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Elle m'en aura fait baver... |
Alors voila, comme je vois plein de gens qui se lancent pour écrire des essais, nouvelles, ou autre textes, je me lance. C'est un texte semi-autobiographqiue qui s'inspire de la chanson de Grand Corps Malade – "Rencontres", et aussi d'une nouvelle de Dino Buzzati - "Pauvre Petit Garçon". |
Je ne me souviens plus vraiment quand j'ai fait Sa connaissance. Pour autant que je me souvienne, je La connais depuis toujours. En tout cas, c'est sur : quand je Lui ai parlé, ça a été un choc ! Au début, je L'ai aperçue qui traînait avec des gens que je ne connaissais pas dans mon école primaire. Ca doit être pour ça que je ne m'intéressais pas trop à Elle. Un peu plus tard, avant d'entrer au collège, je me suis rendu compte que mes potes avaient parfois tendance à L'apprécier. Je ne sais pas ce qu'ils Lui trouvaient ! A l'époque, je n'ai pas su les convaincre qu'ils se fourvoyaient. J'ai bien essayé de leur faire comprendre que ce n'était pas des fréquentations à avoir, certains ne m'ont pas écouté. Ils ont foncé tête baissée dans Ses charmes. Sur le moment, j'ai été déçu de leur réaction, ça m'a dégoûté. J'ai bien essayé de comprendre, vous pensez ! J'ai longtemps tenté de me persuader que peut-être Elle avait beaucoup de conversation, ou qu'Elle ne manquait pas de vivacité... Mais rien à faire ! Elle me dégoûtait. Parfois, quand il m'arrivait des crasses, j'étais presque persuadé que c'était Elle qui avait tout organisé. Je la haïssais. Je me suis même surpris, parfois dans mon lit, à projeter de faire des saloperies à Ses amis pour me venger de Son succès ! Je ne pouvais pas m'attaquer directement à Elle. Elle avait trop de connaissances, c'était comme une mission suicide... Quand j'ai grandi, au moment où on entre au lycée, (et d'après la loi de Murphy) je L'ai retrouvée. Mais Elle avait changé. Comme si au lycée, en classe de seconde, Elle se sentait moins forte, ou je ne sais quoi... Elle a du prendre conscience pour un temps que désormais, nous n'étions plus des enfants, et qu'il fallait se résoudre à faire un peu profil bas. Pourtant, Elle ne pouvait pas s'empêcher ! Je me souviens très bien qu'un jour, elle a même réussi à convaincre un prof que c'était mon meilleur pote qui lui avait lancé un bout de gomme. Vous n'imaginez pas à quel point parfois elle me poussait à bout... J'ai dit qu'Elle avait changé... Oh oui ! Mais en fait c'était pire ! C'était comme si Elle échafaudait des plans minutieux pour énerver tout un chacun. Au fur et à mesure, et puis sans doute avec le début d'une certaine maturité, j'ai continué mon petit bonhomme de chemin en L'ignorant. Tout se passait pour le mieux. J'ai réussi mon bac sans problème. Et puis je suis entré dans une de ces écoles préparatoires, où l'on vous travaille au corps. D'ailleurs, vous savez, les gens d'un peu moins d'une vingtaine d'années qui ont des cernes-valises, et bien ce sont ceux qui fréquentent ce genre d'établissement. Je m'apprêtais donc à travailler d'arrache pieds pour réussir mes concours. Mais comme pour me rappeler mon ancienne psychose, un groupe de personnes que je ne connaissais pas semblait avoir fait connaissance avec Elle par je ne sais quel biais douteux. Ils avaient cette fâcheuse tendance à péter bien plus haut que leur cul. Je reconnaissais bien là l'empreinte de Celle qui avait pourri mon adolescence. Et ma naïveté de l'époque les aidait à assouvir leur besoin de se sentir supérieurs. Ce fut une période difficile, car malgré ma volonté de réussir, je me trouvais régulièrement rabaissé par leurs sarcasmes. En outre, mes difficultés allaient de paire avec ce qui ressemblait de plus en plus à un complexe d'infériorité, fondé d'après desspécialistes', sur ma peur de communiquer avec les gens que je percevais à ce moment là comme Ses amis. J'étais gravement perturbé. Mes amis, dont j'avais fait la connaissance plusieurs années auparavant, étaient tombés d'accord sur ce constat, et m'avaient convaincu de mon besoin de ne plus divaguer. J'ai d'abord accepté, par curiosité, de fumer cette cigarette étrange. Puis j'ai été convaincu. Des mois sont passés, des mois de bonheur. J'ai passé mes concours, et obtenu une école d'ingénieur de bonne réputation malgré mes faibles espérances. Je suis même parvenu à sortir avec une fille que j'aimais énormément, et qui je pense aura changé ma vie. J'en reparlerai. Je n'avais à cette époque-ci plus l'impression d'être dérangé par cette sensation désagréable d'être toujours en contact plus ou moins proche avec Elle. J'en arrivais même à me convaincre qu'Elle n'avait pas été si immonde que je ne le pensais. J'avais presque envie de La revoir. Et là, le destin m'a écouté. Par une journée de février, alors que je marchais dans la rue pour aller voir un ami, je L'ai croisée. Elle avait beaucoup changé. Alors que je n'étais même pas sur de La reconnaître, je L'ai abordée. Par sa réponse, j'ai tout de suite compris qu'Elle se souvenait de moi. Et par mes propos, elle a visiblement rapidement compris qu'on pourrait s'entendre. Nous avons beaucoup discuté, par-ci par là. Elle a même fait la connaissance de ma copine (celle que j'avais évoquée), qui apparemment ne L'aimait pas trop. Vous me direz, c'est logique, vu qu'Elle prenait à ce moment là une grande place dans ma vie. Ca a été sentimentalement dur à supporter, et on en discutait beaucoup avec Elle. Finalement, j'ai fini par écouter Ses conseils, qu'Elle me rabâchait depuis plusieurs semaines, et j'ai quitté ma copine. Aujourd'hui, il me semble qu'on perd plus ou moins contact, Elle et moi. Mais qui sait ? Peut-être - sans doute - qu'un jour on se recroisera ! Au fait, je vous ai dit Son nom ? Non, il ne me semble pas. Elle s'appelle Connerie. |
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