Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Conscience/Inconscient


Qu'est-ce que la conscience ? Réponse dans cet article...



La conscience de soi paraît être immédiate

Le mot conscience a eu pendant longtemps une signification morale. La conscience est en ce sens un conseiller qui nous avertit de ce que nous devons faire et c'est aussi un juge qui se prononce sur ce que nous avons fait. Tel est le sens de l'expression "avoir mauvaise conscience".

C'est avec Descartes que la notion de conscience cesse d'être employée dans le sens de "conscience morale" - pour désigner comme l'indique l'étymologie du mot (du latin conscientia, cum scientia : avec savoir) – la connaissance que l'esprit a de lui-même. Le sujet ne peut éprouver des sensations, des sentiments, avoir des pensées sans qu'il sache ou sente que c'est lui qui les éprouve ou les pense. La conscience c'est donc le savoir qui accompagne nos représentations ou nos états de conscience.

Comme expérience, la conscience est un fait indéniable. Elle a pour elle le poids de l'évidence. La conscience paraît être pour chacun, l'objet d'un savoir immédiat. Le sujet qui pense, ne sait-il pas aussitôt ce qu'il pense ? Et celui qui est triste, ne sait-il pas qu'il est triste ? Il n'est pas un seul fait psychique qui ne soit accompagné de conscience : sans conscience, pas de plaisir, ni de douleur, pas de sensation, pas d'idée ni de jugement, pas de volonté. La conscience est donc la condition de tous les faits psychiques. Je ne peux avoir conscience de moi-même sans avoir conscience de moi sentant, pensant ou voulant.


La conscience devient conscience d'elle-même par la négation de ce qui n'est pas soi

Mais ce prétendu savoir immédiat de la conscience n'est-il pas un leurre ? Certes Descartes parle d'une saisie de la conscience par elle-même, mais celle-ci n'a rien de commun avec une simple prise de conscience immédiate de soi. Ce n'est qu'au terme d'un processus de négation de ce qui n'est pas elle que la conscience se saisit d'elle-même, devient conscience de soi.

La situation de l'homme épris de certitude est déprimante. Descartes se résout donc à ne chercher la vérité qu'en lui-même. C'est le point de départ d'un programme ambitieux : recommencer à philosopher comme si personne n'avait pensé auparavant.

Le but de Descartes, c'est donc la recherche de la vérité. Comment distinguer l'évidence de la pseudo-évidence ? Comment savoir avec certitude que ma certitude est bien le fait de la raison ? Une seule méthode : commencer par douter, pousser le doute jusqu'au bout. C'est au terme d'un doute totalitaire, radical, méthodique (Première Méditation), que Descartes rencontre une idée claire et distincte, une idée qui résiste à tous les efforts du doute : "il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit" (Méditation Seconde).

Je suis, j'existe, mais que suis-je sinon une chose qui pense, c'est-à-dire une âme ou un esprit ? De cette vérité (le fameux cognito), Descartes en déduit la distinction nécessaire entre deux substances, l'âme et le corps, dont la première est plus facile à connaître que la seconde, car elle est première dans l'ordre de la découverte de la vérité. Aussi à la fin de cette Méditation Seconde des Méditations Métaphysiques (publiées en latin en 1641, puis français en 1647), on peut lire : "Je connais évidemment qu'il n'y a rien qui me soit plus facile à connaître que mon esprit".
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