Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
Le tennis fait son show |
Ce vendredi devrait être présenté un projet qui révolutionnerait le tennis mondial. Ce dernier prévoit de rassembler les meilleurs joueurs et joueuses du circuit dans des équipes où figureront également d'anciennes gloires du sport à la petite balle jaune. Entre supporters et détracteurs, on peut se demander si ce projet est réellement viable. |
Boris Becker avait prévenu "au XXIè siècle, le tennis ne peut pas rester dans ses traditions. Il faut s'ouvrir aux autres, se rapprocher du public et faire du tennis un réel spectacle. Le tennis doit affronter un tournant au risque de se marginaliser". L'ancien numéro un mondial allemand a donc pris les choses en main pour sortir son sport du marasme vers lequel il est en train de se diriger. Une idée simple mais pleine d'ambition. Cette idée s'appelle IPTL (International Premier Tennis League). Le concept. L'IPTL est une ligue asiatique qui tentera de rassembler de grands noms du tennis d'aujourd'hui (masculin et féminin) mais aussi d'hier. Tous ces joueurs seront divisés dans cinq équipes. Chaque équipe appartient à une ville d'Asie ou du Moyen-Orient. La composition des équipes se déroulera dimanche lors d'une draft comme cela peut se dérouler en NBA ou en NFL bien que cette draft ressemblera un peu plus à une mise en enchère. La compétition aura lieu du 28 novembre au 20 décembre. Chaque équipe s'affrontera en cinq set (un set du simple masculin, un set du simple féminin, un set du double masculin, un set du double mixte et un set du simple des légendes) avec des jeux sans avantages et avec un tie-break éventuel à 5-5. En gros, si ce projet devait réellement voir le jour à la fin de cette année, il serait possible, par exemple, de voir s'affronter Serena Williams et Jo-Wilfried Tsonga contre Caroline Wozniacki et Novak Djokovic avec Carlos Moya et Fabrice Santoro comme supporters de choix. Oui, il s'agirait bien d'interclubs de luxe. L'IPTL ne ressemblera pas aux habituels tournois d'exhibition qui se déroulent tous les ans à cette période de l'année. Ce dont Mahesh Bhupathi, numéro un mondial indien en double en 1999 et vainqueur de quatre tournois du Grand Chelem en double, a largement tenu à souligner "ce ne sera pas une ligue d'exhibition. Il y aura une réelle compétition avec un enjeu au bout". Morgan Menahem, agent de Jo-Wilfried Tsonga et directeur exécutif de la Ligue soulignait le caractère exceptionnel de ce projet "pour faire simple, l'IPTL va révolutionner le tennis mondial. Cela va être l'élément le plus novateur de ces trente dernières années hormis peut-être les avancées technologiques". Un projet qui a un but évident. Menahem poursuit "le tennis doit s'adapter. Il doit s'ouvrir au côté spectacle que l'on doit aujourd'hui retrouver dans le sport. On prend un peu comme modèle le All-Stars Game que l'on peut retrouver dans le basket américain ou dans le football américain. L'IPTL ne ressemblera pas à ces tournois d'exhibition d'inter-saison où on voit juste des joueurs prendre un chèque pour se donner à 10% de leur capacité. Cette ligue ambitionne d'organiser un show autour du tennis qui déchainera les foules". Le format choisi (environ trois heures par match) Nadal et Djokovic seront présents Le projet sera officiellement présenté demain. On connaîtra alors les noms des cinq villes retenues même si on en connait déjà quatre avec Singapour et Dubaï (Émirats arabes unis), Bombay (Inde) et Bangkok (Thaïlande). Pour pouvoir fonctionner, l'IPTL devra rassembler les meilleurs joueurs, ce qui devrait vraisemblablement être le cas. On apprenait dès le mois de mai dernier que Rafaël Nadal serait de la parti "je trouve que l'idée est excellente. Un tournoi qui ne prendra pas trop de temps où on va pouvoir s'amuser avec d'autres joueurs. Et c'est très bien d'y avoir allié les Légendes". Peu de temps après, Novak