Das Experiment

L'Expérience (Das Experiment)
Film allemand (2000). Thriller. Durée : 1h 54 min. Interdit aux moins de 16 ans
Date de sortie : 21 Mai 2003
Avec Moritz Bleibtreu, Christian Berkel, Oliver Stokowski, Wotan Wilke Möhring, Stephan Szasz
Réalisé par Oliver Hirschbiegel
Récompenses : Prix du meilleur réalisateur à Montréal en 2001, Prix du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meilleure photographie à Munich en 2001, Prix du meilleur scénario à Porto en 2002, Prix du meilleur acteur (Moritz Bleibtreu) à Seattle en 2002.

Tarek est un journaliste à la recherche d'un bon scoop qui pourrait le relancer. Il trouve une petite annonce dans un journal, recherchant des volontaires pour participer à une expérience, contre 2000 marks. L'expérience consiste à enfermer une vingtaine d'hommes pendant 2 semaines dans une fausse prison aménagée et, y observer leurs comportements (tout en sachant qu'une partie sera nommée prisonniers et l'autre gardiens). Les gardiens ont l'autorité sur les prisonniers, ces derniers étant déchus de tous leurs droits pendant l'expérience. Ce qui au début s'apparente à un jeu finit en carnage.
Ce film m'a semblé intéressant car, outre le côté thriller très efficace du film, le film est inspiré d'un livre qui lui-même est inspirée de faits réels... En effet, en 1971, le Professeur Zimbardo organisa cette étrange expérience dans les caves de l'Université de Stanford, aux Etats-Unis (pour les détails exacts de l'expérience de 1971, pour comprendre la part de réel du film, visitez http://www.prisonexp.org). Le film reprend des faits réels jusqu'à un certain point : le film va plus loin que l'expérience du pour Zimbardo. Cette dernière a en effet du être arrêtée après 6 jours, les volontaires prisonniers subissant de la part des volontaires gardiens de plus en plus de brimades, agressions psychologiques ou physiques. Le film "s'amuse" donc à imaginer la suite, jusqu'où les hommes auraient-ils été ?

Un autre côté intéressant de ce film est les questionnements qu'il provoque chez le spectateur. Ce premier questionnement est souvent celui-ci : "qu'aurais-je fait si j'en avais été ?", ou encore : "jusqu'où l'homme est-il capable d'aller dans la violence, si on le lui permet tout simplement ?" (l'expérience de Milghram l'avait déjà démontré auparavant). Principe intéressant également est l'évolution psychologique de tous ces personnages, chacun issus de classes différentes, ayant des professions, des valeurs, des vies parfois radicalement différentes ; comment chacun va évoluer ? Sera-ce nécessairement un policier ou un ex-détenu qui finira le plus violent ? Ne sera-ce pas le boulanger qui finira par couper la gorge de son congénère ?
Le principe de l'expérience n'est évidemment pas sans rappeler les reality-shows qui nous envahissent actuellement. Le film peut donc être une critique éventuelle de ces reality-shows qui finiront bien un jour par partir à la dérive.
Tout comme il peut être une critique de la prison elle-même. Après 2 semaines, tous nos protagonistes deviennent violents, dominateurs ou dépressifs : ne faudrait-il pas revoir nos modes de fonctionnements en matière d'incarcération ?
Le film évoque également certains caractères allemands : le bon, Tarek est un immigré turc, l'autre bon est un militaire, tandis que le "méchant" (malgré lui) lui, est l'archétype de l'allemand moyen : blond aux yeux bleus, sévère et sans humour. Le "méchant" étant un bon aryen, on pense évidemment aux camps de concentration, au fascisme auquel le film pourrait aussi faire allusion : comment un groupe d'hommes peut-il se mettre à se haïr aussi soudainement ?
La mise en scène est plutôt sans grande originalité mais efficace, servi par un montage agressif, des couleurs glaciales telles le bleu-blanc-noir, des acteurs brillants. Tous ces éléments qui font de ce film un film terriblement angoissant, l'histoire d'amour (qui pèse très peu de poids par rapport au reste de l'intrigue) nous allège le stress rendu : merci le réalisateur !