Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
Aberlour 10 ans |
Un excellent produit pour commencer un apprentissage du whisky... |
Je sais, ma réputation va encore en prendre un coup ! Un nouvel avis sur un whisky ! Exit les Islay cette fois ci. Je vais vous parler d'un Speyside, région renommée également pour la qualité de ses whiskies. Avant de vous parler plus en détail du whisky lui-même, je vous emmène faire un petit tour dans l'Speyside et vais vous conter en quelques mots l'histoire de la Distillerie Aberlour. Pour ceux que les avis longs répugneraient, je vous propose de vous rendre directement à la double ligne de ******* plus bas où je parle plus en détail de Aberlour 10 ans. Pour les autres, intéressés par autre chose que simplement un avis "c'est bon – c'est pas bon", je vous invite à poursuivre un petit voyage en terres écossaises. Le Speyside est sans nulle doute la région d'Ecosse où l'on trouve le plus grand nombre de distilleries. A cela plusieurs raisons économiques, climatiques et historiques. Le Speyside représente la partie Nord orientale des Highlands, comprise entre les monts Cairngorn au sud de cette zone et deux rivières, la Findhorn à l'ouest et la Deveron à l'est. Le Golfe de Moray clôt cette région au nord avec une grande façade maritime. C'est pourtant une autre rivière, la Spey, qui donne son nom à cette partie de l'Ecosse. Dans ses affluents dont les plus connus vous rappelleront sans doute quelque chose, l'Avon, la Livet ou encore la Fiddich (prononcer fidik...), certaines des plus grandes distilleries de la région puisent l'eau qui participe à l'élaboration de non moins grands whiskies. Ces nombreux cours d'eau, une façade maritime et un climat tempéré en font une région naturellement fertile et idéale pour la culture de l'orge, élément essentiel dans la fabrication et la qualité d'un whisky. Economiquement parlant, avec un brin d'histoire en plus, les montagnes qui entourent le Speyside en ont fait un lieu difficile d'accès et donc difficile à contrôler par les services fiscaux de la Couronne. Les distillateurs clandestins au cours des siècles y ont trouvé en grand nombre un refuge naturel pour y implanter leurs alambics illégaux. Il n'est donc pas étonnant qu'avec une telle coïncidence de facteurs, on y recense aujourd'hui tant de distilleries, officielles celles-là. Entre les années 1700 et les années 1820, une succession de taxes, de textes, de lois visant à réduire ou ordonner la production du whisky en Ecosse virent le jour. Restrictifs pour la plupart, ce fût l'explosion des distilleries clandestines et d'affrontements divers avec les agents du fisc anglais. Il faut attendre 1822 et l'intervention de George IV, portant le kilt à Edimbourg, plaidant en faveur du whisky écossais et plus précisément celui produit dans les Highlands pour qu'en 1823 soit signé l'Excise Act. Les "distillers" devront s'acquitter d'une taxe annuelle de 10 livres pour avoir le droit de distiller et de 2 schillings et 3 pence par gallons produit. Glen Livet fût la première distillerie à recevoir son droit à distiller de toute l'Ecosse. Revenons, après cette digression volontaire mais à mon avis instructive, à Aberlour. La distillerie d'Aberlour est située sur la rive droite de la Spey. Son histoire officielle remonte à 1826 mais, en prenant en compte tout ce qui précède, on peut légitimement penser que sa fondation est plus ancienne. Originellement fondée par John et James Grant, elle fût déplacée et reconstruite en 1879 après avoir été détruite par un incendie, danger majeur de ce type d'installations, par James Fleming à moins de 2 km de sa situation d'origine. Rachetée en 1892 par R. Thorne et Fils et largement agrandie après un nouvel incendie, elle fût à nouveau reconstruite en 1898. Aujourd'hui propriété du groupe Pernod Ricard par le biais des Campbell Distillers, elle conserve les alambics datant de la reconstruction de 1898. Aberlour signifie en gaélique : embouchure du ruisseau jacassant. Sur les terres de la distillerie on trouve une curiosité touristique : Le puits de Saint Dunstan où ce religieux puisait l'eau destinée aux baptêmes des nouveaux convertis. Le puits en lui-même est un signe des temps anciens où la vallée d'Aberlour hébergeait une forte communauté druidique. Cette eau sert aujourd'hui à confectionner ce single malt de bonne facture. J'en viens donc maintenant au produit lui-même. J'ai testé pour vous Aberlour 10 ans. Il fait partie depuis de nombreuses années des incontournables de mon bar. C'est un whisky que je vous conseille d'entrée de jeu si vous ne voulez pas vous ruiner financièrement parlant et surtout si vous avez envie de faire plaisir à des amis en visite qui apprécieraient le whisky. Hors de question bien entendu de le mélanger à quoi que ce soit, si ce n'est (et ça m'arrache la bouche de dire cela...) à un éventuel