Comment passer 9 mois dans une High School américaine !

Plus tard, je vais écrire à propos de ma vie là-bas mais avant je vous propose de voir quelles étaient mes motivations et tout le cheminement que cela a été pour partir...


L'idée de départ : pourquoi vouloir partir

Lorsque j'étais en première, le jour de la rentrée, un élève est arrivé en retard et accompagné d'un surveillant. Il s'appelait Lucas, il était Canadien et même si je ne savais pas encore que sa simple présence changerait ma vie, ce fût pourtant le cas.

Cette année là, j'aimais beaucoup lui parler et qu'il soit à ma table à cantine etc. Mais bien sûr je n'étais pas la seule à m'intéresser à ce soupçon "d'exotisme" et d'autres étaient bien plus entreprenants que moi. Résultat, j'ai finalement très peu discuté avec lui et je pensais qu'il n'avait pas dû s'ennuyer en France. Avec le recul, je me demande si c'était bien le cas mais ça j'y reviendrais bien plus tard lorsque je parlerais de ma vie au pays de l'Oncle Sam.

L'année suivante était l'année de mon BAC et c'est là qu'il m'a fallut choisir un avenir pour moi. Quelles études je voulais suivre ? Aucune Idée ! Tout ce que je savais, c'était que je voulais faire court et être loin de chez moi, loin de ce foyer dans lequel j'étouffais.

La solution idéale n'a pas tardé à me traverser l'esprit : j'aimais les voyages, j'aimais découvrir d'autres cultures, je voulais quitter ma famille quelques temps pour pouvoir respirer enfin, j'avais connu le modèle idéal : un gentil caribou au pays du fromage, là, au Havre, dans ma classe pendant une année.

L'aventure n'avait que des avantages :
- me laisser encore un an pour me faire une idée de ce que je voulais faire de ma vie
- me donner la chance de parler un second langage couramment (ce qui bien sûr m'aiderait plus tard à trouver un travail)
- me faire découvrir une autre culture, un autre pays "de l'intérieur"
- laisser au loin une famille que j'aime mais dans laquelle j'aurais fini par craquer sans un break

Même s'il existe des inconvénients :
- le prix (j'y reviendrais plus tard)
- le risque de ne pas me plaire là-bas, de dépérir et de supplier maman de me rapatrier

Pour moi, le prix était un inconvénient mais pas un handicap et pour ce qui est de ne pas me plaire là-bas, c'était un risque à prendre, un risque qui ne me dérangeait pas. Après réflexion sur le sujet, il fallait passer aux choses sérieuses : l'heure de la documentation avait sonnée !


Mise en place du projet : comment partir

Bon alors là, c'est peut-être la partie qui a été la plus fastidieuse et qui a du être le plus réfléchie à cause de ce que je voulais faire : être dans une high school (=lycée) hébergée par une famille d'accueil car mon but était d'être immergé à 100% dans cette nouvelle culture qui allait s'ouvrir à moi. Aller dans une université ça n'aurait pas été pareil (et carrément plus cher en plus !) et vu mon amour pour les chérubins, jeune fille au paire ça n'était pas fait pour moi.

Restait donc à déterminer avec quelle association partir et dans quel pays aller. De toutes les documentations que j'ai trouvé (dans le CDI de mon Lycée), PIE - Programme International d'Echanges- semblait être la meilleur option. En effet cette association était la seule à proposer ce que je cherchais et en plus les prix étaient bien meilleurs (puisqu'il s'agit d'une asso à but non lucratif).

Par contre ce choix était tout de même assez difficile à prendre puisque j'étais alors en terminale et qu'à vrai dire, si je n'étais pas née en août mais quelques mois plus tôt, je n'aurais même pas pu choisir cette option. En bref, à 18 ans passé, vous ne pouvez plus le faire (à cause de pays comme les USA où des élèves de 19 ans en High School ça n'existe pas je suppose). Cela sous-entendait que si je n'avais pas mon BAC, il fallait tout de même que je parte avant de le re-passer ! (réfléchissez-y et vous verrez que l'idée est légèrement flippante).

Ça, c'était mon choix de base, celui auquel je tenais vraiment seulement voilà, pour l'heure je m'en était tenu aux choses faciles ! Se documenter n'était qu'une grosse phase préparatoire visant à... je vous le donne en mille... faire valider mon idée par l'autorité maternelle !

Pour moi quitter ma mère, mon beau-père et surtout mon chieur de frère ne me posait aucun problème, bien au contraire, je n'aspirais qu'à cela. Par contre, vous vous doutez bien que pour mes parents la nouvelle n'a pas été facile à avaler ! Euh surtout qu'aimant faire les choses en grand et sans grand tact j'ai du leur annoncer ma décision vers Noël *oops*.

Je savais ce que je voulais, je savais combien cela coûterais et je connaissais toutes les autres options pour pouvoir en discuter au calme avec môman. Je savais qu'elle ne me le refuserait pas et que de toute façon elle ne pouvait pas le faire (puisqu'à l'heure du départ je serais majeure depuis quelques semaines). J'avais même prévu que si elle décidait de ne pas me le payer (il y avait peu de chances mais sait-on jamais) je pourrais toujours le faire par moi-même. S'il fallait que la mort de mon père ait un sens que mon héritage serve à quelque chose, c'était bien à cela.

Comme prévu ma mère a accepté, on en a discuté, elle la larme à l'oeil, moi une petite boule à l'estomac de lui faire de la peine mais restant pleine d'espoir.

