Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Eiffel


Eiffel revient, et ça fait du bruit !



Dans la série "explorons la nouvelle scène rock française", après Superbus, voici Eiffel ! Ce quatuor, découvert il y a deux ans avec "Abricotine", un album autoproduit qui a eu un relatif succès, revient aujourd'hui avec "Le 1/4 d'heure des ahuris", un album au titre étrange composé de chansons beaucoup plus sombres qu'auparavant. Emmené par Romain Humeau, le leader qui écrit, compose, chante, joue (piano et guitare), réalise, enregistre et mixe (rien que ça !), le groupes'impose peu à peu, aussi bien à la radio que sur scène...

Composé de 12 titres, "le 1/4 d'heure des ahuris" navigue entre rock, punk, pop, touche à tout mais dans un style assez brut de décoffrage, avec néanmoins des pauses grâce à quelques ballades, mais l'obscurité n'est jamais très loin... Les paroles restent cependant d'une qualité exceptionnelle. Dans le détail, voilà les quelques chansons à retenir du CD :

"Il pleut des cordes" : la chanson d'ouverture, courte (3'00) mais efficace : sur un son de guitare étouffée, le chanteur parle plus qu'il ne chante, sur un texte riche, qui part un peu dans tous les sens mais très bien écrit, jusqu'au refrain où la violence explose... Avant de retomber pour le couplet suivant... Une chanson étrange donc !

"Au néant" : premier extrait de l'album. Un texte franchement ambiguë sur le plan sexuel ("par devant, par derrière, qu'est-ce que tu préfères à la missionnaire ? Peu m'importe, tôt ou tard, les trous noirs nous exhortent à...") sur un rock dynamique sans être agressif, des paroles dynamiques... Bref, que du bonheur !

"Sombre" : la tonalité de l'album vire avec cette chanson au franchement... Sombre justement (petite info qui sert à rien : l'album a failli s'appeler "sombre") : une musique bourrine, des paroles pessimistes sur notre avenir, notre existence plus proche de la mort que de la vie, etc. Un calme revient au trois quart de la chanson, une note d'espoir vite soufflé par le retour des guitares saturées et du chanteur qui hurle. La chanson est géniale cependant (ma préférée si ça vous intéresse !...), et reste un vrai diamant noir.

"T'as tout, tu profites de rien" : d'apparence, cette chanson est un titre rock sans grande originalité... Ce qui compte dans ce titre, ce sont les paroles dénonçant notre riche société de consommation dans laquelle on ne se rend plus compte de nos privilèges, et où l'on recherche de nouvelles sources de profit sans profiter de ce que l'on a déjà.

"Tu vois loin" : le nouvel extrait de l'album représente justement une de ses chansons douces. Sur un rythme calme, la voix du chanteur se fait plus douce, moins discordante que dans les autres titres. Mais là encore, le calme précède la tempête qui arrive lors de la dernière partie de la chanson, où l'on semble entendre la souffrance du chanteur face à la petite fille décrite dans ce titre, qui lui reste inaccessible.

"Ne respire pas" : la dernière chanson de l'album en est également une des plus déprimantes ! Si la mélodie reste relativement calme, les paroles sont, quant à elles, très noires et morbides ("ça sniffe la mort à plein nez, j't'en lèche les babines... ne m'laisse pas avec ce froid dans le dos rigide, ou alors fais comme moi, ne respire pas"). La chanson se conclut de plus très brutalement, laissant l'auditeur dans des idées plutôt noires !

Et "le 1/4 d'heure des ahuris" alors ?! J'ai eu cette chanson sur le deuxième CD de l'album disponible en édition limitée (il y a donc de fortes chances pour que cette version soit désormais introuvable). Cette chanson est très très étrange !!! Elle a une intro de 2'00 (enfin... quand je dis "intro", ça ressemble plus à du silence qu'à autre chose !), et oscille entre une grande douceur dans les couplets et de refrains super agressifs !... Avant de se conclure par 4 minutes de musique, genre musique de film. Bizarre tout ça ! ceci dit, si vous pouvez acheter cette édition limitée de l'album car elle renferme aussi "j'ai poussé trop vite", la chanson la plus connue du premier album, "Versailles", une critique de cette jolie ville et de sa population, et "douce adolescence", une chanson pêchue et bien marrante sur l'adolescence, bien loin de la tonalité du premier CD !

Alors Eiffel, un sans faute ? Presque, car là aussi, on peut reconnaître de temps en temps de relents de Noir Désir dans leur période énervée ! Mais cette influence reste limitée, et on est bien loin du plagiat, contrairement à Superbus par exemple où les sources d'inspiration sont bien plus flagrantes (ce qui ne me gêne pas, mais qui pourrait saouler les puristes !). Et évidemment, faut aimer les ambiances rock assez violentes, et relativement déprimantes, pour apprécier Eiffel !

A noter également qu'Eiffel défend actuellement son album sur scène, et que c'est rien que du bonheur ! Si vous aimez la musique à fond, les guitares saturées et le chanteur qui hurle face à un public déchaîné, un concert d'Eiffel devrait vous transcender !
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