Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
Apologie du teen-movie |
Le teen-movie est un genre bien à lui, avec ses codes et son univers. Il est fustigé de toute part et beaucoup font impasse sur ce genre qui a autant à offrir qu'un autre. En tant que fervent adorateur des teen-movie, je défend mon point de vue et je fais son apologie, même si je m'égare parfois. |
Prêt en bulle Tout d'abord il est important de signaler qu'il y a plusieurs ramifications du teen movie, comme les thrillers (Sex intentions) ou les films d'horreurs (tout un tas, à commencer par Scream), mais mon texte traitera surtout de ce que je considère comme la plus pure expression du teen movie : la comédie, simplement parce que le genre tout entier a débuté ainsi et que c'est 100% teen-moviesque à l'intérieur, et ça se voit à l'extérieur contrairement aux autres genres qui piochent un peu partout. Dessine-moi un teen-movie Les titres Le teen-movie se passe au USA, le teen movie est donc anglophone. C'est pour cette raison souvent les traducteurs pour la VF se sentent obligés de transformer le titre mais toujours dans la langue de chèque-expire, une aubaine pour nous ! Cons d'adolescents que nous sommes, car nous avons le droit à une super simplification afin que tout le monde comprenne de quoi ça parle. Ainsi, nous avons quelque perles comme "American Girls" (titre VO : "Bring It On ! ") vous supposez donc que ça va traiter de "filles" "américaines", wouaaah avec ça vous avez compris tout le film. Et quand ils décident de traduire en français, je ne vous raconte pas. Non, j'ai dit je vous raconte pas. La réalisation n'a pas besoin d'être évoqué non plus, le boulot est donné à de gros tâcherons qui se contentent du strict minimum. De toutes façon, les jeunes, dès que ça bouge un peu ils sont contents, enfin c'est ce qu'aimerais nous faire croire les producteurs de ce genre de film, dommage : une estéthique moins miséreuse rendrait peut-être plus crédible ce genre de film qui reçoient des notes de critiques inversement proportionnelle aux recettes engendrées. le langage Autant vous le dire tout de suite, l'appellation teen n'est pas galvaudée : ce film s'adresse intégralement, exclusivement, entièrement et indubitablement aux jeunes en période pubertaire, les autres catégories d'âge risqueraient de faire un rejet violent. L'élévation spirituelle des sujets traités dans un teen movie de dépasse pas celle de la tranche d'un ticket de cinéma, mais comme nous le verrons, c'est le désinterêt qui justifie son interêt. Le teen movie parle souvent de cul, ou alors il ne peut pas s'appeler teen-movie, après cela dépend si on en fait le sujet principal du film ou pas (c'est préférable, il n'y a rien de plus vendeur que le cul), donc ne vous étonnez pas si l'évocation de la réalité sexuelle est très explicite dans ce genre de film, j'entend déjà les détracteurs : "bouh, c'est vulgaire, aucune finesse, meuh", alors que nous les jeunes, la plupart de temps entre nous on parle de cul comme ça, ne nie pas toi au fond là ! C'en est presque réaliste, au lieu de "Mes sens énamourés frémissent devant cette beauté d'une pureté cristalline" on a le droit à un "Holy shit ! This chick is fucking hot, look at this cute ass ! " (en VO pour pas shocked les âme sensibles) ça a quand même plus de gueule, non ? On aborde ainsi le premier point du pourquoi-ils-aiment-les-teen-movie-ces-idiots : parce d'une certaine manière ça leur ressemble, et c'est plutôt réaliste quoiqu'on en dise : les jeunes parlent comme des charretiers et de façon sub-ceinturiennes, ne sous-estimons pas ce pouvoir de catharsis dans notre société pincée du cul et rempli de tabous : les jeunes ne sont pas si cons, ils ne rient pas en entendant bite parce que c'est marrant en soi (sinon on peut dire qu'ils sont vraiment cons, oui), mais parce que c'est un mot banni des échanges verbaux extra-amicaux et l'entendre en Dolby Digital 487521.1 DTC sur grand écran ça à quelque chose de jouissif, bite de couilles ! C'est également valable pour tous les gags premier degrès d'un teen movie : on montre l'inmontrable, c'est cradingue, scatologique, vulgaire et totalement improbable, et nous les jeunes, qui avons pris soin de déposer notre bien pensance et notre balai rectal dans les bacs prévu à cet effet puis de régler notre incrémentation humoristique sur un cran plus élevé que 2° avant d'entrer dans la salle, et bien ça nous fait rire ! Parce que c'est con, totalement assumé et de plus en plus inventif au fil des nouveaux teen movie. Le fait de se masturber avec une tarte pomme paraît inconcevable, déplacé et franchement crétin, cependant cela nous rappelle étrangement nous, le fait qu'on ait parfois des idées débiles inavouables, absurdes mais intriguantes. Néanmoins toutes proportions gardées et puis on passe rarement à l'acte. Deuxième point positif pour le teen movie, c'est un gros "fuck" au politiquement correct, à la bien-pensance et au soi-disant "bon goût", bref tout ces trucs limitant la véritable liberté d'expression, renforçant l'hypocrisie et bridant la créativité au nom du "respect de la personne", fuck off. C'est jouissif de voir enfin un film qui est volontier phallocrate, empli de méchanceté gratuite envers les rejetés sociaux et qui n'est pas porteur de messages paquebots de tolérance et de respect, ça devient tellement rare les flms qui ne s'entiche pas d'un humanisme pop-corn facile à mâcher pour spectateurs attardés. Essayez de renâcler n'importe quel film anti-raciste de base tel que American History X, cela paraîtra inconcevable pour beaucoup qu'on puisse critiquer un film à l'idéologie si saine. A nuancer cependant car malgré ses effets corrosifs le teen movie se finit souvent par une éclaboussure de guimauve fourrée aux bons sentiments digne des pires happy end de l'histoire du cinéma (américain). La situation Le jeune du teen-movie vie toujours chez ses parents, souvent fils unique il dispose de tout le confort possible. On l'observe souvent entouré d'une grande concentration d'êtres semblables à lui dans un endroit spécialement réservé à leur rassemblement : le Ba-U. J'ai entendu dire par des sources sûres que ce serait une endroit d'apprentissage destiné à former les jeunes pour qu'ils puissent sortir enfin de leur vie inactive de merde de sales cons d'alcooliques drogués d'inculture (mais on dit "rentrer dans la vie active" c'est plus joli). Seulement les couloirs semblent être plus usités que les salles de cours qui elles sont reléguées à des bavardages inter-pupitres. Normal, un film n'est pas sensé rappeler le chiantisme de notre vie (même si certains cinéastes sadiques prennent un malin plaisir à le faire, ce qui ravit les critiques masochistes mais le public déserte les salles obscures) donc on zappe la majorité de ce qui se passe dans un Ba-U. Le jeunes bavardent en classe, la sonnerie retentit ils se cassent, ils déambulent dans les couloirs et parlent de leurs déboires, que vont-ils faire pendant le springbeak c'est ce qui se passe dans leur tête pendant qu'ils traversent cette pelouse verte du campus, l'un est parti faire ses affaire dans sa chambre universitaire, forcément sur le chemin il rencontre quelqu'un, celui-ci l'invite à une fête pour s'en mettre plein la tête, content il rentre chez lui retrouvant sa chambre son amie, il allume la télé et regarde un teen-movie. CUT. Le punk rock détone, la bière coule à flot, la caméra se faufile entre les figurants puis s'arrête devant les protagonistes qui matent comme des porcs les donzelles qui ont envahies cette grande maison de banlieue américaine. C'est un avant goût du bal de fin d'année où chacun est stressé pour trouver une cavalière et se faire accompagner, mais ce qu'ils espèrent secrétement c'est qu'ils pourront se la tringler. Un teen movie est une petite fenêtre sur une génération de djeunz américains, elle est à recommander à n'importe quel anti-américains primaire car c'est mieux de se renseigner sur un sujet qu'on aime aborder. L'aspect sociologique est indéniable : c'est une représentation d'une certaine jeunesse mise sur pellicule, très utile plus tard pour les jeunologues. Enfin, représentatif faut peut-être pas exagérer sinon on passerait globalement pour des cons, ce qu'on n'est pas du tout, n'est-ce pas ? D'ailleurs personne ne va voir les teen-movie c'est bien connu. Les personnages Comme j'arrive pas à trouver une putain de transition sensée être drôle je vais parler tout de suite des personnages. Tout d'abord le personnage principal, qui est un loser, pas le pire des loser pour qu'il puisse se réconforter mais loin d'être un Don Juan, qui lui se cache parmi ses pseudo-amis; en gros c'est nous, pas totalement nous pour qu'on puisse rire de lui mais assez nous pour qu'on puisse s'y attacher, et si il ne suffit pas pour nous il est souvent accompagné de copains hétérogènes