L'Europe dans la tournante

Le peuple européen est un peuple asservi.

Mais faute de César, sur lui sont assis une légion de Brutus. Et quand César faisait un Empire, chaque Brutus ne fait que d'autres Brutus...
Cette multitude de spectres exaltés nourrit en son sein une entité des plus puissantes.
C'est l'esprit du ressentiment.
Un esprit dont les milles visages reflètent les milles vertus de l'Homme.
Arrogant et obtus, ce svelte Léviathan a en Europe abandonné la carcasse mourante de son précédent véhicule. Il fut jadis bigot et féodal, il a maintenant investi la dynamique qui fut des Lumières. Et par là, comme de coutume, d'un progrès il fait une affliction. Voilà que ce qui émancipait l'Homme est comme poussé jusqu'à l'absurde. Voilà qu'au nom de nobles principes, on trahi tout leur esprit.
Les milliers de petits et de moyens tyrans qui nous dominent (il n'en est pas qui soit grand) puisent de cette nouvelle incarnation du ressentiment ce qui meut tous leurs actes, toutes leurs pensées...

De notre émancipation du dogme égotiste (l'avènement du relativisme) ils ont conclut qu'il est interdit d'assumer ses intérêts réels.
Ainsi ceux qui se pensent héritiers de la fière Révolution se battent pour dilapider les moyens de leur accomplissement. Ils ne trouvent de soulagement que dans une hystérie d'apparente générosité envers ceux qui semblent les plus défavorisés. Que saigner l'Afrique de ses élites et de ses sans-culottes lui soit préjudiciable ne leur vient pas à l'esprit. Mais en vérité le bien-être de l'Afrique les préoccupe peu.
Ils ont un projet autrement plus important.

De notre émancipation conceptuelle (la victoire contre le totalitarisme chrétien) ils ont retenu que l'islam devait être fréquentable puisque lui aussi a participé au combat contre le christianisme. Et comme il est étranger, et qu'il incarne la misère la plus noire, ils ne peuvent que lui créer de nombreuses vertus...
Aussi pour celui qui refuse d'être le centre de son Monde, ceux qui l'assument paraissent divins. Il les voit et il sent : "Voilà ceux qui sont. Quand moi seulement j'existe."

De notre émancipation temporelle (le renversement de l'ordre royaliste et aristocratique) ils ont déduit que les élus dirigeants doivent être constamment rabaissés, et ne doivent pouvoir imposer leur volonté qu'à milles conditions... Et de même pour leur Loi.
"Qui sont ces hommes qui se prétendent maîtres ? Comment osent-ils aspirer à être forts et puissants... Comment osent-ils vouloir que leur Loi s'applique aux autres ? Qu'ils abaissent leurs prétentions et leurs yeux ; ici le peuple est souverain ! Nous leur apprendrons cela..."
Les fonctionnaires sabordent les initiatives qui leur déplaisent. Les syndicats prétendent que tout ce qui va à l'encontre des intérêts individuels de leurs membres est un affront au peuple tout entier.
Ces chargés d'une grande mission acculturatrice bénissent toutes les dynamiques qui pourraient nuire à la liberté d'action de "l'usurpation incarnée" que serait "l'hypocrite et prétendue" représentation populaire.
Tout doit être fait pour que les élus (qui maintenant se confondent même tout naturellement avec ces émasculateurs, ce qui rend la tâche plus simple) ne puissent jamais agir dans le sens des intérêts de l'Europe et de son peuple.

Cette multitude de brutus sans vision ni vergogne à un projet. Un projet grandiose.

Son projet c'est l'Europe comme Jésus.

Les mamères, les bovés, les milcents, les besancenots, les aubrys ... Sont comme tant de paroles christiques qui en appellent au martyr...

"Il faut ériger la glorieuse croix. Notre martyr doit laver l'Humanité de ses péchés."

L'islamisation, les suprémacismes ethniques étrangers, l'américanisation, l'anti-américanisme, la volonté de dénaturation de la nature européenne de l'UE, l'assimilation dans les esprits des berbères et des arabes, l'apologie de la pire des délinquances, la dénaturation de la nature libertaire de la laïcité française, l'anticapitalisme, le libéralisme immigrationiste... Comme tant de lances qui transpercent notre flanc.

"La plèbe ne pourrait comprendre que c'est par son sacrifice intégral que viendra la rédemption de l'Humanité. Elle ne peut être laissée se perdre et quitter la voie vertueuse.
La compassion de notre caste éclairée doit donc la guider jusqu'à notre Salut collectif... "

Cette compassion qui n'en est pas, ce ressentiment qui est le nôtre, se nourrit de chaque affaissement, de chaque échec, de chaque renoncement qu'il provoque. Il organise et mobilise sans cesse ses forces. Il fomente d'illégitimes protestations. Il anime et renforce d'honnêtes ennemis.

Il agite le spectre de l'effort individuel, de la perte de confort, du risque à soi qui vite fait rentrer dans le rang ceux qu'il a imparfaitement conditionné...
L'Homme se retrouve oppressé toujours plus par ce qu'il croit être son allégeance à lui-même.
Il entretient dans une grinçante crispation une médiocrité et une soumission qui lui sont gravement néfastes.
Mais Prozac, anxiolitiques, somnifères... La Sécurité Sociale a ce qu'il lui faut.

Ce spectacle obscène paraît sans fin.

Marcherons nous tous à la mort de l'Europe ?

Que peuvent bien faire ceux dont l'espoir est de vivre un jour une Europe renaissante, fière, créatrice, engagée pour elle-même et confiante dans sa valeur propre et dans la valeur de ce qu'elle peut apporter à l'Humanité ?
Que peuvent-ils faire devant le règne des raisonnements fallacieux ?
Devant le monopole illégitime du commentaire ?

Que faire devant la systémisation de l'assujettissement et de la débilisation de son peuple ?

Ecrasons l'infâme.