Retiens-moi

Je marche droit devant. Je ne dois pas me retourner. Il ne faut surtout pas que je me retourne. Si je croise ton regard, je n'aurais jamais le courage de partir. Mais ces yeux m'ont trop longtemps retenue. Mille fois j'ai ravalé mes larmes et ma fierté et je leur suis revenue. Mille fois j'ai pensé que tu changerais et mille fois je me suis trompée. C'est dingue. C'est dingue qu'une fois dans tes bras je puisse oublier toutes les méchancetés que tu m'ais dites. C'est dingue d'être aussi stupide. La capacité qu'a le cerveau humain à oublier la douleur... Et on a beau savoir que ça recommencera, au fond on espère toujours que ça change. Même au bout de mille fois, même au bout de quatre ans. Mais cette fois je ne me laisserais pas avoir. Tu as été trop loin, je ne peux plus supportais ça.

Je continue mon chemin mais déjà je commence à ciller. Je sais que je ne pourrais pas tenir. J'ai envie de regarder. Juste une seconde, juste pour voir si tu m'attends toujours. Non ! Il ne faut pas !

Je m'éloigne de plus en plus et soudain je me prends à espérer que tu me suis. J'espère que tu vas me courir après, j'espère que tu vas me retenir ! Je ferme les yeux un instant et j'imagine que tu attrapes mon bras, que tu me dises que tu regrettes, que tu m'aimes trop, que ce serait vraiment trop dommage de tout arrêter après tous les petits-déjeuners que l'on a partagé, après tous les trajets en train que l'on a fait l'un pour l'autre, après tous les travers que l'on s'est découverts qui nous ont fait peur et qui nous ont fait rire, après le hors forfait abyssal que nos portables ont connu, après tous les baisers, caresses, chatouilles, gratouilles que l'on s'est donné...

Retiens-moi ! Ne me laisse pas m'en aller, pas de cette façon, pas au coin d'une rue ! Notre amour est plus fort que ça, non ? Je veux t'entendre me dire que c'est trop bête. Je veux que tu m'embrasses comme tu le fais lorsque tu veux mettre fin à une dispute. Je veux que tu me sers très fort contre toi et que tu me dises "rentrons à la maison". Je te suivrais, sûre que je le ferais...

Les secondes défilent, je n'en peux plus, j'ai vraiment trop envie de savoir. Je te cherche parmis la foule. Rien. Je regarde au croisement où l'on s'est quitté. Tu n'es plus là. Tu n'as même pas essayé.
Je suis partie une fois de trop.