Extrait du site https://www.france-jeunes.net

L'arc en ciel final


Tout ce panache de couleur pour sa vie à moins que ce ne soit pour sa mort !



Blanc, hôpital ou peut être paradis. Noir ceci était plutôt mauvais signe, soit c'était la couleur d'un cercueil ou peut être celle du néant allez savoir. Du rouge maintenant, le sang à coup sûr, ou l'amour ! Marron, le bois qui chauffe, la terre nourricière ou les cigares pris en cachette... Bleu, que de belles choses, la mer, le ciel ou l'eau pour se noyer... Le vert, la nature, la campagne ou l'herbe, aussi bien bonne que mauvaise. Orange, les arbres en automne, sa montre ou le rasoir posé par terre. Rose, les bonbons, l'enfance, l'innocence ou les médicaments. Violet, les fleurs ou les veines dans son corps si blanc. Jaune, le soleil, la vie ou le feu qui brûle les cigarettes.

Au début, tout était assez bleu et rose, c'était quand elle était encore enfant, c'était les sucreries le mercredi chez Fatima, la chambre, l'horizon au loin, le ciel où les oiseaux volaient et où était maman comme le disait souvent papa ! Puis vint le jaune, ça c'était une période heureuse, c'était sa couleur préférée à l'époque, car c'était celle du soleil. Elle aimait bien cet astre, elle s'y exposait souvent et avait une peau toute marron. Tiens le marron, parlons en de cette couleur, ça c'était plutôt la préadolescence quand on commençait à fumer en cachette pour faire la maligne au milieu des mecs, c'était surtout la couleur des cigares piqués à papa. Puis ce fût le vert, couleur des champs où elle allait courir avec lui, et couleur de l'herbe surtout qu'ils fumaient dans ces mêmes champs. C'était une époque d'insouciance où tout tournait autour de sa propre personne. Après ce fût le violet et l'orange, là ça se gâtait, c'était le début de l'automutilation, ces belles veines de la même couleur que ces belles fleurs que sont les violettes transpercées par les lames d'un rasoir couleur de ce si beau fruit qu'elle aimait tant à l'époque, la clémentine. Logiquement, après cet arc en ciel vint le rouge, le sang et l'amour, là c'était lui qui la scarifiait, qui la piquait dans ce corps si pur pourtant à une époque, début des règles aussi et surtout déchirure de l'hymen, qui laissa une belle trace sur le drap blanc. Blanc comme elle, comme sa peau qui ne brunissait plus au soleil, qui pourrissait à l'intérieur, mais surtout blanc comme la neige où rien n'apparaît où tout parait toujours sans fin, ne jamais s'arrêter, blanc comme les fleurs qu'elle était allé poser sur son cercueil à lui après qu'il lui en ai offert des tonnes. Blanc comme la lumière qui l'aveugla lorsqu'elle se réveilla dans cette salle immaculée, dans cette salle où aucun microbe ne subsiste, c'est d'ailleurs sûrement pour cela qu'aujourd'hui elle voyait noir ?
Comment un être si sale pouvait vivre dans cette blancheur c'était impossible ! Alors aujourd'hui elle avait décidé que c'était la dernière fois qu'elle broyait du noir, aujourd'hui elle avait décidé de ressortir son arc en ciel, elle commença par prendre deux pilules rose et bleu, alluma une flamme jaune pour fumer un dernier cigare marron, puis un roulé beaucoup plus vert pour enfin prendre un rasoir orange et ouvrir complètement sa veine si violette d'où coulaient des flots de sang rouge. Elle vit alors une lumière blanche, une tête blanche, c'était la sienne, se sentit bien avant de retrouver le noir cette couleur qu'elle voulait abandonner, mais cette fois c'était pour l'éternité, d'ailleurs elle ne se rendrait même plus compte que tout était si sombre autour d'elle puisqu'elle n'était plus, elle verrait juste la blancheur de ses dents, le rouge de son amour, le violet de ses fleurs, l'orange de sa montre, le marron de ses cheveux, le jaune de son soleil qui n'était autre que lui, le rose de sa peau pour enfin remarquer le bleu profond de ses yeux.
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