Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La porte de la liberté


Voici la première nouvelle que j'ai écrite à l'âge de quinze ans. Celle-ci est très chère à mon cœur car les personnages sont réels, non fictifs.



Chers amis, je n'ai pas de regret, si cela n'est le manque de liberté personnelle que j'ai. Vous voyez, ma vie n'est qu'un ravin dans lequel je ne peux remonter. Il n'y a ni corde, ni personne. Je suis complètement seule face à ce vide que j'ai devant moi. Je ne vois pas le ciel tant le ravin est profond. Je suis perdue, désemparée... Je ne sais plus quoi faire... A ce moment-là, je vois un trou dans la paroi, qui me semble être une porte. Mais celle-ci est beaucoup trop haute pour que je puisse l'atteindre. J'entends un cri strident venant de cette porte. Alors, je tente d'escalader la paroi afin de voir ce qui se passe. La force réussit à m'amener en face de la fameuse issue. Maintenant que j'y suis, il m'est impossible de reculer. J'ouvre la porte et je vois un homme d'un certain âge barbu et habillé d'une soutane. Je dirais qu'il est en lévitation dans un vide de couleur bleu. Oui, c'est bel et bien lui. C'est Dieu en chair et en os. En m'observant avec un regard étincelant, il me dit :
"Mademoiselle, je vous souhaite la bienvenue au paradis.
_ Pourquoi suis-je ici ? Ne suis-je pas décédée ?
_ Non, ne craignez rien. Une dame bien sympathique que vous connaissez très bien m'a chargé de vous retrouver pour elle.
_ Qui est cette dame ? "
Une dame aux cheveux blancs frisés apparaît derrière Dieu. Je comprends tout tout de suite. Je cours dans ses bras, les yeux en larme, en criant : "Grand-mère ! ". Nous partageons ce moment unique au monde. Elle est resplendissante de vie, elle est belle, elle a ses deux bras et ses deux... Jambes. En trois mots, je suis heureuse.
Une fois les retrouvailles faites, je lui pose plein de questions à propos de son arrivée au paradis. Elle me répond :
"Tu sais, Julie, il ne faut pas croire que je suis malheureuse ici. Regarde par toi-même, j'ai retrouvé l'usage de mes deux jambes. Je peux à nouveau marcher. Ce fut la première chose dont je m'étais aperçue. Grâce à cela, j'ai enfin pu retrouvé le sourire."
Elle a raison puisqu'elle me sourit en ce moment même.
Sinon, je la revisualise déshydratée dans son lit à l'hôpital. Donc, je lui demande avec beaucoup d'estime :
"Grand-mère... La dernière fois que j'ai été te voir à l'hôpital, lorsque tu étais déshydratée, pourquoi m'as-tu regardé comme si tu me lançais un appel au secours ?
_ Non, Julie. Ceci n'était pas un appel au secours. Loin de là... Au contraire, je te regardais pour la dernière fois de ma vie. Certes, cela a beau n'avoir duré que quelques secondes. Cependant, tu ne peux pas savoir combien j'étais fière de toi. Je me suis rende compte que tu avais grandi trop vite pour moi. Je t'avais vu toute petite et là, tu es devenue une belle jeune fille. Je sais très bien que je n'ai pas fait grand-chose pour toi et que j'en ai fait plus aux autres qu'à toi. Je te demande pardon, ma petite-fille.
_ Ecoute, j'en ai beaucoup souffert après ton décès. Là, je te le demande et réponds-moi sincèrement : est-ce que tu préférais tes autres petits-enfants que moi ?
