Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Lui dire aussi


L'histoire d'Adèle... Elle n'a pas eu de chance mais c'est terminé.



Durant laquelle elle oublie alors toutes ces "pouffes" en mini-jupe rose-bonbon qui, chaque matin, plongent leur visage dans le pot à maquillage et qui se pavanent dans la cour du lycée, reluquant les autres filles, et plus particulièrement Adèle, d'un air de dire :
"Comment elle ose me regarder celle-là ? Elle et ses furoncles feraient mieux d'aller se cacher ! "
Alors la jeune fille pense à Paul, son ami, et tout de suite ça va mieux.
Mais aujourd'hui, c'est différent. Il est parti. Et Adèle a enfin décidé. Plus jamais elle ne les reverrait, ces "meufs" dixit les mecs "cotés" qui ont, tous sans exception, le cerveau sous la ceinture. Plus jamais elle ne les entendrait ces remarques vexantes. Tout ça, c'est fini. Elle ne peut plus. Elle ne veut plus. Enfin si, elle veut une chose encore : qu'on la laisse passer de l'autre côté, qu'on la laisse le rejoindre, qu'elle puisse lui dire aussi. C'est tout. Et ainsi, elle sera heureuse.


6 : 30. Adèle se réveille au son de "Breaking the habit", sa chanson préférée. Elle enfile ses grosses pantoufles. Puis, comme chaque matin, elle contemple les dégâts. Elle en a marre ! Qu'est-ce qu'elle a bien pu faire de si atroce pour mériter ça ? Devant le miroir de la salle de bain, elle pleure, elle pleure. Comme si le barrage qui lui sert de coeur venait, encore une fois, d'éclater sous le poids de l'injustice. Une heure s'est écoulée. Adèle parvient au lycée. Elle a cessé de pleurer. Elle se sent même honteuse d'avoir craqué ainsi. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Allez Adèle ! Courage ! Cette journée passera, comme toutes les autres...
"Eh ! Adèle la "pas belle" ! L'interpelle Alex, arborant un sourire narquois.
-Lâche-moi.
-En forme pour la dure journée qui t'attend ?
-J't'emmerde, lance machinalement Adèle.
-Ouh, c'est qu'elle se rebelle ! V'nez les gars, elle va nous frapper, j'ai peur ! " rélique Alex, feignant de trembler et provoquant l'hilarité de tous.
C'est comme ça à chaque fois. Avant elle courait se réfugier aux toilettes. Maintenant, elle s'est habituée.
Adèle avance dans la cour. Les regards dépités des autres, elle les sent qui s'attardent sur sa tenue.
"R'garde qui v'là ! Ma gothique préférée ! S'exclame Jessica, la leader des "poufiasses".
-Eh bien, elle s'arrange pas !... " continue Marlène, l'hypocrisie personnifiée, la lèche-cul de la première.


Adèle ne les entend même plus. Il lui suffit de penser à Paul. D'ailleurs le voilà. SMACK. La pluie et le beau-temps. Lui non plus n'a pas été gâté à la naissance. Mais elle l'aime, du moins elle le croit, car depuis quelques jours ce n'est plus pareil. Ou peut-être est-ce seulement son imagination pessimiste. Elle ne sait pas.
Aujourd'hui, c'est steack-frites. Adèle adore ça, les frites. Mais elles aussi ont changé.
Après avoir vidé leurs plateaux, ils sortent de la cantine. Voilà, on y est. Dans à peine quelques secondes, Jeremy poussera Paul, Paul se fera renverser, le SAMU arrivera, le SAMU appelera la famille de Paul qui préviendra Adèle, Adèle s'effondrera, Adèle y ira, Adèle sautera, Adèle le rejoindra.
Mais avant, Paul le lui aura dit. Il l'aimait.
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