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Son pire ennemi |
Un homme. Un pistolet. Un ennemi. Il est né tueur. Mais son ennemi l'empêche de tuer. C'est l'histoire d'un homme derrière son pistolet. Un homme guetté par son pire ennemi. |
Une fois de plus, Léo court pour sa vie. Et une fois de plus, c'est à cause de son pire "ennemi". Il est fatigué à présent. Vraiment fatigué. Mais il ne peut pas s'arrêter. S'il s'arrête, c'est pour l'éternité. Il était sûrement le pire tueur qui n'avait jamais existé. Tout ça, c'est encore la faute à son pire "ennemi". C'est toujours la faute de son pire "ennemi". Cet "ennemi" redoutable se trouve partout là où il se trouve. Il le suit sans cesse, peu importe où il va et ce qu'il fait. Il est comme son ombre, ne voulant jamais le lâcher. Son pire "ennemi" ne l'a jamais laissé tranquille. Il aurait pu être riche, Léo, et il le serait sûrement sans l'intervention de son pire "ennemi". Alors qu'il aurait pu accepter ce travail que lui avait proposé la Confrérie et tirer une balle dans la nuque de ce sénateur débile, son pire "ennemi" était sorti de son ombre et l'avait obligé à rompre le contrat à la dernière minute sous prétexte que sa cible est en fait l'un des derniers sénateurs qui n'étaient pas encore plongés dans la corruption. Mais peu importe, il avait épargné l'argent d'une balle et avait perdu quelque cent milles dollars, pas de drame. Il avait quand même droit à un bonus, après tout, celui d'être le premier sur la liste noire de la Confrérie parce qu'il s'était débarrassé au contraire de quelques autres tueurs envoyés pour exploser la cervelle à ce pauvre con de sénateur. Il pouvait quand même être fier de lui-même, car sa tête valait alors aussi chère que celle du sénateur. Mais alors qu'il avait pris la fuite durant plus de six mois, sans jamais avoir eu le temps de se reposer ou de prendre une douche chaude en toute tranquillité, son pire "ennemi", lui, s'était retiré tout doucement et l'avait laissé tout seul pour affronter ses problèmes. Que Léo le détestait, cet "ennemi" ! Enfin, après quelques années de silence, l'affaire était devenue calme. Et sa situation économique, lamentable. Il devait donc reprendre son vieux travail. Cette fois-ci, il était pas mal plus chanceux. Sa cible était un des chefs de la Triade chinoise. C'était évident que cette fois-ci son "ennemi" ne viendrait pas se mêler de ses affaires. Que pouvait-il dire d'un chef de gangs qui passait son temps à tuer ? Rien. Alors il le tua. Mais d'autres problèmes, ceux qu'il n'avait jamais connus, commencèrent à le tracasser. Il aurait dû éliminer la famille entière comme c'était écrit dans le contrat. Mais non. Son pire "ennemi", dont il croyait s'être débarrassé pour une fois, sortit de nulle part et lui interdit de tuer la petite fille de cinq ans et le petit garçon de sept ans sous prétexte que les enfants étaient innocents. Et il força Léo à les cacher à l'insu de son employeur et à les élever lui-même. Le temps passa sans que rien ne se complique davantage. Mais, voilà que les enfants avaient grandi et avaient appris tout ce que lui, Léo, était capable de faire (tuer, notamment... Léo ne sait pas faire grand-chose d'autre...), ils avaient appris Dieu sait comment (probablement que son pire "ennemi" le savait mieux que Dieu...) que leur père adoptif était le meurtrier de leur vrai père. Ils voulaient alors, honteux d'avoir été si longtemps aveugles, se venger à tout prix. Et Léo était donc obligé de fuir de nouveau, en laissant derrière lui toute sa fortune aux enfants car son "ennemi" l'empêchait encore une fois de les abattre, en proclamant sans rougir qu'ils étaient en quelque sorte ses propres enfants. C'était alors que Léo ne pouvait s'empêcher de vouloir donner une raclée à cet "ennemi" juré, qui, comme d'habitude, s'était caché soigneusement après que les choses commencèrent à aller mal. Et bref. Alors que Léo croyait avoir la paix pour un bon bout de temps en se cachant dans le ténèbre d'un quartier pauvre, son pire "ennemi" sortit de sa pénombre et vint chambouler de nouveau son existence. Lorsqu'il ne pouvait plus supporter le regard curieux d'une petite fille pauvrement habillée au point de vouloir sortir son fusil (ou plutôt son portefeuille), il lui avoua qu'il était un tueur professionnel pour qu'elle puisse le laisser tranquille. Il lui expliquait qu'il tuait surtout pour de l'argent, mais qu'il pouvait tout aussi s'ennuyer de temps en temps et tuer quelques petites filles pour se divertir... À l'instant même, il sentit l'odeur de son pire "ennemi" qui s'en venait à toute vitesse, choqué par ses paroles. La fillette maligne, elle, en entendant cela, n'avait pas du tout peur de lui. Elle lui demanda au contraire de tuer quelqu'un pour elle. Il était stupéfait, estomaqué, paralysé. Son pire "ennemi", qui venait d'arriver essoufflé, l'était aussi d'ailleurs. Mais la fillette, mine de rien, lui proposa de tuer l'assassin de sa mère, en échange de... Deux dollars et trente-quatre cents, plus un ourson en peluche manquant une jambe et un œil. Léo trouvait cela ridicule. Mais son pire "ennemi", lui, était plus qu'ému devant cette histoire de vengeance et la soi-disant détermination de la petite fille. Ainsi, sous la pluie de larmes de son pire "ennemi", Léo devait prendre le travail... Pour deux dollars et trente-quatre cents (il doutait de la véracité de l'un des billets d'un dollar, mais bon...) Il n'avait pas pris l'ourson, trouvant que c'était bien trop sale à son goût. Mais lorsque Léo comprit que sa cible cette fois-ci était le chef de la Confrérie, il regrettait de ne pas avoir pris l'ourson aussi. Mais surtout, il regrettait de ne pas avoir donné une raclée à ce salaud d'"ennemi" qui la méritait si bien... Mais un marché est un marché. Il ne pouvait plus refuser à présent. Il n'avait jamais brisé un contrat auparavant (sauf lorsqu'il épargna le sénateur, mais c'est une autre histoire...). Il partit donc tuer le fondateur de la Confrérie, la plus puissante mafia jamais existée dans l'histoire de l'humanité pour... Deux dollars et trente-quatre cents. Il avait risqué au moins cinquante-six sa vie avant de descendre sa cible, sans toutefois compter le nombre de fois qu'il devrait la risquer après l'avoir descendue. C'est ainsi qu'il doit encore courir pour sauver sa peau, grâce à qui ? Son pire "ennemi". Des fois, il a vraiment envie de lui donner une raclée, vraiment, surtout lorsqu'il ignore s'il peut encore survivre jusqu'au lendemain pour le faire. Mais il ne peut pas. Car ce pire "ennemi" de Léo, c'est sa conscience. La conscience d'un homme derrière son pistolet. (fin) |
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