_ Oui et je le regrette. J'ai élevé certains de mes petits enfants comme s'ils étaient mes propres enfants. J'ai parfaitement conscience que mes enfants ainsi que mes autres petits-enfants, dont toi, en ont subi les conséquences. Hélas, il est trop tard pour leur dire...
_ Mais grand-mère, n'oublie pas que je discute avec toi alors que tu es décédée. Je peux leur délivrer un message de ta part si tu le veux.
_ D'accord. Alors, dis leur que je les aime très fort, que je m'aperçois que ma maladie leur a fait perdre du temps et je le regrette énormément. Je ne voulais pas les faire souffrir, encore moins les faire pleurer. Je dis cela car le jour de mon enterrement, j'ai vu la scène. Il y avait beaucoup de monde qui versait des larmes sur mon sort. Je vous remercie tous chaleureusement pour la profonde sympathie que vous avez fait peuve chaleureusement envers moi. Je t'embrasse bien fort, ma puce. Au revoir."
Sur ces mots-là, elle disparaît en laissant derrière elle une clef. Je me demande à quoi elle peut servir. Tant pis, je la range précieusement au fond de ma poche. Je sens une petite tape amicale sur mon épaule. Je me retourne et Dieu m'adresse la parole :
"Il y a une autre personne qui aimerait vous voir.
_ Qui est-ce ?
_ A vous de le découvrir, mademoiselle. Suivez-moi, je vous en prie."
Ainsi, je vais vers la direction que Dieu m'a indiquée. Au loin, il y a un homme brun aux cheveux mi-longs, ayant des airs de ressemblance avec Serge Gainsbourg.
"Tu vas bien, ma poule ?
_ Comment osez-vous ??? Je ne vous connais pas !!!
_ Alors, tu ne me reconnais pas, Aurélie ? Tu as beaucoup changé !
_ Je ne suis pas Aurélie, mais sa sœur, monsieur.
_ Tu me prends vraiment pour un imbécile ? ! Aurélie n'a jamais eu de sœur ! Je m'y connais, je suis son oncle tout de même !
_ C'est toi, tonton Claude ?
_ Ben oui, qui veux-tu que ce soit ? !
_ Ecoute, excuse-moi mais il y a un malentendu. Tout à l'heure, je t'ai dit que j'étais la sœur d'Aurélie.
_ Encore la même rengaine à ce que j'entends...
_ Peux-tu me laisser t'expliquer, s'il te plaît ? Tu vois, trois ans après ton décès prématuré, je suis née. Donc, je ne t'ai pas connu. Je m'appelle Julie et j'ai quinze ans. Je suis ton autre nièce.
_ Viens dans mes bras, ma puce. Excuse-moi pour ce que je t'ai dit.
_ Cela n'est pas grave, tonton. Tu ne pouvais pas savoir.
_ Ceci est vrai, Julie."
Dès qu'il prononce mon prénom, je sens ma poitrine rythmée par les battements de mon cœur qui accélèrent. J'aime entendre cette douce voix inconnue prononcer mon prénom.
"Tonton, j'aimerais tellement rattraper le temps perdu pour apprendre à te connaître.
_ Moi aussi, ma coccinelle en or.
_ Je ne te connais pas encore suffisamment, mais je t'aime déjà tellement.
_ Que tu le veuilles ou non, ma biche, tu as mon sang.
_ Mais je le veux, tonton !"
De cette manière, nous nous apprenons à nous connaître avant de nous dire adieu.
Cette fois-ci est la bonne. Je repars dans le monde des vivants. Dieu me fait sursauter :
"Vous nous quittez déjà ?
_ Oui, malheureusement ? Au fait, ma grand-mère m'a donné une clef en or. A quoi sert-elle au juste ?
_ Vous savez, elle tenait énormément à vous revoir au paradis ainsi que votre famille. Donc, elle vous a donné la clef de la porte par laquelle vous êtes entrée.
_ Dites-lui que je n'y manquerai pas. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et au revoir.
_ A bientôt, mademoiselle."


