| Canardo : La Fille sans visageCanardo au pays de la peoplisation...« Elle est belle et vend ses charmes, il est détective et en a peu. Ils sont dans sa cadillac blanche... Il la raccompagne, en parfait gentleman, jusqu’à chez elle quand ils se font envoyer dans le fleuve par un chauffard aussi royal qu’un prince Laurent. Le chauffard, largement financé par le Trésor ducal du Belganbourg, fera tout pour que ses malheureuses victimes soient sur pieds au plus vite. Si Canardo, c’est bien lui, se remet assez rapidement de ce bain forcé, sa passagère n’a pas cette chance. Elle est définitivement défigurée et son « oncle » ne dispose d’aucune photo qui permettrait de lui refaire un visage… L’héritier ducal choisira donc le visage de cette malheureuse dans une des revues qu’il affectionne particulièrement. Surveillé de près par la duchesse mère, paparazzier par les gazettes à peoples, il glisse le doigt dans une machine très, très dangereuse... » (Présentation du site Blam reprise sur le site de Casterman)
ET un Canardo de plus dans le catalogue Casterman. Les fans de la série ne seront pas dépaysés dans ce énième épisode. Dès les premières planches, nous retrouvons le détective dans sa position préférée... Devant un verre bien sûr. Mais cette fois-ci, il ne tiendra pas le premier rôle du scénario. Obligé de prendre un repos forcé, il s’efface au profit de nouveaux venus. Une manière pour Sokal de renouveler la série : « Je trouve très réducteur que le héros d’une série en soit systématiquement le protagoniste principal. Si à chaque fois, le récit est par obligation le récit de Canardo, il en devient sclérosant. » (Interview de Sokal dans Castermag n° 25). Le récit se focalise ainsi sur deux personnages radicalement opposés tant sur le plan des origines sociales que de leurs physique : « Pour l’un, je m’inspire de la progéniture d’une cour royale comme il en existe encore aujourd’hui. Ce sont des gens oisifs et j’imagine qu’ils peuvent succomber à toutes sortes de perversions. Quant à l’autre, je trouvais que le sujet était d’actualité et suffisament émouvant. Les filles de l’Est que je connais ne sont pas toutes des putains, évidemment, et je ne voulais surtout pas tomber dans la caricature. Mais j’ai toujours été fasciné par leur pragmatisme. » A travers ces personnages, Sokal aborde les thèmes des apparences, de la perversion, de la médiatisation. Il décortique ainsi nos comportements socio-culturels.
Mais à travers ce nouveau scénario, Sokal explore également le monde de la bourgeoisie (enfin ici plutôt celui de l’aristocratie) et de la politique. Dans cet album, il retrouve toute sa verve critique et son ironie mordante qui avaient fait le succès des premiers albums. Comme toujours, Sokal nous propose un miroir de notre société. Ainsi les déboires du duché du Belganbourg rappellent subtilement les difficultés politiques que connaît actuellement la Belgique (pays d’origine de Sokal).
Le graphisme de l'album est assuré par Pascal Regnauld, qui travaille sur la série depuis 1995. Ce dernier réussit une mise en page impeccable, alliant fluidité des enchaînements et variété des cadrages. Si (évidemment) nous sommes loin de la richesse que déploie maintenant Sokal dans sa série Paradise ou dans ses jeux vidéos, le dessin proposé par Regnauld rend la lecture de ce Canardo tout à fait agréable et colle parfaitement à l'atmosphère de la série.
Série : Une Enquête de l'inspecteur Canardo
Titre : La Fille sans visage
Auteurs : Sokal – Regnauld
Editeur : Casterman | | |
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