Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
"L'homme nait libre, responsable et sans excuse"... |
Être enceinte c'est un moment important pour une femme. On projette son enfant, on cherche des prénoms : pour fille, pour garçon... Mais pour moi, adolescente, je n'étais pas en mesure de garder un enfant car je ne voulais ni abandonner ma vie en assumant une autre, ni être une femme+maman à seize ans. C'est pourquoi j'ai avorté. |
C'est mon infirmière scolaire qui m'a annoncé que j'étais enceinte car c'est par son biais que j'avais contacté le planning familial. Je ne me rappellais plus la date de mes dernières règles et plus le temps passait, plus l'angoisse de ne rien voir venir pesait sur mon estomac et sur celui de mon copain. C'est une angoisse terrible et qui s'accroit lorsque l'on y ajoute les cours, le stress des sollicitations extèrieures comme les activités sportives ou autres... Elle atteint son paroxisme lorsque l'on vous dit que pour avorter vous devez vous débrouiller seule. Contacter les hopitaux, faire des prises de sang et réussir à gérer votre état. Bien sûr j'aurai pu demander de l'aide à mes parents mais qu'aurais je bien pu leur dire. Ils détestaient mon copain, nous avions une relation très conflictuelle et je ne pouvais pas parler de sexualité avec mes parents parce qu'ils n'auraient rien voulu entendre. C'est normal d'ailleurs car se dire que sa fille fait l'amour alors qu'on la considère toujours comme son "petit bouchon" qu'on fait sauter sur ses genoux... Le choc aurait été traumatisant pour eux. Mon copain a contenu sa peur pour me soutenir et ce soutien a été fondamental pour moi. J'ai un caractère fort, qui peut supporter beaucoup de choses mais les nausées dès le matin, dans la journée pour une simple odeur. Les sauts d'humeur, les fringales et la peur panique que le temps qui nous est imparti est peut être arrivé à terme. J'ai appris que j'étais enceinte juste avant la période de Noël et pour prendre un rendez vous dans un hôpital alors que les médecins prennent leur vacances, ça devient vite une affaire de sangfroid. Au bout du téléphone, une secrétaire qui vous répète que le premier rendez vous ne pourra être pris qu'à partir de début janvier... Mais moi, je ne sais pas de combien de semaines je suis enceinte et la loi m'interdira d'avorter après un certain délai. Mon copain ne se voit pas père et le stress le fait s'interroger : ne faudrait t-il pas prévenir un parent pour nous aiguiller ? Non, je ne voulais pas ! Nous avions fauté, il fallait s'en sortir par nous même. De plus la simple idée que mes parents puissent me regarder comme une pêcheresse me paraissait insoutenable, tant la honte m'aurait frappé. Mais mon copain était majeur et donc il a pu signer les papiers lorsque nous avons réussi à obtenir un rendez vous dans une clinique "spécialisée" ou du moins réputée pour ce genre d'intervention. Tous les examens on pu être faits en moins d'une semaine, le soir de Noël je me suis efforcée de manger sans rien laisser paraître : huïtres, escargots... Le gout des aliments change tellement quand les hormones travaillent ! Ce n'est pas exactement comme lorsqu'on est malade, où la nourriture devient fade : la nourriture change de goût. J'adore les coeurs de palmier : et bien, j'ai été dégoutée de ce délicieux légume pendant toute cette période et même après... Je me suis fait opérer (le délais pour suivre un traitement médicamenteux était dépassé) trois jour avant le Jour de l'An. D'ailleurs quand je suis rentée en cours, quand tout le monde m'a demandé se que j'avais fait pour le Jour de l'An, les gens se sont moqués de moi quand je leur ai menti en disant que je n'avais pas envie de sortir ce soir là. Je ne me suis pas rendue compte de la portée de mon acte, d'enlever la graine de vie qui allait peut être donner un beau bébé. Mais dans l'instant on ne pense qu'à soit. Quand je demandais à mon copain si je ne faisais pas une erreur, j'étais rassurée et confortée dans ma décision quand il me disait qu'on était pas assez mature pour élever un enfant, que nos études étaient plus importantes et qu'on rendrait malheureux un enfant qui aurait été jugé comme une erreur par nos parents respectifs. Cet enfant aurait eu 16 ans que j'en aurais eu seulement 32 ans. Je ne peux pas concevoir qu'à seize ans j'aurais pu avoir des parents de 32 ans, sans argent et incapables de comprendre mes problemes parce qu'il n'auraient pas été assez matures. Aujourd'hui je me dis que je ne peux pas regretter se que j'ai fait parce que je l'ai choisi... Je suis responsable et sans excuse mais étant donné que je n'ai pas l'approbation de celui qui n'a jamais existé j'aurai toujours une part de tristesse et d'amertume. Je voudrais dire à tous les parents qui ont gardé leur bébé alors qu'ils étaient très jeunes que je les admire et je voudrais dire aux gens comme moi qu'ils sont très courageux de prendre la même décision car c'est très difficile. Je remercie mon copain d'avoir été là pour moi. J'espère qu'un jour j'aurais le courage de l'avouer à mes parents... |
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