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L'inconscient est-il une fatalité ?


Une aide précieuse en philo, une dissertation sur laquelle j'ai passé pas mal de temps ! Je la mets en ligne pour qu'elle serve d'aide éventuelle... Très bien notée, dites moi ce que vous en pensez ! Bonne lecture.



L'inconscient désigne l'ensemble des processus psychiques qui échappent à la conscience. Chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques, c'est-à-dire des pulsions, des désirs ou encore des souvenirs qui sont refoulés hors de la conscience mais qui demeurent cependant actifs. En d'autres termes, selon la psychanalise freudienne, ces pulsions refoulées influent sur mon comportement. L'inconscient devient alors un lieu de conflits psychiques auquel je n'ai pas accès. La fatalité, c'est ce qui arrive nécessairement sans que l'homme par sa propre conscience ne puisse intervenir pour en changer le cours. C'est un déterminisme impossible à détecter et à surmonter.
Depuis la naissance de la psychanalise freudienne, l'homme utilise de plus en plus la notion d'inconscient pour expliquer des pathologies auxquelles on ne trouve pas de causes, au niveau du corps ou de l'esprit conscient. Dans ce sens, on attribue à la notion d'inconscient une capacité d'action sur le corps ou l'esprit. Mais la question sur l'existence et la vraie nature de la capacité d'action de l'inconscient se pose. Chaque sujet possède-t-il vraiment un inconscient ? Cet inconscient serait-il alors capable d'introduire une certaine fatalité dans l'existence humaine ? Le déterminisme psychologique serait alors absolu. Suis-je soumis corps et âme à mon inconscient de sorte que quoique je fasse, il me déterminera ou bien mon inconscient n'existe pas ou n'est-il qu'une nécessité et dans ce cas, je reste libre à l'intérieur de certaines exigences ? Une nécessité n'est pas une fatalité dans la mesure où je peux lutter contre elle, je peux construire ma vie à l'interieure de celle-ci.
Dans un premier temps, nous montrerons que l'inconscient ne peut pas être qualifié de fatalité. Dans un deuxième temps, nous verons que malgré tout, la conscience n'est pas maitresse de tous les états de conscience qui viennent à elle et qu'une grande partie de ce qui se passe en moi dans mon psychique, ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi. Pour terminer, nous montrerons que l'on ne peut admettre l'idée du déterminisme psychologique absolu car il dépossède l'homme de toute liberté mais aussi de toute responsabilité morale et juridique.


Avec Descartes, le sujet se défini d'abord et surtout par la conscience qu'il a de lui même. Ainsi, je suis conscient de tout ce qui se passe en moi. De même, dans sa critique adressée à Freud, Sartre fait remarquer que la conscience connait ce qu'elle refoule. En effet, comment pourrait-on concevoir une conscience qui ignorerait ce qu'elle refoule ou rejette ? Si elle répudie une tendance ou un désir, ne faut-il pas qu'elle possède un certain savoir et une certaine représentation de ce refoulé ? Le refoulement, selon Sartre, pour être efficace doit pouvoir choisir entre les pulsions légitimes et celles qui ne le sont pas. Or, ce pouvoir de choisir est normalement le signe par excellence de la conscience de soi. On ne pourrait pas refouler ou autoriser sans savoir ce qui doit l'être. J'ai donc une conscience plus ou moins forte de ce que je refoule et je sais toujours, plus ou moins confusément, les choses que je ne m'autorise pas à penser. Je ne serai alors pas déterminé pas des forces inconscientes inconnues puisque je connaitrais toujours plus ou moins ce que je ne m'autorise pas à penser.
Toutefois, de nombreux doutes ont vu le jour à la fin du XIX eme siècle. On est alors amené à supposer la présence de forces inconscientes. En effet, l'étrangeté des comportements humains relèverait d'une partie non consciente de notre psychisme. Malgré tout, on ne peut toujours pas introduire le terme de fatalité dans la notion d'inconscient. La présence de l'inconscient ne revient pas à accepter l'idée que je ne peux pas me maitriser pleinement, partout, et tout le temps. D'après Freud, chez les sujets normaux, l'inconscient se manifeste principalement dans les rêves, les actes manqués et les lapsus. Ces pulsions refoulées cherchent a être satisfaites mais cette satisfaction ne peut pas avoir lieu dans la vie réelle et se présentent donc dans la vie psychique, lorsque je suis en état de veille. Autrement dit, mon inconscient ne semble avoir aucune influence sur mon comportement. En effet, une fois réveillé, je ne me rappelle plus de mes rêves le plus souvent et je n'ai pas pour objectif de leur donner une réelle consistance.
De plus, quel serait le but de la psychanalyse si tout était déjà joué ? En effet, si l'on acceptait l'idée d'un déterminisme absolu, alors le rôle du psychanalyste n'aurait aucun sens car quoique je fasse, mon inconscient déterminerait le moindre de mes comportements et la moindre de mes réactions. Le but de la psychanalyse est précisément d'aider les personnes qui souffrent à s'extraire des déterminismes inconscients. La théorie freudienne rejette donc aussi l'idée d'un déterminisme absolu. Impossible à détecter et à surmonter, la fatalité ne peut pas être utilisée pour qualifier l'inconscient. Il est envisageable qu'une partie de mon psychisme soit inconsciente et influe sur mon comportement mais puisque je peux en prendre conscience et le corriger à l'aide d'une thérapie, c'est que je ne suis pas un simple automate programmé pour répondre aux pulsions de celle-ci.


