Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Review UFC 189, en attendant Aldo...


Pour la polémique passez votre chemin. L'UFC 189 a permis de mettre à plat la hiérarchie des catégories welterweight et featherweight. Robbie Lawler demeure le champion atypique de la première, tandis que Conor McGregor prouve sa légitimité à challenger Jose Aldo dans la deuxième. Récit d'une soirée à marquer d'une pierre blanche.



Résultats Complets de l'UFC 189 (11 juillet 2015)


Las Vegas, Nevada (MGM Grand Garden Arena)

Carte principale
*Conor McGregor bat Chad Mendes par TKO (2e round 4 : 57) et devient Champion UFC intérimaire des poids plumes.

*Robbie Lawler bat Rory McDonald par TKO (5e round 1 : 00) et conserve le titre de Champion UFC des poids welters.

*Jeremy Stephens bat Dennis Bermudez par TKO (3e round 0 : 32) dans la catégorie plumes.

*Gunnar Nelson bat Brandon Thatch par soumission (Rear-Naked Choke, 1er round 2 : 54) dans la catégorie welters.

*Thomas Almeida bat Brad Pickett par KO (2e round 0 : 29) dans la catégorie coqs.

Carte préliminaire
*Matt Brown bat Tim Means par soumission (Guillotine Choke, 1er round 4 : 44) dans la catégorie welters.

*Alex Garcia bat Mike Swick par décision unanime (29-28,30-27,30-27) dans la catégorie welters.

*John Howard bat Cathal Pendred par décision partagée (29-28,28-29,29-28) dans la catégorie welters.

*Cody Garbrandt bat Henry Briones par décision unanime (30-27,30-27,30-27) dans la catégorie coqs.

*Louis Smolka bat Neil Seery par décision unanime (30-27,30-27,30-27) dans la catégorie mouches.

*Cody Pfister bat Yosdenis Cedeno par décision unanime (29-28,29-28,29-28) dans la catégorie légers.

"Nous venons d'assister au plus bel événement de l'histoire de l'UFC" tranche le président de l'organisation Dana White. Ce n'est pas la première fois qu'il nous la joue grandiloquence le bougre, mais il se pourrait qu'il dise juste ce coup-ci. En effet cette édtition nous a réservé des finishs spectaculaires, a offert une intensité de tous les instants, au point de nous faire oublier le changement de programme subi par le show.


Mendes à bout de souffle, Conor en pantoufles

Sans doute ce que les fans craignent le plus : le forfait d'un des deux protagonistes du main event. Après des mois de promotions, aussi continuelles qu'inventives, sur fond de choc des mondes entre le Brésilien Jose Aldo (tenant du titre poids plumes depuis 2011, une seule défaite remontant à 2005 en MMA) et l'Irlandais Conor Mc Gregor (véritable épouvantail de la division depuis trois ans, ancien champion de deux catégories au Cage Warriors), l'organisation devait prendre acte de la blessure aux côtes (hématome ou fracture selon les versions) de Junior. À moins de deux semaines du gala, un homme a accepté de prendre le relai au pied levé, pas n'importe qui : Chad Mendes, deux fois challenger malheureux au titre d'Aldo, invaincu en dehors de ces tentatives infructueuses et considéré toujours numéro 1 dans le classement officiel. L'UFC a répondu à cette embûche par la manière forte : attribuer une ceinture intérimaire et offrir une plus grande légitimité à McGregor en cas de victoire. Souvent comparé à Chael Sonnen pour sa façon de grimper les échelons à grand renfort de trash talking, le fantasque irlandais trouve ici l'occasion de faire taire les dernières critiques.

Voilà pour la théorie. Car ce duel aura surtout pointé l'incohérence de convoquer un combattant à un tel niveau sans la préparation requise. Dés les premiers instants il était perceptible que nous n'aurions pas droit au Chad Mendes ayant tenu la dragée haute à Jose Aldo sur cinq rounds en octobre 2014. Ni à celui ayant infligé un KO express à Ricardo Lamas au printemps dernier. L'Américain s'est rapidement retrouvé à court niveau cardio, alors même qu'il posait de sérieux problèmes à McGregor grâce à sa lutte au 1er round.

Les limites inhérentes de Mendes ne doivent pas masquer la performance bluffante de l'Irlandais, sans cesse en mouvements, jamais paniqué par des tournures défavorables (rapide ouverture de l'arcade, risque d'étranglement en guillotine au cours du 2e round), auteur de frappes variées et précises, capable d'enchainer une rude série de coups de coudes depuis son dos, puis de porter l'estocade à quelques secondes du gong.

Via ce nouveau KO/TKO (le seizième en dix huit victoires !), McGregor concrétise le pari/pronostic insensé lancé aux organisateurs de l'UFC quelques jours plus tôt.


