Loft Story 2 et le sexe

Chiens policiers tenus en laisse par des vigiles, cartons d'invitation nominatifs, bracelets d'accès de couleur et badges pour circuler : il fallait montrer patte blanche, jeudi 11 avril au soir, pour pénétrer dans le studio de La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), aux portes de Paris, où était diffusé, en direct, la première de "Loft Story 2", l'émission de téléréalité de M6.

Dès 19 h 30, un public restreint et trié sur le volet avait pris place à l'entrée du Loft. "Nous avons téléphoné à M6 pour assister à l'émission et ils nous ont envoyé des invitations pour faire le public dehors", regrette un groupe de jeunes filles venues spécialement du Val d'Oise. Elèves de première à Fosse, elles "avaient envie de voir les nouvelles têtes du Loft". "J'espère que cette année il y aura un peu plus de piment et d'embrouilles", dit Vanessa. "Moi, ça me fait rêver, même si je sais que tout est préparé", poursuit sa copine Karina, qui avoue avoir passé beaucoup de temps devant sa télévision en 2001. Qu'elles se rassurent, la polémique aurait déjà démarré avant le début du jeu.

Un certain Karim, présenté comme "un Aziz puissance 10", retenu pour participer au Loft 2, aurait été évincé au dernier moment après que son identité eut été dévoilée par un magazine de télévision. Furieux, il menacerait de dévoiler les dessous de l'organisation du Loft : scénarisation, rôles définis à l'avance, surnoms préparés...

Aux côtés des filles du Val d'Oise, trois adolescents de terminale à Aubervilliers, invités par "le copain d'une copine" de la production, citent déjà les noms de futures lofteuses. "Y'en a une, c'est d'la braise", lance l'un d'eux, qui, bien avant la présentation des nouveaux lofteurs par Benjamin Castaldi, évoque déjà Julia, Lesly ou Angela... Dans le studio, une journaliste du magazineTélé Star montre sous le manteau le prochain numéro du magazine en vente lundi 15 avril, où sont déjà en couverture les photos de deux nouveaux lofteurs.

Sur le plateau décoré aux couleurs des années 1970, le chauffeur de salle explique au public que cette soirée doit être "ultradynamique" et "ultra live". "Dehors, c'est de la folie comme au Festival de Cannes", lance-t-il en exagérant largement. L'animateur Benjamin Castaldi, chemise blanche et costume noir impeccable, semble ne pas avoir quitté le studio depuis l'année dernière. Mêmes blagues et mêmes enchaînements, il présente les nouveautés du Loft, en insistant sur la baignoire, qui "peut contenir trois personnes et plus" et sur cette fameuse caméra installée dans la piscine. Pendant trois heures, l'animateur essaiera de maintenir une forme de suspens. Qui sont ces dix garçons et filles qui vont remplacer les anciens lofteurs, Loana, Laure, Jean-Edouard, Steevy et consorts ? Les clips de présentation des nouveaux lofteurs ne laissent planer aucun doute sur la volonté de la production de "corser" le Loft 2. Tout tourne autour du sexe.

Parmi les nouveaux, Marlène, 22 ans, explique considérer les hommes comme des "petits Crunch" qu'elle déguste "du début jusqu'à la fin". Angela, 27 ans, se présente comme "une fille de la night", et Lesly, 26 ans, comme "une bombe à retardement". Fille de la Ddass, elle cherche "un père et un repère". Quant à Julia, 20 ans, abandonnée par sa mère, elle ne vit qu'avec ses rats. Dans sa valise du Loft, elle indique avoir glissé le Dictionnaire philosophique de l'anarchisme. Benjamin Castaldi en reste perplexe.


Les choses de la vie

Ce "Loft 2" sera de la télévision familiale, avait annoncé Thomas Valentin, vice-président du directoire chargé des programmes de M6, lors de la présentation du jeu au mois de mars. lnterrogé à la fin de l'émission, il admet que cette première "était sans doute trop orientée sur le sexe". Il tance un peu Benjamin Castaldi et le producteur Endemol, qui ont "peut-être accumulé trop de questions sur la séduction et le sexe. C'est une erreur si cela a été perçu comme cela" par le public. Pour les spectateurs présents autour du Loft, le mal est fait. "C'est hard !, constate, effaré, un invité, celà fait un peu rue Saint-Denis". Un autre apprécie le casting des filles. Tout spécialement Lesly. "Moi, mon rêve, c'est de me faire coincer 84 jours avec une fille comme cela", soupire-t-il.

M. Valentin veut rassurer les censeurs en puissance : "Je mets au défi de voir une image ou d'entendre un son de "Trash TV" (télépoubelle)". Selon lui, le "Loft 2" montrera "les choses de la vie de tous les jours. Peut-être y aura-t-il des "love story", peut-être pas". A l'en croire, il ne sera pas un lupanar, même "si les filles ont peut-être eu un comportement assez exubérant". Il refuse les jugements trop rapides : "Il ne faut pas se fier aux apparences, c'est juste une présentation". Ce n'est pas l'avis de certains à la direction de TPS, qui souhaiteraient, au contraire, que M6 "demande à Endemol d'ouvrir les vannes" pour faire de l'audience et vendre des abonnements au canal dédié à "Loft Story" 22 heures sur 24.

TPS semble bien parti pour battre son score de l'année 2001 avec 125 000 abonnés. Jeudi soir, TPS recensait déjà 35 000 souscripteurs, et CanalSatellite un peu plus de 20 000.