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Baudelaire et ses Fleurs du Mal |
Je vous invite à découvrir le fameux poète à travers une petite biographie. Suit une présentation personnelle du plus célèbre (et controversé) de ses recueils : Les Fleurs du Mal. |
Une petite biographie toute simple Charles Baudelaire voit le jour à Paris, en 1821. Son père meurt alors qu'il a six ans, et sa mère se remarie en 1828 au commandant Aupick, qui plus tard deviendra général. Il représente tout ce que Baudelaire rejette, une image de la France aristocratique et de son armée butée et conformiste, et le courant passera de moins en moins entre eux deux. Naissent alors ce sens de la solitude et ce sentiment de révolte qui lui sont propres. En 1841, il effectue un voyage de plusieurs mois à l'île Maurice, et c'est ce voyage qui inspirera des poèmes tels que L'Albatros. En 1847, il découvre Edgar Allan Poe et est fasciné par son oeuvre ; il voit en lui un peu comme un frère, et dès l'année suivante il devient son traducteur, et c'est à lui que nous devons la traduction française des Histoires extraordinaires puis des Nouvelles histoires extraordinaires, qu'il fait publier en 1857. En juin 1857 Charles Baudelaire fait paraître sa première version des Fleurs du Mal, qui n'a pas le bonheur de plaire à tous. En effet, en août il comparaît devant le tribunal, lui et son éditeur sont accusés "d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs", et six poèmes sont interdits de parution : Lesbos, Femmes damnées, Le Léthé, A celle qui est trop gaie, Les Bijoux, et Les Métamorphoses du vampire. En 1861, la seconde version des Fleurs du Mal compte 34 poèmes supplémentaires. En 1860, Baudelaire publie Les Paradis Artificiels. Sept ans plus tard, il meurt après avoir souffert de troubles cérébraux et il est enterré au cimetière Montparnasse. En 1868, paraît à titre posthume Le Spleen de Paris. Mon introduction aux Fleurs du Mal Il y a bien longtemps que ce recueil trône sur ce que je suis bien en peine d'appeler ma "bibliothèque". Il est mon unique souvenir matériel d'un grand-père que je n'ai pas réellement connu, et c'est toujours avec une certaine émotion que j'en ouvre, délicatement, les pages jaunies. Car mon grand-père, m'a-t-on dit, le détenait lui-même de son père, et le livre est presque centenaire. La tranche est rugueuse et effritée, la couverture ne tient plus que par miracle, et il dégage une certaine odeur qui n'est pas pour déplaire. Il m'inspire un certain respect, et l'usure de ce livre ne fait que renforcer l'esprit sombre qui l'habite. Entamons notre lecture. Elle commence par une dédicace à Théophile Gautier, à qui Baudelaire dédie "ces fleurs maladives". Maladives, pour l'être, elles le sont ! Chacun des poèmes du recueil est une de ces fleurs qu'il annonce ; certaines sont flétries et pourrissantes, les autres sont d'une mortelle beauté et véhiculent le poison. Le tout forme un bouquet fascinant et repoussant à la fois. Les sentiments les plus sombres, les plus graves, sont exprimés ; mais parce qu'ils resplendissent par leur obscurité, et que parfois nous nous y reconnaissons, nous nous y arrêtons, nous lisons jusqu'au bout, et nous apprécions cette lecture qui nous a plongée au fond de nous-même, malgré que ce que nous y avons vu est terriblement laid. C'est là que se trouve tout le talent de Baudelaire : il parvient à extraire le sublime de l'horrible. A ce sujet, la préface de l'auteur, sous forme d'un poème à 10 quatrains, est très claire. Voici les deux premiers, qui à eux seuls résument le contenu entier du recueil : La sottise, l'erreur, le péché, la lésine Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaîment dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos tâches. A travers ces quelques vers, est donc caractérisé le genre humain selon Baudelaire, qu'il définit par cette aptitude que nous avons, d'une manière générale, à dissimuler nos tares sous une hypocrisie