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L'anniversaire... |
Anniversaire : hypocrisie ou célébration primordiale ? Petite réflexion sur le sujet... |
Les anniversaires n'ont pour moi aucune importance, ce qui, soit dit en passant, explique que j'oublie régulièrement le mien ou celui des autres ! La raison n'en est pas un certain esprit de contradiction qui me caractérise, comme on pourrait être tenté de le croire, mais une facette de mon idéologie : il n'est justifié de célébrer que le fruit d'efforts volontaires. Or, vivre une année de plus n'entre pas dans cette catégorie d'évènements : notre nature-même nous pousse à la survie. Alors, pour ne pas sortir du lot en permanence, tel l'éternel bouffon du roi ou l'empêcheur de tourner en rond, j'ai essayé de m'intéresser au rituel de la fête sous un autre angle, en tant que marques d'attention et d'affection. J'en suis arrivé au constat suivant : bien souvent, l'anniversaire est utilisé comme absolution par les invités, soucieux de rattraper par un cadeau le peu d'attention qu'ils ont accordée à l'intéressé pendant le reste de l'année, telle la B. A. Dans le karma ou la confession chez les catholiques. Ainsi, un anniversaire est trop souvent un foyer de justifications des mauvaises actions, ou du moins un acte compensatoire. Donc, puisque cette cérémonie annuelle n'était selon moi légitimée ni par une force de caractère, ni par une moralité positive, il ne lui restait plus qu'une vertu sociale, dont l'anniversaire n'était plus qu'un prétexte. Alors j'ai approfondi, et j'ai fini par trouver : l'anniversaire n'est pas plus un rituel qu'une fête, ni même un prétexte à l'amusement. C'est un symbole, un très fort symbole. L'anniversaire est le jour d'une vie qui crie très fort, tel un pied de nez à cette mort sournoise qui rôde autour de nous à chaque instant, qui proclame à tue-tête, ivre de joie : "Certains m'en ont peut-être cru incapable ; j'ai peut-être eu de la chance ; mais une chose est sûre : j'ai vaincu encore une année de plus, alors que d'autres y ont laissé leur vie ; j'ai eu des hauts et des bas, j'ai bien failli renoncer, mais j'ai triomphé, et rien que pour voir le soleil d'une nouvelle année se lever sur moi, bien vivant, cela valait la peine de me battre !!! ". Et soudain, devant cette belle et éclatante vérité, j'ai compris pourquoi c'était une fête importante, et même essentielle. C'est pourquoi, au delà du symbole de l'éphémérité d'une vie gagnée jour après jour, il faut y voir l'occasion solennelle d'un bilan de l'année précédente, et celle d'un pacte pour l'année qui débute : "Ai-je fait ce qu'il fallait ? Que puis-je faire de plus ? Puis-je être fier de moi ? Qu'ai-je échoué et pourquoi ? ". Cette remise en question, hypocritement ébauchée au jour de l'an, tire dans l'anniversaire sa réelle substance... Aussi sommes-nous forcés de reconnaître que, si l'anniversaire revêt une telle importance, celui de la majorité le dépasse de loin ! En effet, pendant toute l'enfance et l'adolescence, on cherche à se construire, à se trouver, à se tracer un chemin et à se dessiner un avenir et des rêves ; pendant toute cette période, on subit échecs traumatisants et succès de fumée, ainsi que le poids mortel des désespoirs de ceux qui nous précèdent et ont perdu foi en leurs rêves. Cependant, c'est aussi dans cette période, riche en espoir et en force, que l'on puise l'énergie et le courage de toujours continuer à se battre, à résister, à lutter pour nos rêves, pour un avenir toujours plus lumineux. L'entrée dans la majorité est ce carrefour où la société, incroyable rouleau compresseur déshumanisant, attend de chacun de nous qu'il assassine l'enfant qui est en lui pour laisser libre cours à l'animal carnassier que l'on peut être à l'âge adulte, que nous assumions nos responsabilités financières, sociales, fiscales, professionnelles, personnelles, sanitaires, parentales, politiques, familiales ou autres, sans nous plaindre, en nous conformant aux modèles de nos plus insipides prédécesseurs ! A ce point crucial d'une vie, il est utile de faire cette mise en garde contre les dangers que les jeunes et moins jeunes vont affronter, s'ils n'ont pas déjà engagé le combat. Lorsque l'on est adulte, on croit souvent que le bonheur est dans la richesse, la maison, les bibelots que l'on accumule, le travail, le savoir, les amis, le compagnon ou la compagne, les enfants, la santé ou les passions. Le bonheur n'est pas là : il est en chacun de nous, et c'est à travers toutes ces choses que nous le laissons s'exprimer ; c'est par toutes ces choses que nous l'enrichissons. Cependant, tout comme l'argent se dilapide fugitivement, les bibelots se brisent, se perdent, les souvenirs s'effacent, le travail se perd ou se change, les amis s'éloignent et disparaissent, le compagnon ou la compagne changent de compagnie ou meurent, les enfants grandissent et s'envolent du nid, et les passions s'émoussent. Arrive alors un jour où la maison est trop grande et où l'on déménage vers un petit appartement, ou bien où l'on vous relègue dans un hospice minable quand la santé ne suit plus... C'est là qu'il ne faut pas faire l'erreur que font la plupart des gens : croire que le bonheur se limite aux choses que j'ai citées précédemment, ou même omises. Le bonheur ne se limite qu'à la vie ; il est en chacun de nous : peu importent tous les malheurs qui nous accablent, nous portons en nous les outils et la matière nécessaires à notre épanouissement. Ainsi, tels un navire dans la nuit se dirigeait au phare côtier pour éviter les récifs qui l'auraient envoyé par le fond, nous devrons nous guider à la seule flamme de notre espoir dans les méandres de l'existence. C'est cette lumière que nous devrons nous préoccuper d'entretenir, car nous ne pourrons jamais avoir qu'une certitude à travers tout ce que nous construirons ou perdrons : il n'y aura toujours que nous que nous pourrons être sûr de garder auprès de nous. C'est pourquoi nous ne devons jamais oublier qui nous sommes et ce que nous voulons : la mort ne nous le rappellera que trop tard ! Restons toujours fidèles à nous-même, quoi qu'il arrive : lorsque nous nous regarderons dans une glace, au cours de notre vie, nous ne devrons jamais rougir d'avoir trahi notre nature et nos idéaux. Une dernière chose avant de vous rendre votre attention : si j'ai eu l'air de laisser entendre que l'amour et l'amitié n'étaient rien, ce n'était que dans le but d'exprimer plus clairement que nous avons plus d'importance pour nous-mêmes que tous nos amis et amants, puisque c'est en nous que se trouvent les richesses qui nous permettent de créer ces relations. Toutefois, il ne faut surtout pas nous empêcher de tirer de ces liens privilégiés tout le bonheur et le soutien que nous pourrons y trouver ! |
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