On ne peut malgré tout rejeter si facilement l'idée de fatalité. Ma conscience n'est pas maitresse de tous les états de conscience comme des idées ou des sentiments qui viennent à elle. Ainsi, les pensées qui me viennent en rêve sont bien la preuve d'une activité de ma pensée que ma conscience ne contrôle pas. Au sens freudien, il y a dans l'inconscient des représentations mentales que la conscience a refoulées car elles sont prohibées par la morale, la société ou car elles sont trop violentes pour que le sujet les garde à l'esprit. Toutefois, le simple fait pour un nourisson d'être séparé du corps de sa mère serait traumatisant. Cela revient donc à dire que chaque sujet possède un inconscient et l'on ne peut alors contester le caractère fataliste de son existence. Selon Nietzsche, la plus grande partie de mon activité psychique est d'ailleurs inconsciente, ma conscience n'étant qu'un organe secondaire se perdant dans l'activité organique du corps.
Dans bon nombre de cas, quand je fais un lapsus, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre. Or pour Freud, il n'y a pas d'actes innocents ou anodins. D'après l'hypothèse Freudienne, bon nombre d'actes " normaux " ou " maladifs ", pathologiques relèvent de l'inconscient. Je n'ai pas conscience et je ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même. Ainsi, quand je me promène au bord de la mer, ma perception consciente du mugissement des vagues ne peut-elle pas être la cause de bien autre chose ? Des millions de petites perceptions dont je ne saisis pas clairement le sens concourent à la perception de l'ensemble et influent sur mes réactions et donc, sur mon comportement.

Toutefois, Le terme de fatalité n'est-il pas un terme trop fort, enlevant tout libre arbitre dans la conduite de la vie ? En effet, si je pense et agis sous l'emprise de forces inconscientes, cela signifie que je ne me maitrise pas moi-même et que je ne suis pas libre d'être ce que je suis. Ainsi, tous mes comportements normaux ne seraient même pas de mon fait ? J'agirai mécaniquement, sous la contrainte des exigences inconscientes de mon Surmoi ? On ne peut nier l'existence de l'inconscient. En effet, comme nous l'avons vu dans le cas de multiples sensations, des rêves ou encore des actes manqués par exemple, l'intervention de forces inconscientes est incontestable. Toutefois, l'homme doit demeurer dans tous les cas un individu libre. Nous sommes libres et responsables de nos actes, et nous ne pouvons, ni ne devons, nous cacher derrière aucun fatalisme, inconscient ou non. Avoir conscience de la force de l'inconscient devrait aider à réduire son emprise sur nos comportements plutôt que de le décrire comme une fatalité qui nous dirigerait tels des patins articulés.
Face à la justice, devant la loi, je ne serai alors pas responsable si mon inconscient était une fatalité puisqu'il me déterminerait est que je n'aurai pas d'emprise sur lui. De plus, chaque sujet ayant un inconscient, toute personne et tout crime pourrait alors être exempté de peines. Si l'homme ne domine pas le rythme, le sens de sa propre vie, comment continuer de croire en la possibilité d'un sens moral puisque celui-ci exige comme condition que l'homme puisse librement décider de ses actes ? Certains philosophes ont perçu ce problème. Pour Alain par exemple, il ne s'agit nullement de contester la réalité de l'inconscient, mais bien de refuser les mythes dangereux, tel l'irresponsabilité qu'il pourrait véhiculer. Dans l'Être et le Néant (1943), Sartre soumet également le freudisme à une série de critiques dont le sens est finalement moral. Il refuse, tout comme Alain, de faire de l'inconscient le maître de nos actes et de nos choix. D'autres philosophes ont finalement nié l'existence de l'inconscient face à ce problème. L'inconscient fait parti intégralement de notre psychisme mais il ne nous tombe pas dessus du dehors telle la fatalité. Supposer une instance qui n'apparait pas et qui agit à ma place revient à introduire dans le mouvement de mon existence l'équivalent d'un destin qui me fait agir indépendamment de toute liberté.
Nous ne devons jamais chercher d'excuses à nos actes ou nous abriter derrière notre inconscient.

Le poids de l'inconscient dans mon activité psychique force donc à relativiser la notion de sujet et à souligner son peu de liberté. Malgré tout, mon inconscient n'est pas plus " une chose " que ma conscience en est une, et qui guiderait entièrement ma conduite au point que j'en serai un jouet irresponsable. Chaque sujet possède une identité propre qui lui est conférée par la conscience qu'il a de lui-même. Cette identité du sujet rend légitime la notion de personne responsable, moralement et juridiquement de sa conduite. Dès lors, on ne peut admettre l'idée du déterminisme psychologique absolu. Certes, le sujet est pris au coeur de tensions et de contradictions dont le sens lui échappe en grande partie. Toutefois, au lieu de considérer cet ensemble de pulsions refoulées comme une fatalité dans sa vie, qui décide de son comportement, le sujet doit parvenir à les analyser afin de se construire avec elles.
De plus, Comment nier l'existence de l'inconscient alors que les troubles mentaux trouvent leur origine dans celui-ci ? C'est Freud qui à développer cette théorie. En effet, les patients n'ont pas conscience de la cause véritable de leurs troubles. La véritable cause n'est donc pas dans la conscience.
De plus, si chez les personnes non atteintes de névrose, l'inconscient se manifeste principalement dans les états de veille, celui-ci influence fortement le comportement des personnes souffrant de troubles psychologiques. Ainsi, un trouble psychique peut donner suite à une dépression, à l'isolement de la personne... De ce fait, mon inconscient me détermine. Selon la deuxieme topique de Freud, la conscience n'occupe qu'une place minime dans l'appareil psychique. Elle ne se manifeste qu'en surface, au point de contact avec le monde exterieur. Cela signifierait alors que presque tout nos comportements échappent au contrôle de notre conscience. Nous n'en serions alors pas veritablement les auteurs.
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