sans fond. Et au fil du poème, par la magie de ses mots il continue à démonter l'esprit de l'Homme, ses vers sont d'une beauté immonde, mais tout en dégoûtant ils s'enchaînent avec grâce... Pour finir sur cette déclaration : Hypocrite lecteur, - mon semblable, mon frère ! Attaquons ensuite le recueil à proprement parler. J'ai pour habitude d'ouvrir le livre au hasard et de lire le poème qui me tombe sous le nez. Ceux qui me marquent le plus, je les relis régulièrement. Le livre se divise en plusieurs parties : Spleen et Idéal (la plus importante, elle regroupe 88 poèmes), Tableaux Parisiens, Le Vin, Fleurs du Mal. Lorsque le livre paraît en 1857, 6 poèmes sont censurés et interdits à la publication pour "outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs". Baudelaire en rajouta alors 34 dans une seconde édition, regroupés sous : Révolte, La Mort et Poèmes. Le plus connu d'entre tous est L'Albatros (II). Qui ne pas l'a pas étudié en primaire ou au collège ? Le poète y est comparé au grand oiseau, si majestueux dans les airs, mais tellement maladroit au sol, que les marins en rient, ils le torturent et se moquent de lui. Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. On voit que l'oiseau gigantesque est la parfaite allégorie du poète. Les Chats (LXIX). Baudelaire avait une grande adoration pour les chats, et ce poème n'est pas le seul qu'il ait écrit sur eux ! Il y voit des créatures malignes, de la nuit, qu'il se plaît à admirer. Le poème est une description de ces caractéristiques propres aux chats, celles qui font en général qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas. Les chats, "puissants et doux", "orgueil de la maison", "frileux" et "sédentaires", "amis de la science et de la volupté", et le fait qu'ils apprécient le silence et les ténèbres, eux si fiers, indomptables, au regard envoûtant. Ils prennent en songeant les nobles attitudes / Des grands sphinx allongés au fond des solitudes / Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin. L'Horloge (LXXXVIII). Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible, / Dont le doigt nous menace et nous dit : Souviens-toi ! Ici est présentée la vaine lutte de l'Homme contre le Temps. Il veut le distancer, le fuir, mais on ne s'échappe pas et toujours le Dieu Temps est là pour lui rappeler qu'il n'est pas éternel ; chaque instant qui s'écoule lui rappelle qu'un jour la mort le saisira. Et quand vient sa dernière heure, l'Homme prend conscience de tous ses péchés et voudrait les expier, mais il n'est plus temps. Meurs, vieux lâche ! Il est trop tard ! Le Coucher Du Soleil Romantique (CL). Baudelaire y décrit la mort du courant de pensée Romantique, qui misait tout sur la beauté. Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite, / Pour attraper au moins un oblique rayon ! Et ce courant de pensée laisse la place à un autre, qui s'intéresse davantage à la laideur, et dont Baudelaire se veut le promoteur. L'Irrésistible Nuit établit son empire, / Noire, humide, funeste et pleine de frissons. Epigraphe Pour Un Livre Condamné (CLVII). L'ultime poème du recueil, mais qui s'adresse au lecteur comme s'il entamait sa lecture. Baudelaire s'est-il attendu à ce que celui qui le lit, curieux, jette un coup d'oeil directement à la fin ? Je vous laisse juger par vous-même, voici le poème entier. Lecteur paisible et bucolique, Sobre et naïf homme de bien, Jette ce livre saturnien, Orgiaque et mélancolique. Si tu n'as pas fait ta rhétorique Chez Satan, le rusé doyen, Jette ! tu n'y comprendrais rien, Ou tu me croirais hystérique. Mais, si sans se laisser charmer, Ton oeil sait plonger dans les gouffres, Lis-moi, pour apprendre à m'aimer ; Ame curieuse qui souffres Et vas cherchant ton paradis, Plains-moi !... Sinon, je te maudis ! Une petite webographie : - http://www.poetes.com/baud - http://baudelaire.zy-va.com - http://poesie.webnet.fr/auteurs/baudelai.html |
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