Le retour chez moi

Je me dirige vers la porte et comme par miracle, je suis sortie du ravin. Je cours vers ma maison. Je raconte toute mon aventure à mes parents. Au début, ils n'en croient pas un mot. Mais dès l'instant que je leur montre la clef en or que grand-mère m'a donnée, ils lèvent les yeux vers le ciel et peuvent distinguer les visages de Dieu, de grand-mère puis de tonton Claude nous sourire.
"Alors vous me croyez à présent ?"
Après un long silence, maman me répond :
"Oui, nous te croyons ma puce.
_ Mais comment est-ce concevable que nous le voyons ?
_ Papa, ces trois personnes veulent vous délivrer un message, comme à moi. Alors, il faut qu'on y aille tous ensemble. Allons voir tonton Pascal et tata Marie, tata Catherine et tonton Martial !
_ D'accord !"
Aussitôt dit, aussitôt fait ! A peine arrivés chez tonton Pascal et tata Marie, papa et maman leur crient de vive voix avec enthousiasme :
"Vous ne devinerez jamais ce qui est arrivé à Julie ? !"
Tonton et tata me regardent tous les deux l'air abasourdi :
"A cœur ouvert, nous ne voyons pas."
Je suis tellement sous le choc de l'émotion que je n'arrive pas à leur expliquer la moindre chose, jusqu'à m'effondre en larmes. Tonton observe tata me consoler :
"Qu'est-ce qui se passe Julie ? Cela ne va pas ?
_ Non, tata. Je vais même très bien !
_ Alors, pourquoi pleures-tu ?
_ La situation est délicate à décrire."
Mes parents leur expliquent à ma place :
"Vous voyez, Julie a été exploré la faune et la flore dans un ravin.
_ Un ravin ? !
_ Oui, afin d'être en contact avec la nature comme elle le dit si bien. Bon, je continue. Elle n'avait pas de quoi remonter à la terre ferme. Dans ce cas, elle essaya d'escalader la paroi puis elle vit une porte. Ensuite, elle la poussa et de l'autre côté, se trouvait le paradis.
_ C'était quoi ? ! La paradis ? !
_ Je sais, cela est difficile à croire mais elle a vu ma mère avec ses deux jambes et Claude."
Tonton se tourne vers moi :
"C'est vrai Julie ?
_ Oui, tonton, je te le promets.
_ Je dois absolument aller parler à Claude.
_ D'accord mais d'abord, nous allons tout raconter à tonton Martial et tata Catherine également. Ils ne vont pas en revenir non plus !"
Nous prenons la voiture de tonton Pascal pour aller à Bresles. Je les vois et je crie :
"Ils sont là !
_ Arrête-toi Pascal !"
Il freine brusquement en hurlant à tata Marie :
"Je fais ce que je peux !
_ Tata ! Tonton !
_ Que faites-vous là ?
_ Nous avons une histoire incroyable à vous raconter !"
Nous leur expliquons une nouvelle fois rapidement et tous ensemble, nous descendons dans le ravin.