pour trouver chaussure à notre pied en terme d'identification au personnage. Je parlais du Don Juan justement, il est absolument odieux et pourtant on l'adore parce que c'est un winner qui contraste bien avec les protagonistes, mais on ne le laisse pas indemne non plus sinon on trouverais ça dégueulasse. L'inoubliable Stifler dans la trilogie American Pie est le meilleur Don Juan teen-moviesque que je connais. Pour que le Don Juan roule les mécaniques il lui faut une tripotée de nanas sous la main, inutile de vous dire que c'est un des principals attrait des teen-movie : des filles en pagaille qui feraient saliver un brûlé au 3ème degrès. Ce sont les éternels objets convoités, le complément de ces hommes et souvent le sujet central des teen movie. Naïade inaccessible ou laideron souffre-douleur, garce, nympho, sainte-nitouche, comères... Elles sont protéiformes et suscite l'incompréhension chez la gente masculine. Ces mecs, tombeurs, geeks, punks, et j'en passe sont généralement détenteur de l'histoire mais également des pires conneries du teen movie, leur présence est synonyme de cul, de merde et de rire. Cette description des personnages est limité ? Regardez-donc Sex Academy (l'affiche au moins), qui caricature à merveille des personnages de teen movie déjà bien stéréotypés. Cette pléthore de personnage dresse un belle représentation du social adolescent : une caste qui domine le Ba-U essentiellement composé de beaux gosses, généralement de type sportif violent et de bonnes meufs, généralement de type pom-pom girls, méprisent de nombreuses personnes se situant en dessous d'eux qui elles aspirent à devenir "cool" comme eux. En bas du système nous avons les loser : composé essentiellement de geeks et de nerds d'un goût vestimentaire douteux (du style chemise ringarde à carreaux, lunette de vue maous et sale gueule de surcroît) ce sont les persécutés de la "haute", qu'on ne plaint même pas tellement ils sont nuls, même les protagonistes s'en donnent à coeur joie car personne ne se soucient de ce que peuvent ressentir ces choses bizarres, évidemment dans un teen movie c'est bête et méchant mais abordé sous l'angle de la rigolade, la réalité est moins drôle : il ne faut pas s'etonner que des gens en apparence calme et sans histoire s'exerce au tir au pigeon dans les couloirs d'un lycée pour ensuite se donner la mort. Il se fera ensuite taxer d'adorateur d'Hitler à titre posthume par les medias pour éviter l'affreuse vérité : sa tronche revenait pas à certain encasquettés, on lui a craché dessus, c'est le mollard qui fait déborder le vase, il a facilement trouvé un flingue et a fait sauté la cervelle à ses "camarades". Sous des aspects légers et inconscients, la charge est plutôt forte contre cette jungle bahuesque où la loi du plus fort reigne plus que jamais, les teen-movie sont les meilleurs satires lycéennes. Ce sont elles qui dénoncent le mieux l'infâme système de réputation, de popularité et de suicide social. Bien qu'il faille nuancer encore une fois : le trop grand usage de clichtons nuit à cette portée critique : prenons une sale pouffe (avec des gants, c'est hystérique ces choses là), quand elle va voir un teen movie elle va rire des pouffes à l'écran en se disant "ahahah les putes, heureusement que je suis pas comme ça, MOI", mais si ! Connasse ! T'es une pouffe qui s'ignore, seulement voilà, outre l'indéniable fait que tu te maquilles à la truelle, que tu ne fais aucun effort intellectuel et que tes amis te sont semblables, tu as quand même, hélas, une petite part de personalité propre qui t'empèche de te reconnaître dans la caricature et donc tu ne connaîtras pas l'immonde sentiment du "merde je suis conne en fait" qui te feras changer. L'histoire Le scénario d'un teen movie est absolument insignifiant, il se résume à ce que doit globalement faire un film : faire évoluer des personnages dans un certain milieu et les confronter à certains problèmes auxquels ils trouveront certaines résolutions à la fin, evidemment il faut combler les trous : c'est pourquoi on multipliera les scènes premier degrès généralement scato et saiksouèle, parfois les deux. En vrac les trames peuvent être : le héros a un problème avec sa girlfriend, le héros et ses amis se lancent un défi idiot, le héros a des emmerdes, le héros est heureux. Certains scénaristes ne font pas les cons et savent très bien que ce qu'ils ont à fournir est une histoire multi-personnage