Robert Nesta Marley est pour moi l'artiste ultime. D'un engagement politique et religieux remarquable dans une jamaique tiraillée par les querelles de deux partis entretenant de veritables milices, Bob Marley est avant tout la premiere star mondiale du tiers monde. Ne d'un pere blanc militaire et d'une mere noire, Bob a une enfance passée a la campagne (ou il chante a l'eglise) avant le grand demenagement vers Kingston (back'o wall) dans l'un des quartiers qui croissent comme des champions le long des routes. Celui la a la particularite d'etre dos au cimetierre. Puis c'est le debut de la legende, un premier 45 tours (le support de reference, encore aujourd'hui) avec Judge not, et, en face b one cup of Coffee, qui reste l'un de mes titres prefere. Une jolie maturite alors qu'il n'est age que de 16 ans lors de l'enregistrement de ces titres. Le son d'alors est encore le Ska, avec son rythme rapide. Apres quelques aventures aux usa (Miami, je crois) , il revient gonfle en Jamaique pour prendre en marche l'ephemere, mais combien entrainant train du Rocksteady, transition sublime entre le Ska tres big Band Jazzy des annees 60 et le Reggae roi des annees 70. (a noter un tres bon numeros du magazine Groove dans les kiosques ce moi ci faisant la part belle au Rocksteady, proposant meme un cd avec 5 titres de cette eopque) Le tempo se ralenti, le contretemps apparait et les Wailers se forment. Avec ses comperes Bunny Livingstone et Peter Tosh, ils surfent sur la vague des trio vocaux masculins avec des jolis succes. C'est aussi a cette epoque que les engagements moraux et religieux (12 tribus d'Israel pour Bob) se materialisent. La separation, inevitable vu les caracteres forts, les egaux et les divergences d'opinions (Bunny tres "love", Peter a l'inverse le plus engage) donne naissance au nouveau groupe : Bob Marley and the Wailers. Avec le judicieux managment de Chris Blackwell, le fondateur d'Island, le groupe tourne beaucoup en Europe, sort de superbes albums (exodus, 2 live etc... ) et devient une superbe locomotive pour le Reggae. Bob est le veritable seul leader du groupe qui se demarque par des backings vocaux feminins de tres hauts niveaux (dont Rita, sa femme) , et des musicos qui meme changeants sont toujours impecables dans les impros dub de leur chanteur. Tyrone Downie, tres present sur la scene francaise aujourd'hui (Tonton David... ) en a fait partie. la mort de Bob en 1981, d'un cancer du peut être qu'il refusait d'amputer, va donner un coup de frein a la musique jamaiquaine qui aura besoin de peut être de 10 ans pour se relancer a la conquete du monde. Seul le Dancehall relancera le genre avec les precurseurs comme Yellowman ou Frankie Paul. les plus grandes chansons pour moi, outre One cup of Coffée sont Natural Mystic, Exodus, No Woman No Cry (qui veut dire non femme ne pleure pas, et non pas " pas de femme = pas de larmes ;-)). les efforts recents pour le faire revivre sont a mon gout de mauvaises operations pour quelques dollars de plus qui, si ils ne ternissent pas la memoire du prophete, n'en sont pas moins la preuve que son heritage est mal gere. outre les albums, une tres bonne introduction est le coffret 4 cd d'Island appelle Songs Of Freedom qui couvre toute sa vie avec justesse et moult inedits. Voici une parole de Bob Marley dite en 1975 à propos de la musique : "Il y a beaucoup de gens qui pensent que pour faire de la musique, il faut souffrir. La musique c'est la vie, tu écris sur comment tu te sens et non pas comment les autres s'imaginent que tu devrais te sentir".
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A lire :
Bob Marley, Librio musique (10ff) , de Francis Dordor.
Bob Marley, légende rasta, Adrian Boot et Chris Salewicz, Le Seuil, 1995