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Le lit d'Aliénor |
Un livre des plus magnifique qu'il m'est été donnée de lire ! |
Bordeaux, 1137. Aliénor d'Aquitaine, yeux verts, cheveux d'or, tempérament de feu, trépigne d'impatience : c'est aujourd'hui que Loanna de Grimwald, sa nouvelle dame de compagnie, fait son entrée à la cour. Entre les deux jeunes filles, la complicité est immédiate. Mais Aliénor ignore que Loanna est en réalité une magicienne envoyée en mission auprès d'elle... Emportées par le tourbillon des fêtes, des intrigues galantes et des luttes de pouvoir, Aliénor et Loanna affrontent un destin marqué du sceau de l'Histoire. Des jardins merveilleux d'Aquitaine aux ruelles sordides de Paris, des fastes de Constantinople aux splendeurs de Jérusalem, elles entraînent le lecteur effaré dans des aventures spectaculaires ! Loanna " Il y avait de cela longtemps, Merlin l'Enchanteur, alors au service du roi Arthur, avait aimé Viviane, grande prêtresse d'Avalon, l'île gardienne des secrets druidiques. De leur union était née une fille, puis une autre lorsque celle-ci fut en âge de procréer. Toutes avaient en commun le même héritage, de par leur accouplement au Dieu Cornu lors des fêtes de Beltaine. Toutes détenaient le savoir... Mais j'étais la dernière. " Aliénor d'Aquitaine " La fureur la rendait encore plus belle, jetant des éclairs métalliques dans ses yeux verts. Elle revenait de promenade et avait sans doute galopé à vive allure, car quelques mèches de cheveux s'étaient défaites de sa coiffe et flottaient comme des flammèches dorées autour de son visage. " " Aliénor avait les yeux pétillants et hautains, de ceux dont on dit qu'ils pourraient faire marcher le monde à leur caprice. " " Une Aliénor trépidante, secrète, troublante, séduisante, cynique, aux mots d'esprit et à la voracité verbale qui m'étaient un régal. " Première page du livre : "Je ne m'aimais pas. Et, cette nuit, moins encore que d'ordinaire. En ce 16 mai de l'an de grâce 1133, personne n'avait besoin de moi. J'avais beau apprécier l'attente, je guettais chaque pas affairé dans le corridor, chaque craquement des planchers disjoints, chaque son de voix qui franchissait ma porte fermée ou montait par le conduit de la cheminée et gazouillait dans l'âtre éteint. Je guettais, avec ce sentiment de plus en plus oppressant de solitude, " l'instant ". L'instant où s'ébranleraient les cloches de la cathédrale d'Angers, si proche du château qu'elles feraient trembler les murailles de pierre. Dame Mathilde, duchesse de Normandie, comtesse d'Anjou, du Maine et de Touraine, petite-fille de Guillaume le Conquérant et prétendante légitime à la couronne d'Angleterre, enfantait dans l'hospice, au bas de l'escalier de bois, et j'étais là, inutile, rejetée, quand je frémissais de savoir l'enfant si proche : reléguée comme la moins efficace des servantes de ma mère qui, elle, était tout dans la maisonnée : ventrière, conseillère, astrologue, apothicaire, régisseur... sorcière. Et moi, je n'étais rien ! Rien qu'une fillette malingre de douze ans, perchée sur des jambes qui ressemblaient à des piquets de barrière et que je n'aimais pas davantage que le reste. Ni mes cheveux entre le blond et le roux, ni mes yeux désespérément grands dans ma figure longue tapissée de taches de rousseur. J'étais laide. Laide de ne servir à rien quand mère était tout. Elle m'avait envoyée tantôt dans les bois alentour ramasser des simples dont elle avait prétendu la nécessité. Ils étaient là, posés sur une table dans ma chambre. Lorsque je m'étais avancée, fière de mon importance, aux portes de l'hospice où dame Mathilde hurlait, mère m'avait frotté le crâne, emmêlant mes boucles rebelles malgré mes longues nattes. - Plus tard, Canillette. La comtesse est faible, l'enfant naîtra avec la pleine lune. Il sera gros et vigoureux. Sa venue est difficile. Chacun a sa part de besogne, et ta petite frimousse curieuse ne pourrait que gêner. Va. - Mais ceci, mère, avais-je insisté en tendant mon panier. - Plus tard, plus tard. Et la porte s'était refermée, me livrant seulement le spectacle de dame Mathilde, les cheveux collés sur son front blême et dégoulinant, le visage crispé par l'effort, les mains agrippées à une table qui lui faisait face, debout, jambes écartées, le bas de sa chemise blanche maculé de sang, entourée de trois ventrières qui s'activaient." |
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