avec un prédominant (ze hiwro) et des trames secondaires (zi fraindz of ze hiwro) mais qui sert de base à des sketches sensés soulever l'euphorie du spectateur. Cependant il arrive que le scénariste prenne son boulot au sérieux et ignore toute l'étendue de son talent, équivalente à la superficie du Vatican vis-à-vis de la Terre -- Intermède culturelle qui colle bien dans l'actualité en plus -- Le Vatican est le dernier régime totalitaire d'Europe, le dictateur possède le titre de "Pape" et dispose de tous les pouvoirs sur les 890 habitants (recensement de 2000, un de moins depuis) qui parsème le territoire de 440m². Cela nous fait une densité de 2 habitants au mètre carré, ce qui est plutôt inconfortable sauf si la personne partageant mon mètre est la soeur Monique Bellucci du couvent de Sainte Cléopâtre. Le taux de natalité est vraiment nul puisque là population est entièrement composé de gigolo en soutane qui prohibe la capotte et l'IVG en plus de ne jamais baiser ni engrosser. Le résultat, qui est plus chié que pondu, est une histoire sentimentalo-niaiseuse de type hétérosexuelle qui passe à la trappe tous les gags rigolo, de plus on ne parle presque pas de cul ! Un comble ! Autant vous le dire tout de suite c'est la partie fangieuse du teen movie à éviter comme la bouse, à titre d'exemple Elle est trop bien fais partie de cette catégorie. Remarque, certains poussent le vice tellement loin qu'ils en deviennent drôle à leur insu, faites donc gaffe vous pourriez laisser passer un authentique nanar sentimental qui vaut son pesant de kleenex. Par contre ces fins heureuses sont faites pour nous rassurer : ça montre des choses fausses qu'on a envie de croire, comme celle que même le pire des losers pourra réussir à avoir une copine et gagner de l'assurance. C'est dans le même but pour toutes les scènes invraisemblables d'un teen-movie : nous faire fantasmer. Conclusion C'est aussi ça un plaisir des teen movie : on ne sait jamais à quoi on va s'attendre, quels limites vont être franchies, et surtout si le film va être bon : soit on rit avec le film parce qu'il est vraiment drôle, ou on rit du film lui même parce qu'il est pitoyable, mais dans les deux cas on est ravi alors pourquoi s'en priver ? Pourquoi faire la fine bouche néo-péteuse et s'offusquant dignement d'une vanité cinéphilique latente contre la diarhée d'images infectes pour nos cerveaux fragiles adeptes du bon goût ? J'échangerai 100 galettes de silicium de l'Esquive (le pire film que j'ai vu depuis bien longtemps) contre n'importe quel émule d'American Pie pourvu que ça me divertisse. Faite moi des scènes démago de filles à moitié nues sous une avalanche de punk rock, ça me plait, ça flatte mon esprit critique qui comprend bien où on veut en venir. C'est le McDo du cinéma : certains désertent parce que c'est bonne conscience de faire ça et c'est chargé de symbole, d'autre y vont bouffer sans complexe tout en connaissant la merde qu'ils ingurgitent et ils s'en carrent parce que ça leur plait. Le meilleur des teen movie est sans doute le pire, celui qui pratique la surenchère assumée, renfermant la flopée d'adjectif utilisés par le spectateur frustré allant régurgiter son mécontement sur AlloCiné. Il est con jusqu'au bout, dépourvu de morale, dégoulinant de mauvais goût. Regarder un teen movie ne signifie pas que je suis con et scatophile, cela signifie que je veux combler une certaine partie de mes besoins gustatifs que les autres films ne peuvent pas délivrer. Les films d'horreurs me fournissent la peur, le gore rassasie mon apétit sanglant, l'action m'impressionne, un film sentimental m'émeut, le fantastique et la science fiction franchissent mes barrières du rationnel, la comédie me donne de la joie, et le teen movie me fait simplement rire de différentes manières, ma rappelant que je suis jeune, que j'ai toutes les tares du monde et que j'en profite. Références utilisées pour l'article (avec les titres en VO pour rigoler) : - American Girls (Bring It On !) - American Pie (American Pie) - America Pie 2 (American Pie 2) - American Pie : Marions-les ! (American Pie : The Wedding) - Elle est trop bien (She's All That) - Hey mec elle est où ma caisse ? (Dude, Where's My Car ?) - Lolita malgré moi (Mean Girls) - Road Trip (Road Trip) - Sex Academy (Not Another Teen Movie) - Sexy Boys Retrouvez d'autres textes et créations sur Splaouch |
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