A ce moment je ne savais pas encore quel pays choisir. Mon coeur balançait entre plusieurs. Que choisir, un pays anglophone (USA, Canada ou Nouvelle-Zélande puisque PIE ne propose pas l'Angleterre, l'Ireland ou bien encore l'Australie) ou bien l'Allemagne ? Après moult réflexion, j'ai opté pour les USA. Pourquoi ? Simple : j'ai jugé que parler anglais me serait plus utile que l'allemand dans la vie. Et puis j'avais une très mauvaise image des USA, je pensais ma tête pleine de clichés ce qui m'a poussé à aller voir ce qu'il en était vraiment...
Qui plus est, de tous ces pays anglophone, les USA étaient les moins cher : 35700 francs contre 37700 (Canada) et 47300 (N-Z)
Ces frais couvrent les coûts divers (avion, assurances stages etc.), les frais de gestion de PIE en France (asso, communication etc) et à l'Etranger (asso, placement, suivi des participants etc.). Si c'est "si peu" cher, c'est que les frais d'hébergement (nourris, logé, blanchis) sont supportés par votre famille d'accueil qui est bénévole et que vos frais de scolarité sont pris en charge par la région ou le pays d'accueil.

Dorénavant, je pouvais renvoyer mon petit coupon réponse et lancer les démarches. Ça y était, c'était pour de vrai, j'allais le faire et me donner les moyens de réussir. Et croyez moi, de la volonté, il en faut, et pas qu'un peu car ce n'est pas un gentil petit voyage que vous planifié, non, c'est un séjour de longue durée dans un pays inconnu. Un pays dans lequel vous serez seul, loin de tout ce que vous connaissez, parmi des inconnus. Vous ne serez pas livré à vous même bien sûr mais cela vous demandera beaucoup de courage, d'indépendance et vous fera grandement mûrir. A votre retour votre famille ne vous regardera plus du même oeil tandis que vous, vous ne regarderez plus jamais le monde de la même façon.

Pour vous donner une petite idée de tous ces préparatifs, je vous donne la marche à suivre (longue et fastidieuse).

*inscription*
Demande de renseignements (les adresses sont sur http://www.piefrance.com)
~ envoi de la documentation
~ envoi du coupon-réponse
~ envois du dossier d'inscription
~ constitution du dossier (on vous demande vos goûts, religions, si vous fumez, vos allergies etc, c'est en quelque sorte le CV qui vous fera trouver une famille puisqu'il est rédigé dans la langue du pays que vous aurez choisi)
~ lecture et étude du dossier par l'asso
~ prise de rendez-vous pour un entretien

*l'entretien*
Un membre de l'association va ici juger de votre niveau de langue (il faut parler un minimum l'anglais), de vos motivations et va vous juger vous ! (bah oui, le but c'est de vous trouver une famille d'accueil donc si vous fumez, que vous êtes criblé de piercings et tatouages, que vous êtes mal élevé etc, ça peut poser problème. Si vous être une petite pourriture, votre candidature sera refusée, par contre si votre physique fait "mauvais genre" et/ou que vous fumez, on va vous prévenir de suite que vous trouver une famille sera compliqué mais vous ne serez pas forcément éliminé).

*préparation si votre dossier est accepté*
~ recherche d'une famille d'accueil pour vous par l'association
~ réunion régionale (ou vous rencontrez d'autres participants, l'ambiance est cool, ce n'est pas très formel et vos parents sont aussi là pour qu'on les "prépare" eux aussi.
~ Lorsque votre famille est trouvée : inscription scolaire, correspondance avec la famille, obtention du visa (si besoin est et après inscription scolaire)

*début du séjour*
~ stage de préparation avant le départ en avion le lendemain (c'est un peu comme une mini colo pour tous ceux qui participent au programme). C'est là que vous dîtes au revoir à vos parents
~ départ accompagné (jusqu'à l'aéroport) : la grande aventure peut commencer pour de vrai


Bon en réalité, la fin ne se passe pas tout à fait de même pour tous mais comme vous pouvez le voir, la procédure est longue et fastidieuse et vous laisse tout le temps de vous préparer au départ : vous et votre famille (notamment aussi grâce à des lettres d'informations personnalisées pour chaque pays et grâce à un journal trimestriel).
Il se peut qu'arrivé fin août (date du départ), toutes les familles d'accueil n'aient pas encore été trouvées. Ce qui fût mon cas. Dans cette situation, vous allez tout de même au stage de préparation puis au lieu de partir vous rentrez chez vous et attendez sagement. Lorsque votre famille est enfin trouvée et votre inscription scolaire effectuée tout se fait alors dans l'urgence à cause du Visa. Pour partir au plus vite, il vous faut un visa express (et ça c'est genre 1500 francs au lieu de 500 francs pour les USA : /). Une fois que vous l'avez ça y est vous partez !



Moi, ma famille a été trouvée début septembre et je suis donc partie vers mi-septembre. Je vous dis pas l'angoisse que c'est de ne pas savoir quand on va partir ! J'étais très déterminée, mais aussi très anxieuse alors ça n'a pas été si facile que ça ! Ma famille se trouvait en Virginie, à Bassett plus exactement (c'est-à-dire à peu près au milieu de nulle part, pas loin de Richemond et Washington).



Cela faisait des mois que j'attendais et enfin, mon rêve allait se réaliser : j'allais partir -loin- et découvrir une autre culture, en pleine immersion !