "mince" veut dire et qui nous font complexer. Les médecins nutritionnistes ont conclusionné que le poids idéal pour la santé varie et se calcule de la manière suivante : on soustrait 10 jusqu-à 15 de la taille et on obtient le maximum et le minimum du poids d'un femme saine (par exemple, si une fille mésure 1, 75, son poids maximum doit être 75-10 = 65 kilos et le minimum 75-15 =60 kilos). Pas mal des mannequins deviennent anoréxiques, puisque dans l'industrie de la mode on se moque de ces conseils des spécialistes. Ce qui compte est le spectacle éblouissant, et quoi de plus frappant que les squelettes ambulants imposés comme le nouveau genre de beauté ? Sans raillerie, l'anoréxie et la boulimie sont parfois des maladies mortelles. En présent il y a une tendance paradoxale dans les mass-médias : d'un côté c'est le slogan "Aie de la confiance en toi, ne sois pas timide ou complexée" ; de l'autre côté ce sont les articles qui montrent ce qu'on doit être et on n'est pas. Réaliser un spectacle de présentation vestimentaire avec des mannequins de tailles et dimensions et âges différentes - voici un véritable défi pour les créateurs de mode. La dextérité d'un coûturier consiste à rendre gracieuse toute silhouette ; même au cas où le coûturier se veut un artiste et non pas un artisan, il pourrait suivre l'exemple des peintres qui choisissent à chaque tableau une toile de dimensions differentes... La qualité de l'oeuvre d'art ne reside point dans ses dimensions. |
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