Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Au revoir les enfants!


Mardi dernier, c'était le dernier jour de l'école, et j'ai dû dire au revoir à mes petis bouts, un moment que j'ai voulu vous faire partager. A tous ceux qui aiment les enfants.



Un soleil de plomb rayonne au-dessus de la cour de récré, une cinquantaine de bambins courent, jouent, et crient pour la dernière fois tous ensemble, sous le regard de leurs animatrices, c’est le dernier jour de l’école.

En fait d’élèves, ce seront bientôt les enfants du centre de loisirs qui crieront et joueront dans cette cour, qui peindront et dessineront dans les classes, transformées pour l’occasion en salle de jeu.

Dans quelques minutes, les couloirs se videront des trépignements et piétinements intarissables de leurs têtes blondes. Il n’y aura plus de maîtresses, plus d’ATSEM, plus d’animateurs, ce ne sera plus une école.

Je profite des dernières minutes pour rassembler mes affaires près du bureau de mon accueil périscolaire, des jeux, des déguisements, des dessins.
Et je les revois jouer, je les revois dans ces déguisements d’ours, de princesses, je les revois m’offrir ces dessins, le sourire aux lèvres.

Je regarde l’accueil et je veux me souvenir de tout ça, du carnet d’appel dans lequel je n’écrirais plus leur nom, du coin livre ou je me coltinais les Martines et des Petit ours brin, à la chaîne, avec eux sur mes genoux, de la petite table carrée ou j’ai joué aux dames avec Eliott tous les matins, de la table ovale qui a vu défilé toutes nos activités, nos tâches de peintures, nos paillettes éparpillées, nos traces de cutter.

J’enlève les photos du mur, les créations artistiques, je ferme le placard à fournitures, je range la dînette.

Mais déjà la grille s’ouvre et le troupeau des parents s’avance dans l’allée entourée de rosiers en fleurs, ils viennent chercher leurs enfants, ils viennent m’enlever leurs enfants.

La maîtresse des Ce1 m’appelle, et je vais à la fenêtre, ils me font tous un coucou de la main, et Sylvianne, la maîtresse, me donne un cadeau, c’est un livre, et à l’intérieur il y a un petit mot de chacun d’eux.

_ »Tu me manqueras, bonnes vacances, je ne veux pas que tu parles tu vas me manquer, je ne t’oublierais pas. »

Je leur dit au revoir, et d’entendre leur trente au revoir, de voir leurs yeux fixer les miens, de voir leurs mains s’agiter juste pour moi, c’est trop, je dois partir maintenant ou ils garderont comme dernière image de moi, une animatrice qui pleure, et si je commence à pleurer, alors là…

Je dois aller dire au revoir aux petits, la pré petite section.
Ils ne comprennent pas, ils sont trop jeunes, que c’est la dernière fois que je leur dis au revoir, que je ne peux pas leur dire « à demain ».
Au revoir aussi aux parents, dont certains sont devenus des amis, au revoir à Max, Paco, Louison, Charline, Aux triplés, Clara, Laura, Et Lewis, au revoir à leurs pleurs, à leurs cris, à leurs câlins…

Je fais semblant d’aller regarder à une fenêtre mais je pleure, car le soir même je déménage, et je ne reviendrais plus dans cette ville avant un moment.
L’année prochaine un autre s’occupera d’eux, les consoleras, ira chercher leurs doudous, leurs tétines, leur chantera dans chansons, leur raconteras des histoires, soigneras petits et gros bobs, et ils ne se souviendront peut-être pas que l’année d’avant une Elodie faisait tous ça…

Au revoir aux maîtresses, au maître, à ceux et celles qui m’ont donné envie de faire le même métier qu’eux, à tous ceux qui m’ont conforté dans l’idée que je ferais ça toute ma vie.

Au revoir, l’école…

Les couloirs sont vides et je rentre chez moi.
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