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Apprenti Dieu |
Lettre fictive aux nombreuses personnes qui s'imagine être dans la cour des maîtres de l'Olympe... |
Mon prince, Déambulant sans but, vagabondant sans origine, traînant sans fin, l'homme sans nom rêve... Errant dans le charnier du monde, regardant le carnage annoncé, humant l'air pestilentiel, l'homme sans idées rêve... Ses chevilles frôlant les carcasses, ses narines humant le nauséabond parfum, ses oreilles écoutant le turbulant silence, l'homme sans espoir rêve... Se languissant de sa femme cupide, désirant le dogme de la perversion, gazant le dernier zénith d'une lune zoophage, l'homme sans bonheur rêve... Ses mains embrassant les charogne décomposées, ses lèvres humant les passions secrètes des squelettes, ses doigts effleurant l'eau croupissante, l'homme sans passé rêve... Cueillant les vermines grouillantes, ses yeux décharnés recherchant le ciel, l'homme sans futur voit... [... ] Je sais que du haut de ton château, tout paraît plus rose. Je te rassure ici, tout est sale et détruit. Même les enfants qui jouent dans les collines, font la guerre... Plus personne ne fait l'amour et les gens se croisent sans se regarder... L'innocence est partie en voyage, au paradis, et n'a pas l'air décidée à revenir dans notre enfer... Jésus quant à lui est parti faire remplir ses ordonnances au Mexique. Marie s'est faite enfermée et porte quotidiennement un drôle de manteau blanc... Nous sommes seuls et, toi, dans tes appartements, tu ne vois pas... Le gloussement de tes hystériques amis couvrent le malaise de milliers d'humanoïdes... J'aurais aimé te peindre un tableau plus beau, mais tu m'a demander la vérité... Nue comme ces hommes que tu dis aimés... Dans nos ruelles, les gens écrasés par leur quotidien ne prennent plus le temps de croire en rien... Tu n'es plus leur dieu, si tu l'as jamais été... Dans leur cerveau tout est mort et rien n'illumine le peu d'intelligence qui leur reste. Tes admirateurs, j'en suis désolé, se sont abandonnés dans le giron de créatures plus divines à leurs yeux que toi... Mon dieu, mon prince, tu n'as plus ta place ici... Nos cœurs se sont taris de trop souffrir... Ne redescends pas dans les coupes gorge de ta cité... Tu n'en sortirais pas vivant. Si je te vois, je les laisserai te tuer ou je le ferais moi-même... Le mieux pour toi serais de rester cloîtrer dans ton château utopique et de vivre de tes rêves... Je ne t'oblige à rien, je ne suis que l'esclave du moindre de tes gestes... Mes conseils ne valent pas ceux de tes valets de pied... Mais avant de te laisser à ton tragique destin, une dernière question effleure mes lèvres... As tu jamais su que nous ne sommes pas des pions ? [... ]. |
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