Underworld

La guerre fait rage entre les vampires et les loups garous. Aujourd'hui, alors que les Lycans semblent être largement affaiblis, un complot se trame, qui pourrait attiser la haine que se vout les deux clans... Et quand Selene, vampire tueuse de Lycans, tombe amoureuse d'un humain, les Lycans décident de profiter de cette faiblesse pour prendre le dessus...

Underworld est un film à "petit" budget, dont la réputation n'a cessé de croître grâce à un buzz très efficace organisé autour de sa sortie : renouveau du film gothique, ambiance sombre, mélange de film classique et très moderne, tout a été dit avant sa sortie... Jusqu'à ce que les premières critiques tombent et détruisent littéralement le film (Studio en tête ! Mad Movies s'emballe, mais le fait qu'il sponsorise le film peut laisser douter de son objectivité). Finalement, le film n'est pas le "choc" attendu, mais se laisse voir avec plaisir, et ouvre la porte à des développements ultérieurs très intéressants.

La qualité principale du film est évidemment de relancer le film néogothique... Les costumes sont magnifiques, particulièrement ceux des vampires : le mélange classique/moderne, tissus précieux et matériaux modernes (cuir et latex !) est très réussi. De même, les décors sont impressionnants, s'inspirant à la fois des films gothiques (le chateau des vampires) et des films plus récents (la station de métro, le repaire des Lycans : sous-terrains en béton bien abimés). Bref, le film remet au goût du jour les ambiances gothiques en les adaptant à notre époque.

L'atmosphère du film est donc bien noire, avec une esthétique très réussie qui devrait satisfaire les amateurs du genre. Le look des personnages est très réussie, avec les deux clans bien différenciés : les Vampires sont très classes, très "sexes" (Kate Beckinsale, l'actrice principale, est un attentat à la pudeur personnifié!!), légèrement décadents et morbides. Les Lycans au contraire, sont violents et crades. Cette opposition "physique" se retrouve dans les repaires de ces deux clans (chateau pour les vampires, souterrains glauques pour les Lycans), dans leurs comportements et leurs manières de combattre. Bref, le film propose une relecture intelligente et trippante pour les amateurs des mythes des monstres.

L'hsitoire également est très intéressante : s'inspirant de différents éléments de la mythologie des vampires et des loups-garous, "Underworld" propose une déclinaison inédite de ces influences, sur le thème d'un "Roméo et Juliette" au pays des monstres ! L'histoire est suffisamment complexe pour captiver, mais claire pour ne pas perdre le spectateur en route. A l'instar de Matrix (dans une moindre mesure quand même!), le film laisse entrevoir des pistes intéressantes de développements, mais ne cherche pas à tout expliquer : une séquelle et une préquelle étant en préparation, on sent que les producteurs et scénaristes ont avec ce film un point de départ riche pour des de nombreux développements.

Un réel point fort du scénario est également l'absence de manichéisme : si le spectateur suit l'histoire depuis le clan des vampires, on se rend compte au fur et à mesure, qu'il n'y a ni méchant, ni gentil, et que tout peut donc arriver au cours du film !

Les acteurs s'en tirent bien, Kate Beckinsale en tête (quel chemin depuis "shooting fish", elle est devenue très méchante !!). Les effets spéciaux sont impresionnants également, et devraient filer la nausée aux spectateurs les plus sensibles (mais qu'est ce que c'est bon !!).

Cependant, le film souffre de grosses faiblesses qui empêchent "Underworld" de devenir une nouvelle référence dans le genre : le réalisateur, Len Wiseman (spécialiste des effets spéciaux qui signe ici sa première réalisation), semble avoir des tonnes de références cinématographiques sans savoir se les approprier. Contrairement à Alex Proyas (The Crow, Dark City) ou Benicio Del Toro (Blade 2) qui apportaient une réelle note personnelle à leurs oeuvres, Len Wiseman se dépatouille maladroitement avec ses références : les scènes d'action par exemple sentent le Matrix à plein nez, mais sans y apporter une touche inédite. Il sombre donc dans les facilités du genre : musique rock bourrine à fond (aïe, on se sent limite retombé dans "la reine des damnés"!), ralentis à gogo, gunfights dans tous les sens... La scène d'intro est à ce titre très révélatrice : on se croit dans Matrix 1, mais sans la classe des frêres Waschowski (engager un chorégraphe aurait été une bonne idée !! Parce que là, ça part dans tous les sens, tout le monde meurt, on comprend rien et on s'en tape... difficile d'accrocher dès le départ! )

De même, il se laisse un peu submerger par une histoire riche et zappe des scènes importantes : le baiser échangé entre Selene la vampire, et Michael l'humain semble tomber comme un cheveu sur la soupe et ne touche absolument pas, alors que la scène aurait pu être un sommet de romantisme morbide. Bref, si certaines scènes fonctionnent bien, c'est uniquement grâce à l'ambiance propre au film... Dès que quelque chose d'important se passe, on sent que le film manque de personnalité, et le spectateur ne se sent pas franchement impliqué dans le film.

Bref, "Underworld" est un film aux qualités certaines mais sous-exploitées. Les amateurs de genre en seront certainement frustrés. Quant aux autres, ils risquent soit d'apprécier le film comme un simple divertissement ou, pire, de voir "Underworld" comme un pompage sans âme des films gothiques. Dommage, ce film est peut-être le début d'une série qui peut se révéler très intéressante, si les scénaristes parviennent à exploiter les idées de cette histoire, si les producteurs acceptent de lâcher plus de thunes, et si le réalisateur arrive à s'approprier un univers déja largement exploité avant lui... J'ai hésité entre 3 et 4 étoiles, avant de pencher pour 4 parce que si le film est décevant, il n'en reste pas moins très sympathique (et en espérant que la suite sera mieux !)