Les retrouvailles touchantes

Face à la porte, je leur recommande quelques conseils :
"N'ayez pas peur du vide en entrant : c'est le ciel. Ne vous faites pas de souci, nous pouvons quand même marcher sans tomber. Vous allez voir Dieu en chair et en os. Je vous rassure, il est très aimable."
Ceci dit, je pousse la porte et je revois Dieu toujours aussi radieux qu'à notre première rencontre :
"Bonjour mademoiselle. Je suis heureux de vous revoir parmi nous. Je suppose que c'est votre famille.
_ Oui, et je leur ai tout raconté, bien sûr.
_ Entendu. Suivez-moi."
Dieu nous emmène à une porte faite en nuage avant de nous quitter. Nous apercevons grand-père Louis de loin. Il est jeune et beau. Il adresse la parole à papa et tonton :
"Mes petits garçons, je voulais absolument vous voir. Où sont Thierry et Ani
_ Thierry ne pouvait pa venir car un empêchement le retenait. En ce qui concerne Yani, nous avons eu une querelle avec elle il y a longtemps. Tu ne t'en souvien pas ?
_ Non, mes enfants. Je suis désolé. Vous savez, votre père est peut-être jeune physiquement mais il est vieux dans sa tête.
_ Ne dis pas de pareilles sottises, papa. Tu as toujours été jeune pour nous. Tes précieux conseils nous ont aidé à devenir des hommes.
_ Je m'en réjouis, mes fils."
Tous les trois se serrent tendrement. Tonton continue son discours :
Ecoute papa. Je sais que nous n'étions pas toujours gentils à ton égard, mais comprends-tu que nous voulions seulement ton bien ?
_ Oui, à mon insu...
_ Honnêtement, nous avons des remords de t'avoir fait beaucoup de peine.
_ Ne vous excusez pas, mes enfants. Au contraire, je suis fier de vous. Vous avez été là pour moi depuis le décès de votre mère jusqu'à la fin de ma longue vie."
En entendant ces quelques phrases de la bouche de leur père, tonton et papa s'effondrent en sanglots. Grand-père leur dit avec affection et tendresse :
"Ne pleurez pas. Je suis là. Vous êtes de grands garçons à présent.
_ Pas quand tu es avec nous, papa.
_ Merci, ce que vous me dites me touche au plus profond de mon cœur. Désormais, je crois qu'il est temps de nous quitter. Votre mère vous attend assise sur le banc là-bas."
Après les dernières embrassades, nous nous dirigeons vers la banc sur lequel grand-mère est assise. Elle tourne la tête puis crie en pleurant :
"Mes fils ! Venez dans mes bras !
_ Maman !
_ Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous m'avez manqués, mes chéris !
_ Toi aussi maman !"
Après ces retrouvailles émouvantes, elle se tourne vers moi en disant :
"Je te reconnais, toi. Tu es Julie.
_ Oui grand-mère... "
Je n'ose pas aller l'embrasser car je la connais à peine. Tonton me rassure en me poussant tendrement vers elle :
"Va l'embrasser. Elle est très gentille. Elle ne te fera pas de mal. Tu n'as pas à avoir peur d'elle. Crois-moi... "
Je la serre dans mes bras enfin. Son doux parfum me fait penser à l'odeur des champs de bleuet.
"Grand-mère, j'aurais tant aimé te connaître mieux.
_ Ne t'inquiète pas, ma pimprenelle. Nous aurons tout le temps devant nous. Je me souviens de toi : je t'avais porté à bout de bras vers le fond de mon jardin pour que tu voies l'école maternelle. N'est-ce pas Jocelyne ?
_ Oui, c'est exact. Et je vous ai réprimandé car vous étiez gravement malade.
_ Oh oui, je le savais mais je voulais que ma petite fille voie où elle allait passer sa scolarité. J'en étais bien consciente, ma belle-fille. J'ai éprouvé de la douleur ce jour-ci, Jocelyne.
_ Je vous prie de m'en excuser, Simone.
_ Il n'y a aucun problème. Et puis, ceci est du passé. Maintenant, nous sommes tous à nouveau réunis. L'ambiance est si joyeuse que je vais vous présenter une grande amie. Venez avec moi."
Nous reconnaissons tous la vieille dame unijambiste. Mais cette fois-ci, elle a réellement ses deux jambes. En voyant ce miracle tombé du ciel, tata Catherine et maman se sont précipitées vers leur mère puis elles se sont blotties dans ses bras :
"Maman, cela fait tellement longtemps !
_ Oh, pas si longtemps que cela, mes filles...
_ En tout cas, pour nous, cela nous a paru une éternité !
_ Je ne vous le cache pas : à moi aussi... Votre père n'est pas venu ?
_ Non, et nous en sommes désolées. Il ne pouvait pas venir, nous devions descendre un ravin, tu comprends ?
_ Oui, mais grâce aux pouvoirs de Dieu, il aurait pu facilement le descendre. Mais cela n'est pas grave...
_ D'accord. Sinon, auparavant, tu avais Julie.
_ C'est bien cela, et je vois qu'elle a gardé précieusement la clef en or que je le lui avais confié. Je vois aussi qu'elle vous a tout dit du début jusqu'à la fin.
_ Oui, absolument tout, grand-mère.
_ C'est bien, ma petite-fille. Sachez que je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi durant ma longue maladie de neuf mois. Votre présence était le plus beau des cadeaux. Je pense que je vous ai fait perdre votre temps.
_ Ne dis jamais cela, maman ! Nous t'aimons ! Nous aurions fait n'importe quoi pour rallonger ta vie, ne serait-ce que de quelques mois !
_ Oh oui. Je n'en doute pas, mes enfants... Avant de vous dire au revoir, n'oubliez jamais que je voue remercie infiniment et que je vous veillerai depuis là-haut. Je sera votre vont étoile en quelque sorte, disons...
_ Non maman, c'est nous qui te remercions de nous avoir donné la vie.
_ Au revoir, mes anges."
Ah ! Voilà encore tonton Claude qui apparaît en faisant une surprise à tonton Pascal et à papa :
"Salut mes vieux frères !
_ Claude ! Quelle surprise de te voir !
_ Eh oui ! Vous voyez, je n'ai pas changé d'un millimètre !
_ Toujours aussi farceur à ce que nous voyons !
_ Il faut bien rire ! Sinon, nous pleurerions tout le temps !
_ Nous sommes totalement d'accord avec toi !
_ Pour fêter nos retrouvailles, allons boire un verre !"
C'est à ce moment-là que nous entendons un bouchon de champagne qui saute.
"On m'appelle ? !"




FIN
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