Enchaînée par ton esprit, ma roche c'est ton PC

Dieu Le Démiurge, sourit très satisfait et offrit à la p'tite, habillée de nuages, un baiser pourpre.

-je te le donne au-dessous de la noix d'Adam.
-où tu veux.


Le serpent, après avoir vérifié que l'orange était croquée et bien croquée, écouta à la p'tite, habillée de nuages, dont les pupilles comme deux pièces d'un euro en baccarat lui donnaient un air de Krishna -avatar de Vishnu- au pays de merveilles.

-ah, le serpent ! S'il veut qu'on se rencontre, on se rencontrera. Rien ne sera plus simple sous ce soleil que je veux bien prendre pour témoin, à midi.

-et s'il ne veut pas te rencontrer, ma p'tite, cela sera toujours aussi simple, sous ce soleil ardent ?

-cela sera comme il voudra. Et de toutes façons je suis convaincue que le chemin qui mène au Paradis n'est pas le plus facile à transiter, loin de là.


Tandis que la p'tite se caressait les joues, les paupières, les lèvres en feu, Dieu Le Démiurge assis sur sa chaise roulante avait les yeux plein d'écran et la cavité buccale comme un flaque de salive. Mais pour s'exprimer il n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche.

-je ne fais que blaguer avec le sexe, mais toi, tu le prends au sérieux. En ce moment je sais que tu te caresses le visage et que tes lèvres sont en feu.

-sans être omniscient comme toi, je parie qu'en ce moment tu bandes.


Dans la tête de la p'tite régnait le plus stressant des désordres, notamment parce qu'elle venait juste d'être sauvagement mouillée par sa douce violence. Il est en fauteuil roulant, c'est vrai que tout le monde ne peut pas être dans cette situation particulièrement délicate, bien au contraire, ils sont une minorité sur ce globe mais néanmoins il pourrait être aimé comme la majorité ; il est même possible qu'il inspire ce noble sentiment à une p'tite fessant partie de la majorité, nul besoin de restreindre ses choix au seul cercle des handicapés comme lui. Moi, par exemple, je ne refuserais pas de me faire sauter dans un fauteuil roulant. Cela serait exotique ! Et Dieu seul et mes partenaires savent à quel point me fait jouir l'exotisme.

Pour interrompre les pensées d'autrui, le serpent avait un don inné surtout aux heures de pointe.

-ça va, la p'tite ? Toujours à produire des conjectures ?

-comme d'hab. Et toi ?

-moi, je n'ai que des certitudes, même par rapport à toi. Je te vois déchirée dans ce fameux conflit entre l'idéal et le réel, alors qu'il serait très simple de le dépasser si tu lisais bien le journal des frères Goncourt.

-je m'en fous du journal des Goncourt ! Je n'aime pas leur style.

-et tu n'as pas tort, mais ils ont recueilli des sages paroles de Flaubert.

-ah bon ? Et il va venir à mon secours, l'ermite de Croisset ?

-oui, la p'tite, car malgré ton ironie de tournant de siècle tu n'es pas en condition de refuser de l'aide, d'où qu'elle vienne, même à midi.

-alors déverse ton venin, la salope, si tu le fais avec talent je te récompenserai avec ma langue en feu.

Complètement lobée sur la base de la colonne de la p'tite, la Kundalini sortit l'extrémité postérieure de son corps cylindrique récemment rhabillé. Sur le sable noir inscrit les mots du grand Gustave :

"Je n'ai jamais baisé une femme, je suis vierge, toutes les femmes que j'ai eues j'en ai fait le matelas d'une autre femme rêvée."


... C'était son voisin. Il venait laisser sa clé, alors elle profita pour lui demander du sel. Comment le remercier ? En l'invitant à boire un thé noir, petites feuilles, ce qui déboucha dans un partage de salade accompagnée d'une conversation forte agréable. Le sujet ? Les fausses idées en matière de mythologie et autres thèmes innocents.

-mais Jean Yves, Prométhée a volé le feu par amour à lui-même. Si les hommes ne veulent pas l'accepter, c'est parce qu'ils ont peur de transgresser les mythes.

-t'es sûre, Ida, de ce que tu dis ? Tu ne serais pas en train de confondre ce brave de Prométhée avec Narcisse ?

- Ecoute, quand on a comme moi joui avec le Christ, Prométhée et Narcisse, les trois à la fois, on peut envoyer la réalité par la fenêtre puis la prendre en photo... Attends... Laisse-moi le sel...