MacDonald manque le coche

À l'orée du main event, l'Octogone traduit de son aspect rougi le fil conducteur de la soirée : larmes, sueur et sang. L'arcade de McGregor fait figure de léger bobo en comparaison du nez de Rory MacDonald à l'issue du championnat poids welters. L'héritier désigné de Georges St Pierre pouvait réaliser un coup double face à Robbie Lawler : venger une des rares défaites de sa carrière (décision partagée en novembre 2013, ufc 167) et s'emparer de la ceinture si longtemps détenu par son mentor et compatriote canadien. Rory avait retenu les leçons de la première manche : fini les amenées au sol et positions stériles (lay and pray), il fallait répondre au Californien sur le terrain du stand up, domaine où l'élève de la Tristar s'avère plus polyvalent que le tenant du titre.

Après cinq minutes d'observation peu emballantes, les belligérants passent la vitesse supérieure. MacDonald prend la mesure du défi en répliquant par la diversité aux répétititves combinaisons de boxe anglaise de Lawler. Le champion commence à être bousculé, puis vacille sans rompre au cours du 3e round. Par ses high kick tranchants, le challenger marque de sérieux points et contrebalance l'impression visuelle en sa défaveur. Ce fameux nez brisé sous les coups de massue de "Ruthless" et embuant de plus en plus sa vue.

Le contraste avec la première opposition sidère : deux ans plus tôt tout s'était joué au sol, la lutte/grappling peu inspirée d'un côté, le ground & pound rugueux de l'autre ; ce soir c'est une affaire de striking, un duel susceptible de basculer à tout moment.

À l'appel de l'ultime round, MacDonald mène 39-37 au pointage des juges. L'ignore-t-il ? A-t-il rangé au placard les aptitudes à la stratégie accolées à son club ? Le Canadien rentre dans la bataille toujours aussi affamé, refuse la gestion. Superman Punch, Front Kick, il tente tout. Mal lui en prend. Lawler, objectivement plus limité techniquement, s'avère plus mobile. Il persévère sur son point fort : ce direct du gauche dont son adversaire semble "ignorer" le point de départ. Au bout d'une minute, le Canadien ne peut contenir sa souffrance et se recroqueville dos à terre en se tenant le visage. Le champion a tout juste le temps de fondre sur lui que l'arrêt du combat est décrété. Immense gâchis du point de vue de la Tristar gym, énorme sensation côté American Top Team. Le vétéran Robbie Lawler (palmarès global de 26-10 + 1 no contest, 7-1 depuis son retour à l'UFC en 2013) prouve le caractère viable de son style unidimensionnel.


Coups de genoux sautés et bémols

La carte principale vit le succés de l'éternel gatekeeper Jeremy Stephens (21e combat à l'UFC sans avoir changé de statut) sur l'espoir New-Yorkais Dennis Bermudez (sept succès de rang suite à la finale du TUF 14 fin 2011 puis la panne au moment de viser le title shot). Après deux rounds équilibrés, Stephens trouve l'inspiration décisive.

À y regarder de plus prés, Stephens aura peut-être été aiguillé par le nouveau prodige de la Chute Boxe Thomas Almeida, 24 ans et une fiche parfaite de 20-0,19 finalisations à la clé. Le Brésilien n'a pas nouri de complexe face au toujours spectaculaire, mais inconstant Brad Pickett. Son coup de genou sauté postulera sans doute au plus beau KO de l'année.

Mentionnons la place importante accordée à la division des welters (quatre combats en sus du championnat mondial), sorte de revue d'effectif pour ajuster les classements. Or les cartes se sont brouillées davantage quand l'Irlandais Cathal Pendred, invaincu lors de ses douze rencontres précédentes (dont quatre à l'UFC) s'incline par décision devant un John Howard en passe d'être licencié de la compagnie (trois défaites de rang avant ce gala). Idem pour Tim Means qui voit sa série de quatre succés consécutifs interrompue par le vétéran Matt Brown, récemment relégué du title picture suite à ses échecs face à Robbie Lawler et Johny Hendricks.

Le Dominicain Alex Garcia a quant à lui couper court au retour de Mike Swick, prés de trois ans d'absence et une retraite désormais officialisée. Enfin, Gunnar Nelson, spécialiste de soumission, a repris ses habitudes en étranglant le prometteur Brandon Thatch dés le 1er round.

Malgré les défaites de ses compatriotes Cathal Pendred et Neil Seery (poids mouches), la popularité de Conor McGregor a donné une dimension irlandaise à un UFC se déroulant à Las Vegas. Pas un mince exploit. L'augure d'un plus gros accomplissement à venir ?
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