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Au Burundi |
J’avais 3 ans lorsque j’ai été vivre au Burundi. Jusqu’à l’âge de 6 ans, j’habitais dans ce pays merveilleux d’Afrique. Je vous relate les souvenirs que je garde de cette aventure unique qu’est l’expatriation à l’étranger. |
Je dédie cet article à tous ceux qui rêvent de contrées étrangères. Je veux que vous croyiez encore en vos rêves, car tout est possible. Je souhaite tout d’abord vous donner les repères géographiques du Burundi. C’est un pays de l’est de l’Afrique, entouré par la Tanzanie, le Rwanda et le Zaïre. Moi, je suis née en Belgique, à Anderlecht, près de Bruxelles. Mes parents sont tous les deux de nationalité Belge. Ma mère est infirmière de formation et papa a été comédien professionnel. A un moment donné, il était très connu dans le monde du théâtre. Sa troupe a reçu le prix du Classique en Avignon en 1984. C’était pour la pièce « Woyzeck » mise en scène par Pierre Jaccaud dans laquelle mon père (Patrick Moreau) jouait le rôle principal. Il m’a raconté que lorsqu’ils se sont tous rassemblés sur la scène pour saluer, les spectateurs se sont mis debout et applaudissaient de toute leurs forces et criaient. Mais à notre naissance (j’ai une sœur jumelle), en 1989, il a arrêté le théâtre. A 6 mois, j’ai fait mon premier grand voyage. La destination était l’île de la Réunion. Lorsque j’eus 3 ans, mes parents ont déménagé à l’étranger. Nous sommes partis au Burundi. Là-bas, nous avions des gens à notre service : des Noirs (ce n’est pas du tout péjoratif lorsque j’utilise ce terme) que l’on appelle des « boy ». Il y avait un gardien de nuit (un « zamou »), une nounou (elle s’appelait Finoti) et un cuisinier (il faisait les pâtes excellemment bien ! En plus, elle étaient faites main.). Nous avions une assez grande maison à Bujumbura, la capitale. Mon père était plombier et maman restait infirmière dans un hôpital. Nous avions aussi de nombreux animaux domestiques : une tortue géante qui se baladait dans notre jardin (Marie), Bichette, notre chatte qui a eu des jeunes, Juju, une jolie chienne noire, des poules, des poissons (mon père est un grand connaisseur). Nous avons rencontrés des Belges au Burundi et, maintenant, ils sont revenus en Belgique. D’ailleurs, durant ces vacances de Noël, on les a invités dans notre maison. Avec eux, on allait au cercle nautique. Mes parents et nos amis Belges aimaient beaucoup plonger. Mon père avait d’ailleurs acquit le niveau de moniteur. Ensuite, nous avons déménagé plus haut, vers les montagnes. Il faisait très humide, mais chaud ! Lorsque venait la saison des pluies (en septembre), on se mettait en maillot et on dansait sous la pluie. On avait même une piscine dans laquelle on allait souvent. Mais mon père l’a transformé en bassin pour ses poissons. Et puis, on a encore déménagé. Et c’est à ce moment-là que la guerre a commencé à éclater. Moi, je faisais de la danse rythmique. Il y avait une jeune fille qui se nommait Jasmine. Elle avait 6 ans. Un jour, on est arrivé à la danse et notre professeur nous a annoncé une très mauvaise nouvelle : « Jasmine a été tuée d’une balle dans la tête et sa mère, d’une balle dans le ventre ». Cela nous a fait un choc et au cours suivant, nous avions tous apporté une fleur pour la poser tout autour du chanson que la petite fille avait oublié juste avant sa mort. C’était vraiment très triste. Je me souviens aussi qu’un de nos copains avait reçu un couteau dans le dos. Aujourd’hui, il a encore la cicatrice. Là-bas, il n’y avait pas de sécurité, encore moins après la guerre. Les voleurs rodaient et d’ailleurs, un jour, ils ont volés le sac des mains de maman juste devant nous ! Alors, au dessus d’un mur, un homme est apparu, alerté par les cris de maman et il a couru après les hommes qui s’enfuyaient. Il n’a pas réussi à les rattraper. Je trouve qu’il a été très héroïque. Les rebelles commençaient doucement à assiéger la ville, Bujumbura. Jusqu’au jour ou notre rue fut totalement barrée par les ennemis. On a dû appeler l’armée pour nous sortir de là. On s’est enfui en hélicoptère. On a fait notre baptême de l’air. On n’a eu le temps de rien emporter. On a tout laisser derrière nous. Juste avant, nous avions donné notre chienne à un ami qui est resté là-bas. On a appris qu’elle était morte quelques mois après notre départ. C’était en 1995. Nous nous sommes installés en Belgique, là où nous avions de la famille. Après avoir déménagé 4 fois en Belgique, on est venu s’installer en France. Depuis mars, on a changé d’habitat 2 fois. Et mes parents ont encore des idées folles comme partir au Gabon ou en Nouvelle Calédonie. J’adore voyager et j’aimerais tant qu’on aille dans un pays chaud et tropical ! En tout, nous avons déménagé 12 fois ! Pas mal, pour moi qui n’ai que 14 ans ! Encore un conseil. Si vous voulez partir, n’hésitez pas. Vous n’avez qu’une vie. Et le but de la vie, ce n’est pas métro, boulot, dodo ! Réfléchissez-y. Le soleil, c’est beau. C’est le sympole de la liberté ! Source photos: www.fao.org ; www.uneca.org |
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