Djokovic embraya à son tour "c'est novateur donc c'est bien pour le tennis. Et l'idée de faire ça en Asie, c'est vraiment excellent. Le tennis ne sera peut-être plus vu de la même manière qu'auparavant où il pouvait passer pour un sport trop fermé, trop sérieux". Devront suivre, entre autres, Tsonga, Gasquet, Murray, Wawrinka, Berdych, Azarenka, Radwanska ou Sampras alors que l'agent de Sharapova et de Li Na avait déjà fait savoir que ces deux dernières ne seraient pas présentes. Fabrice Santoro, qui fera parti de l'aventure, se montrait amusé "c'est génial et ça va faire tellement de bien au tennis. Depuis quelques années, ce sport est beaucoup moins marrant. Le sport s'est trop professionnalisé. Des enjeux financiers ont vu le jour et c'est vrai qu'on s'amuse moins que dans les années 80" Mais comment est né ce projet ? En 2010, la cricket indien s'est doté d'une Ligue privée nommée IPL (International Premier League) qui regroupait huit équipes et plus de cent cinquante joueurs. L'année dernière, l'IPL valait plusieurs milliard de dollars notamment grâce à l'arrivée de nombreux sponsors comme Pepsi ou Mac Donald et des diffuseurs de l'envergure de Sky. C'est comme cela qu'est venu à Mahesh Bhuphati cette idée "j'ai vu qu'il y avait de l'engouement autour de cette Ligue. Le public adhérait complètement à ce format et les joueurs appréciaient également". Mouratoglou enthousiaste, dominguez beaucoup moins Comment ont réagi les acteurs du tennis ? De plusieurs manières différentes. La fédération internationale a fait savoir qu'elle ne voyait pas l'IPTL d'un mauvais œil et qu'elle ne poserait aucune forme d'obstacle. L'ATP a réagi de la même façon au travers d'un communiqué "les joueurs ont le droit d'organiser leurs emplois du temps comme ils le désirent donc s'ils veulent jouer dans cette Ligue après la saison, ils en ont le droit et ce n'est pas à l'ATP de s'interposer". La WTA s'est même montré encore plus enthousiaste "c'est un projet nouveau qui se doit de voir le jour". Du côté des entraîneurs, on pouvait percevoir chez Patrick Mouratoglou, justement entraîneur de Serena Williams qui a déjà accepter l'offre de l'IPTL, une certaine excitation "dès que la Ligue a tenté de contacter Serena, elle était très attirée par le projet et je dois bien avouer qu'il me plaisait également surtout qu'il ne va rien bouleverser dans le calendrier officiel. Depuis que la saison a été quelque peu écourtée (la finale de la Coupe Davis se disputant dorénavant au milieu du mois de novembre), tous les joueurs vont dans les divers tournois d'exhibition donc ça revient un peu au même au final. Cette Ligue pourrait même permettre aux joueurs d'avoir une meilleure préparation car il va y avoir un enjeu. Je préfère que mes joueurs jouent trois quarts d'heure en se donnant bien que deux heures à trotiner". La vraie contestation est venue des organisateurs de tournois qui perçoivent l'IPTL comme un concurrent à leurs propres tournois. C'est le cas notamment de Patrice Dominguez, organisateur de l'Open Sud de France de Montpellier, qui ne comprend pas l'utilité d'un tel projet "faire un tournoi sur un mois en fin d'année ne rime exactement à rien. Il y a trois ans, les joueurs ont voulu que la saison se termine plus tôt pour avoir plus de repos dans le but de ne mieux se préparer pour la saison suivante. On ne peut pas faire un tournoi à fond en pleine période de repos. Je croyais que l'argent n'avait pas gangrainé le tennis mais je suis en train d'avoir tort. De toute façon, je ne crois pas en la viabilité de l'IPTL. Un tournoi basé sur l'argent ne peut pas durer". On ne peut pas savoir si la Ligue durera plusieurs années car trop de facteurs sont présents et même si elle apportera un revenu supplémentaire pour les joueurs y participant, pas sûr que ces derniers soient prêts à sacrifier leur saison... |
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