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Brahim Saci (Chanteur kabyle) : "Encourager toute la chanson Berbère" |
Rencontré à Azazga en compagnie de Mr HADJMI Abdenour qui dirige des associations culturelles et qui nous promet bientôt un entretien, le célèbre chanteur kabyle Brahim Saci a bien voulu nous accorder un entretien. "Ecoutons" le donc : |
Rencontré à Azazga en compagnie de Mr HADJMI Abdenour qui dirige des associations culturelles et qui nous promet bientôt un entretien, le célèbre chanteur kabyle Brahim Saci a bien voulu nous accorder un entretien. "Ecoutons" le donc Rachid YAHOU : Présentes toi à nos lecteurs s'il te plait. Brahim SACI : Je me nomme Brahim SACI, suis âgé de 46 ans et vis en France depuis 36 ans. Enfin je suis du village Tifrith Nath Oumalek, un village qui relève de la commune d'Ath Yedjeur, dans la Daîra de Bouzeguen, en Grande-Kabylie. Rachid YAHOU : As-tu un ou des projets en ce moment ? Brahim SACI : Les projets foisonnent dans ma tête effectivement. Devant les difficultés de l'existence je me retrouve bloqué malgré l'énergie de mes pensées. Lorsqu'une porte s'ouvre, une autre se referme immédiatement. Toutefois les capacités acquises jusque là ainsi que les bagages culturels et l'expérience professionnelle m'encouragent et laissent entrevoir une éclaircie. J'ai à mes actifs deux albums en préparation qui datent de plusieurs années. Le retard que je fais est mûrement réfléchi et découlent de ma vision personnelle qui constate que mes œuvres manquent de maturité pour la vente de mes compositions artistiques. Ces deux albums ne sortiront pas en même temps. Le premier que je nomme "la fable du troubadour" (thaloufth oumeddah) concerne la création artistique en général et ce afin de tirer une certaine morale. Quand au second, "l'amour est rare" (qlileth lemhiba), il explique une réflexion sur ce monde, l'actuel bien sûr, l'humain, en essayant d'approfondir la pensée philosophique de ce phénomène nouveau s'entend Rachid YAHOU : Comment vis-tu l'émigration par rapport à ta culture Amazigh ? Brahim SACI : Je vis mon éloignement du pays difficilement bien sûr. La solitude nous accompagne comme une ombre. Nous n'avons pas vraiment pas l'impression d'exister. Notre culture n'est pas médiatiquement visible. Le racisme grandissant nous rend la vie pénible même si des associations culturelles Berbères notamment la Coordination des Berbère de France œuvre pour une visibilité meilleure de notre culture ancestrale. Nous vivons dans l'invisibilité donc au sein de la société française. Mais le combat de toutes ces associations berbères cultivent l'espoir de voir la culture occuper la place qui lui échoit, qu'elle mérite en France. Un exemple et pas des moindres est la célébration du nouvel an berbère "yenayer" qui est en soi un grand acquis. Les Berbères de France s'organisent pour défendre les droits de la communauté. Rachid YAHOU : Quelle est la place de la chanson Kabyle à ton avis ? Brahim SACI : La chanson kabyle a toujours eu une base de choix que ce soit en Algérie ou en France, à l'étranger en un mot. Elle a rempli des salles et des salles prestigieuses en Algérie et à l'étranger. La chanson à textes s'est grandement imposée jusqu'à ces dernières années. Nous avons vu aussi un style festif envahir les médias. Ceci la rend de plus en plus populaire. Il serait naïf de croire que la chanson kabyle régresse loin de là ! Bien au contraire elle a donné naissance à toute une panoplie de créateurs de qualité. Victime d'un manque criard de médiatisation, elle donne l'impression de passer inaperçue. Elle manque des moyens adéquats qui auraient permis aux autres styles de s'imposer, notamment la chanson chââbi kabyle et la chanson à textes en général. Il appartient au Ministère de la Culture de subventionner cet art majeur pour qu'émerge ces styles de qualité. Rachid YAHOU : Que penses-tu des autres chansons Berbères ? Brahim SACI : Les autres chansons berbères des autres régions doivent elles aussi bénéficier de subventions étatiques pour permettre à ses nombreux talents de percer. La création de festivals de la chanson Berbère montrera la richesse poétique extraordinaire que recèle notre beau et vaste pays. A travers ces présentations, nous pourrons lancer un grand festival qui intégrera toutes les couleurs de toutes les régions de ce fabuleux pays. Rachid YAHOU : Comment vois-tu l'avenir du pays justement ? Brahim SACI : Par rapport aux récents événements du printemps arabe, l'officialisation par le Maroc de la langue Berbère est une grande avancée historique. J'ose de tout cœur espérer que l'Algérie suivra. La démocratie est inévitable et s'imposera d'elle-même tout ou tard. Le peuple algérien a payé un lourd tribut pour accéder à cette démocratie véritable vecteur du respect de son prochain. Des pays ont profité de l'expérience algérienne et ont donc prit une certaine avance. J'espère que les intelligences qui, je sais, existent dans notre pays, apporteront un changement radical du système des mentalités vers bien entendu une réelle démocratisation. C'est ainsi que nous pourrons inscrire notre nom dans l'histoire. Rachid YAHOU : Ton souhait. Brahim SACI : Faire le tour de l'Algérie, visiter les régions berbères, me ressourcer et m'imprégner de ses styles musicaux qui sont d'une considérable importance et d'une richesse incommensurable car chaque région a sa spécificité culturelle. Rachid YAHOU : Un bon souvenir ? Brahim SACI : Le printemps en Algérie avec ses merveilleuses couleurs. Rachid YAHOU : Un mauvais souvenir ? Brahim SACI : Le printemps noir berbère d'Avril 2001 avec son lot effarant de victimes. Plus jamais cela ! Je dirais. Rachid YAHOU : Le mot de la fin. Brahim SACI : Je remercie beaucoup votre quotidien pour m'avoir permis de m'exprimer librement. Je dirais enfin que la démocratie est proche en Algérie et qu'il appartient à chaque algérien de l'accueillir avec paix et sérénité. |
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