Les Gauff' au suc'

La partie francophone de la Belgique recèle une sensibilité toute latine. Loin d'être une critique, c'est une constatation que personne ne peut nier. Ce paramètre se marie très mal avec l'institution qu'est devenue le Rock'n'Roll. Avouons-le sans ambages sur le plan des mélodies et de l'attitude, le Wallon est à la bourre. Il ne parvient que trop rarement à s'extirper de la morosité ambiante, de la sinistrose inéluctable qui a plongé le plus enthousiaste des rockers dans un océan de larmes.

La solution pour soulever les montagnes de préjugés, pour inverser les tendances défaitistes, c'est de s'adapter, trouver le concept. Celui qui triomphera des idées préconçues, des : "C'est foutu d'avance". Ce concept futuriste, inexploré, cinq Liégeois pourraient l'avoir trouvé. Leur idée est simple et complexe à la fois. Simple, parce qu'ils puisent l'inspiration des textes dans le vécu, dans le quotidien. Compliquée, parce qu'il s'agit de Rock, d'humour et que cela nécessite de la mise en place, des idées, du timing, des décors et un background musical.

Vous l'aurez peut-être compris, "Les Gauff' au suc'" n'est pas un groupe comme les autres. C'est plutôt une bande de joyeux lurons qui mélangent la plupart des genres musicaux (surtout le Rock) à des textes alliant cynisme, dérision, scènes de la vie courante et feintes à cinq francs. Le spectacle peut être appréhendé comme une comédie musicale kitsch et déjantée. Quand la lourdeur des textes et l'exagération du travestissement deviennent les atouts du spectacle, la jubilation ne doit plus être très loin. On peut penser aussi que "les Gauff'" sont un antidote aux gens qui se prennent au sérieux. Malheureusement, ils sont légion. Le pied de nez délivré à cette caste n'en est alors que plus cinglant et mordant.

Alors que tout avait commencé comme une grosse farce, un pari stupide entre vieux potes, l'entreprise a pris de l'ampleur. Les sociétaires de cette plaisanterie se sont aperçus que les histoires de problèmes intestinaux, des courses dans les grandes surfaces, des pélerinages des chrétiens, du concours Eurovision de la chanson, des agences matrimoniales et de tous les autres thèmes de dérision concernant notre petite patrie trouvaient un écho plus que favorable au sein même de l'audience. Pendant la représentation, chaque spectateur peut s'identifier aux personnages des histoires à maintes reprises. "Et oui bonnes gens, c'est bien comme ça que ça se passe, près de chez vous !"

http://www.gauff-au-suc.com/