hypothétique et bien mal venu glaçon à l'apéritif. (Notez que j'y mets les formes... ça m'arrache moins la bouche comme ça...) En deux mots, c'est à mon avis l'un des meilleurs rapports qualité-prix dans ce segment de produit. Mais passons (enfin...) aux choses sérieuses. Le design : L'emballage est souvent constitué d'un étui cylindrique cartonné de couleur brun-marron. Certaines éditions spéciales font la part-belle à des étuis métalliques joliment décorés à l'occasion des fêtes de fin d'années par exemple. Sur cet étui cartonné on retrouve le plus souvent une partie plus claire réservée à la marque sur une "face" (difficile pour un étui cylindrique mais bon...) où on va retrouver une figuration emblématique de la distillerie. Sur mon actuel "packaging" il s'agit d'une chapelle au premier plan de laquelle on trouve un vieil arbre. Le tout dans des tons orangés, ocres et marrons. Sympa et pas du tout tape-à-l'œil. Sur "l'autre face", un espace réservé à la description du lieu de fabrication, de la méthode de vieillissement La bouteille est classique pour un whisky. En verre blanc, une étiquette collée reprend la charte graphique de l'étui. Sur ma bouteille actuelle, on voit la source du saint Dunstan, évoquée plus haut. Aberlour 10 ans est issu d'orge produit régionalement et d'eau jaillissant d'un massif granitique et très légèrement tourbé. Son vieillissement de dix ans en fûts de chêne ayant pour une part contenu du Xeres et pour une autre part du bourbon vont lui conférer une complexité intéressante. Ce n'est qu'au moment très important de l'assemblage avant la mise en bouteille que les whiskies issus des ces deux sortes de fûts vont être mélangés. (Entre 25 à 50% de l'alcool est vieilli dans des fûts de xérès, le reste dans des fûts de bourbon, le tout est assemblé pour le produit final.) Il ne s'agit pas du tout d'un blend pour autant. Qu'on se le dise, c'est bien un Pure Single Highland Malt. Attardons nous sur sa couleur : On peut parler d'une couleur vieil or avec des reflets à tendance cuivrés. D'une belle limpidité, il est déjà agréable à l'œil. L'arôme : On va bien entendu retrouver les notes boisées et fumées du vieillissement en fûts vu plus haut. Mais aussi une impression de fraîcheur dans laquelle on peut trouver des notes florales et végétales et parfois mentholées. Ce sont des arômes secs et piquants dans l'ensemble. Le goût : l'attaque en bouche : Doux aux accents de miel sur la langue il explose sur l'arrière du palais. Le 10 ans est complexe et on le sent d'entrée. Aux arômes précédents, on entrevoit des notes de cafés torréfiés et d'épices (poivre et gingembre). Pourtant l'ensemble donne un whisky léger et plutôt sec. On est à cent lieues de la puissance et de l'ampleur des Lagavulin, Ardbeg ou Bowmore issus de l'Ile d'Islay et objets de trois de mes précédents avis mais on peut néanmoins le gratifier d'une belle présence en bouche. la finale : Pour les néophytes, c'est la persistance des goûts et arômes après la dégustation. Sa longueur est moyenne mais très intéressante. Elle est d'une belle complexité également et laisse la part-belle aux épices avec un petit coté piquant qui n'est pas sans rappeler le gingembre. J'en tire la conclusion toute personnelle que cela fait de Aberlour 10 ans un whisky "polyvalent". On peut le déguster à tout moment. Sa légèreté et sa complexité en font un excellent apéritif à condition de ne pas l'ensevelir sous les amuse-gueules hyper salés. Il ne survivrait pas à à une déferlante salée sur votre palais. En digestif, il n'aura pas l'extravagance des Islay en matière de finale et de puissance. Mais il saura se défendre très bien si vous avez envie d'un petit verre en fin de soirée avant le coucher. Son goût ne vous accompagnera pas tout au long de la nuit au risque de perturber l'odorat forcément très fin de votre compagne ou compagnon. En conclusion (pour les survivants de cet encore très détaillé avis...) Aberlour est un must en entrée de gamme* pour le néophyte comme pour le plus averti. Pour info, c'est le seul Single malt à avoir obtenu 2 fois (1986 et 1990) la médaille d'or et le Pot still trophy (trophée de l'alambic...) lors de l'International Wine and Spirit Competition (Cf. étui de la bouteille). Pour un prix compris entre 17 et 18 euros, il constitue de loin le meilleur rapport qualité-prix du marché. Abordable et très largement distribué il est indispensable si vous-mêmes ou vos amis êtes des amateurs. Voilà, bonne dégustation. * L'entrée de gamme selon moi commence bien au delà des sous produits commerciaux et tout juste bons à être regurgités de la pire des façons ou détremper les moquettes de boite de nuit que peuvent être JB, Cutty Sark et autre VAT 69. Pour ceux là, c'est encore trop d'honneur de les mélanger à du Coca ou de l'orange. Mais c'est de la m... |
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