| Cette nuit, j'ai tué mes amisC'est l'histoire d'un rêve qui semblait ne pas avoir d'intérêt, mais qui s'est révélé être un tournant fondamental de mon existence.
Puisque tout le monde cherche un sens à sa vie, il faut bien décalquer les contours de nos rêves sur les traits de notre réalité...Cette Nuit, J'ai Tué Mes Amis.
Je me suis réveillé avec un train au travers de la tête.
Tout a commencé quand j'étais à l'école. Je suis sorti de ma salle de cours, puis j'ai été aux toilettes avec un bon ami à moi. Saturé de mon orgueil et de ma colère intérieure, j'étais là dans ces toilettes minables pour étudiants hébétés, j'étais là à regarder mon ami qui urinait et j'ai sorti un couteau. Une belle lame brillante, comme une larme. Je me retrouve, dans les toilettes, avec mon ami que je viens d'égorger, et son corps tiède que je tiens entre mes bras, que je dépose doucement sur l'une des cuvettes. Et je ferme la porte, je me lave les mains et je m'en vais.
J'arrive dans cette cour, y'a un millier de jeunes gens clope à la main, aveugles, ils fument et racontent toutes sortes de choses inintéressantes. Au fond, près d'une poubelle, j'entrevois mêlés à la foule, mes amis. Les meilleurs, ils étaient tous là, à parler et m'attendre, pour faire un tour et boire un verre, comme souvent. Alors j'arrive vers eux, le visage toujours aussi neutre, je donne l'impression de n'avoir absolument aucun sentiments et aucun remords. Je m'approche de Ryan, le fixe dans les yeux et je presse ma lame contre son cœur. Il n'y a personne pour réagir, et pourtant je n'ai pas été discret. Je le tiens dans mes bras, sûr de moi, et je le dépose délicatement sur le sol. D'extérieur, je suis serein, extrêmement calme et réfléchi.
Pulsion malsaine
Je passe au suivant. Je fais le trajet jusque chez Rémi, et arrivé chez lui, je marche jusqu'à l'étage que je connais bien puis j'ouvre la porte qui mène à la chambre de Lionel. Il est là, couché dans son lit. Il avait fini les cours plus tôt ce jour-ci. Je sors de ma veste la même lame qui m'a été utile plus d'une fois maintenant. Lionel me regarde, il ne semble pas impressionné du tout. Il est tout à fait normal. J'enfonce ma lame contre son corps et je le fais saigner. Il meurt sous mes yeux, je garde mon sang froid. Comme si j'avais l'habitude.
Je retourne à l'école, où j'ai rendez-vous avec les autres.
Je vois Juliette et puis Rémi, ils sont là, je vais les tuer froidement mais ils son là à discuter. Alors je m'exécute. Je donne un coup très sec et sauvage à Juliette, qui ne résiste absolument pas. Encore une fois, je la tiens puis la dépose doucement aux pieds de Rémi qui n'a aucune réaction. C'est à son tour, il est là, j'ai ce couteau, serré dans mon poing, y'a le sang et les gens ils sont là à fumer leur pathétique cigarette, en attendant leur putain de cours. J'ai la haine de plus en plus fort j'ai la haine, je me sens dominant, tout bouillonne pèle-mêle à l'intérieur mais personne ne peut le voir, comme si je portais un grand masque de fer.
Et donc c'est à son tour, il me regarde, sourit, me parle comme d'habitude de choses et d'autres et moi je souris, je m'approche et la seconde d'après il n'est plus là, il ne reste que son corps inerte. Je le tiens fermement contre moi encerclé par la fumée de ces cigarette, entouré de tous ces connards qui ne représentent que de vulgaires ombres à mes yeux grands ouverts, écarquillés, et je fais gentiment glisser Rémi contre moi, jusqu'à ce qu'il soit complètement couché à terre. Je jette mon couteau et puis sans l'ombre d'une larme, sans soupçons d'un quelconque remord, je me soustrais à la foule et me dirige vers le chemin de fer tout proche. Là, arrivé au passage à niveau, je vois le soir dans le ciel, les étoiles se sont éveillées spécialement pour mon spectacle avenir. Le soleil donne à son monde des teintes vermillon, rouges et violettes, puis il s'en va péniblement derrière les cimes des montagnes.
Bon voyage
Pendant ce temps, moi je suis assis en tailleur, en plein sur le passage à niveau, posé droitement sur les rails. Les barrières sont en train de descendre et lorsque je tourne ma tête vers la droite, je vois cette fille avec qui je suis sorti, je vois cette fille qui me dit :
- Non, ne fais pas ça, ce serait vraiment trop bête. Arrête, c'est dommage.
Et moi de répondre :
- Je sais parfaitement ce que je fais.
J'esquisse un sourire très affirmé, comme s'il s'agissait d'une mauvaise blague, d'un tour de magie ou seulement d'une pièce de théâtre, celle ou les acteurs ne meurent jamais vraiment.
Le train se fait entendre, je distingue ses phares qui arrivent très vite, et je rigole puis détourne ma tête vers la gauche. Le train est juste là, et contre l'autre barrière, je vois Emmanuelle. Elle est là, affolée à me dire :
- Non ne fais pas ça, viens !
Elle court, me tend son bras mais rien n'y fait. Et ce putain de train est bien là, il arrive, mon sourire se fane, je regarde Emmanuelle droit dans les yeux, l'air désolé et je sens contre mon arcade et le plat de ma joue l'avant du train, froid et solide. Je suis traîné sur une distance abominable.
Cette nuit, j'ai tué mes amis et je me suis tué. | | |
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