| Carnets d'Orient : Dernière demeureQuand les destinées se croisent au coeur de la Guerre d'Algérie..."Algérie, octobre 1958. Alors que l'armée française a en partie repris le contrôle du terrain après la bataille d'Alger, les belligérants doivent affronter une nouvelle épreuve : gérer les conséquences de l'ouverture politique créée par de Gaulle lors du discours, resté fameux, sur la "paix des braves". De part et d'autre, on se positionne par rapport aux perspectives de dialogue esquissées par le gouvernement français. Les plus radicaux rejettent violemment toute hypothèse d'apaisement, tandis que certains officiers, au sein même du commandement français, ne refusent plus l'éventualité d'un cessez-le-feu et d'une entente avec les maquis. Pendant ce temps, Octave et Samia, qui ont fui au Québec, s'efforcent vaille que vaille de se reconstruire une vie... Après La fille du Djebel Amour, voici la suite de la grande série de Jacques Ferrandez sur l'Algérie contemporaine. Une oeuvre forte sur une période majeure de notre histoire récente, dont les échos résonnent avec force dans notre actualité." (Présentation Casterman)
En 1995 paraissait Le Cimetière des princesses, dernier album du premier cycle des Carnets d'Orient. A l'époque, Jacques Ferrandez pense avoir mis un point final à la série. Mais sept ans après, il réalise une nouvelle série de bande dessinées sur son pays natal avec La Guerre Fantôme, puis avec Rue de la bombe, La fille du Djebel Amour et enfin Dernière demeure, dernier album sorti au mois de juin : "j'ai compris, depuis, que le vrai sujet de tout cela, c'est la guerre d'Algérie. Et il y a que quoi dire encore sur ce pays où je suis né ! " (BoDoï n°42). Pour ce cycle, composé de ces trois albums, l'auteur ose aborder un sujet difficile et peu traité en BD (à citer tout de même Azrayen de Giroud et Lax, et L'Education algérienne de Vidal et Bignon).
Ferrandez évoque cette période noire de notre histoire avec nuance et sensibilité. Ne voulant pas faire œuvre d'historien, l'auteur a choisi de nous narrer des destinées individuelles avec une certaine part d'émotion. Il rend compte de la complexité du conflit à travers plusieurs points de vue et les parcours multiples que choisissent les divers personnages. Tout son travail sur ce nouveau cycle des Carnets d'Orient fut de trouver un équilibre entre les différentes visions de l'Algérie portées par chaque personnage : "La période de la guerre est tellement complexe qu'il me paraissait impossible de la traiter en un seul album. [... ] J'avais d'abord pensé aborder la même histoire, vécue par un personnage différent dans chaque nouvel album. Les points de vue, forcément complémentaires, devaient se répondre, chacun apportant sa vision personnelle des événements. Toutefois, pour préserver une certaine objectivité, il aurait fallu faire paraître les trois en même temps. Impossible : chaque tome me demande au minimum un an de travail ! J'ai donc décidé de mélanger les histoires et de construire de façon plus traditionnelle le récit en chapitres. " (http://www.casterman.com) En aucun cas l'auteur essaye d'édulcorer la réalité. Sans aucun manichéisme, Les Carnets d'Orient apportent un nouvel éclairage sur les attentats, la violence gratuite, le combat psychologique mené par les militaires français, la torture exercée du côté français comme du côté algérien.
Jacques Ferrandez nous ravit toujours avec son graphisme en couleurs directes et ses aquarelles. Sa mise en page participe aussi à la multiplication des points de vue. Avec Les Carnets d'Orient, l'auteur nous livre un récit empreint de vécu et un regard multiple sur les gens, les humbles et les puissants, les colonisés et les colonisateurs, les hommes et les femmes, bref ceux qui ont fait et défait ce pays... Ses albums évoquent tous les sentiments qui ont parcouru cette Algérie meurtrie : l'incompréhension, la cruauté, la haine, mais aussi l'espoir, la fierté...
Série : Carnets d'Orient
Titre : Dernière demeure
Auteur : Jacques Ferrandez
Editeur : Casterman | | |
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