Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Peut-être...


Elle a froid, elle frissonne, essaie de réchauffer ses bras avec ses mains. Comment en est-elle arrivée là ? Pourquoi par cette nuit froide de janvier se retrouve-t-elle ici, à escalader une barrière ? Soudain elle se rappelle, c'était il y a un peu plus de sept mois...



Il fait nuit, mais pas une de ces nuits noires où on ne voit rien, plutôt, de ces nuits grises où il ne fait jamais totalement noir, ni jamais jour.
Elle a froid, elle frissonne, essaie de réchauffer ses bras avec ses mains. Elle a enfin réussi à passer par-dessus le grillage derrière chez elle, elle avance vers la barrière, s'étale sur la ligne de chemin de fer. Elle a mal, a envie de pleurer mais ravale ses larmes. C'est décider c'est ce soir. Comment en est-elle arrivée là ? Pourquoi par cette nuit froide de janvier se retrouve-t-elle ici, à escalader une barrière ? Soudain elle se rappelle, c'était il y a un peu plus de sept mois... Ce n'était pas la première fois mais elle s'était promis la dernière. Pourtant elle n'a pas résister, elle a avancé vers la porte comme une automate, la franchit, à fermer le verrou et s'est agenouillée...




C'était un après-midi de juin, il pleuvait comme elle pleurait. Dehors, il faisait aussi gris que l'était son cœur. Elle avait un coup de blues, comme souvent, mais aujourd'hui il était plus violent. Pourtant, elle avait tout pour être heureuse, des amis sur qui elle pouvait compter, un copain qui l'aimait, une mère aimante, un beau père sympa et deux sœur adorables. Alors qu'est-ce qui clochait ? Pourquoi ça n'allait pas ? Peut-être cette absence qui la pesait depuis des lustres, cette absence d'un père qui n'avait jamais existé, qui avait été là sans être présent. Et qui avait disparu sans un regard... Peut-être aussi cette vie qu'elle trouvait monotone, sans intérêt. Elle s'ennuyait tout le temps... Avec son copain dans les bras duquel elle oubliait doucement son amour pour un autre, avec ses amis où de rares délires existait encore mais sans joie pour elle... Elle ne savait pas, tout ce qu'elle savait c'était cette envie de ses tuer, de vomir sa vie...
Alors lentement, elle s'était dirigée vers les toilettes, lentement elle s'est penchée et comme une habitude son doigt à trouver sa gorge. Comme une habitude, un peu hésitante, un peu tremblante, elle a vomi, juste pour se sentir bien, pour être bien. C'est là que tout a commencé, de plus en plus souvent, au début, lors de chagrin puis dès une contrariété et pour finir souvent, si souvent...
Elle qui ne mangeait pas beaucoup déjà, c'est mis à réduire ses parts, jusqu'à ne pas manger de la journée... Elle savait qu'elle courrait vers son malheur, mais elle ne voulait y croire, elle aimait jouer avec ce fau. Elle disait "pouvoir s'arrêter quand elle voulait", comme les drogués... D'ailleurs elle fumait aussi pour ne pas ressentir la peur que tout dérape, pour "planer".


Elle venait de parvenir en haut de la barrière. Elle regarda du haut de son perchoir la route, et à quelques pas de là, l'eau, si calme, si belle... Elle sauta et atterrit sur sa cheville droite, elle réprima une grimace mais sentit les larmes lui montaient aux yeux. Elle était glacée, avec sa pauvre chemise, ce pantalon de tailleur si fin et ses petits talons d'été. Mais elle aimait être habillée comme ça, elle voulait mourir comme ça... Elle alluma un "bédot", le dernier, le seul qui lui restait, le dernier qu'elle est pu faire. Ca faisait du bien, c'était chaud et c'était bon, elle continua de rêver, de se souvenir... Du calvaire qu'elle avait endurer lorsque sa mère avait découvert, de la réaction de ses proches, du soutien de certains et de l'abandon d'autres, de la découverte de l'amour puis de la trahison, de l'hôpital... Elle était rentrée hier pour deux jours de vacances, deux jours d'hypocrites bonheur... Mais aujourd'hui, elle était bien, en accord avec elle-même, avec ses pensées, ses envies... Dans une heure, sa mère se réveillerai et irai voir sa chambre, venir délivrer sa fille et lui souhaiter un bon anniversaire. Mais elle trouverait une chambre vide, car celle-ce n'avait pas envie de rentre ou alors pas tout de suite, dans deux heure peut-être...
Cette eau devant elle lui paraissait plus tentante, beaucoup plus tentante, de plus en plus tentante... Elle ôta ses chaussures, plongea les pieds dans l'eau. L'eau était froide, gelée mais bonne,, elle atténuait la douleur de son cœur... Elle fit deux brasses, les algues lui frôlait les jambes... L'eau était douce à sa tristesse, le courant fort... Doucement, tout doucement, elle plongea...
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