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Chronique Album Black City Parade d'Indochine

Premières impressions détaillées titre par titre sur le dernier album d'Indochine. Initialement écrit à la mi-février après une écoute rapide de l'album, puis mise à jour avec impressions divergentes début avril. Le ton est volontairement léger et moqueur envers un groupe que j'aime suffisament pour savoir lui glisser quelques tacles amicaux.


Piste 1 BLACK OUVERTURE 0'50''
Intro sur fond de chaos de 50 secondes donc relativement impossible à noter.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Ceux qui restent, le rebut et le coupon". Sans doute une des phrases les plus engagées tous albums confondus (si si !).

Piste 2 BLACK CITY PARADE 05'33'***
Morceau d'ouverture "punchy mais pas trop" en opener assez comparable à Dancetaria sur l'album du même nom voire Go Rimbaud Go sur La République des Météors.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Je ne sais pas où l'on va mais on ira"". Assurément une citation qui peut résumer toute la carrière du groupe.

Piste 3 COLLEGE BOY 04'46'***1/2
L'indispensable chanson perverse au texte suffisamment cryptique pour que tout le monde puisse se l'approprier. Suite avisée de tous les titres du groupe en "boy".

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Oui j'aime ça le goût du lait sur ta peau, j'ai le droit". Depuis le temps on avait capté que dans son genre Nicola Sirkis prend le droit d'écrire tout ce qui lui passe par la tête (et c'est ce à quoi on adhère généralement).

Piste 4 MEMORIA 07'12'** (version album) / *** (version single)
Pas trop fan de cette version longue (par rapport à celle sortie en single) qui met du temps à décoller et renforce le côté bancal de sa structure, l'absence de "vrai" refrain est assez pénalisante sur le coup.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Ne me pardonne pas, mais ne m'oublie pas, ne m'excuse pas, mais ne nous oublie pas". Qui peut encore douter que Jean-Louis Aubert a trouvé son maître ? Même son "On a eu tout ce qu'on a voulu, même si on pas voulu ce qu'on a eu" paraît bien fade en comparaison.

Piste 5 LE FOND DE L'AIR EST ROUGE 04'55'****
Là on décolle pour de bon avec ce morceau qui convoque tout ce que le groupe possède en termes spatiaux-temporels. Le travail sur le son est énorme, proche de Republika sur l'album précédent, et à mille lieux de ce que le groupe fut dans les 80's-début 90's. Même le fond pseudo-communiste cher à tous les Besancenot de ce monde ne gâte rien à l'affaire.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Gimme gimme gimme gimme why ? " On savait que l'exercice de l'anglais n'était pas la force principale de N. Sirkis, mais là il touche au sublime du non-sens.

Piste 6 WUPPERTAL 06'46'**1/2
Contestation de principe sur ce titre à l'allure DU "slow" gentillet traditionnel comme Le grand secret sur Paradize ou Le lac sur La République... Certes ça devient plus épique dans la deuxième moitié du morceau, mais pas de quoi planer.
MAJ Avril 2013 : **** Je revois mon jugement sur ce titre, finalement bien plus complexe qu'une simple ballade et presque impérial dans son crescendo renversant. Je suis à titre personnel particulièrement touché par un texte qui résonne comme un résumé de mon année 2012, et toutes les transformations que j'ai entrepris durant celle-ci.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Et je danse pour moi". Toujours utile de le préciser tant il est rare que l'on se move dans un seul souci personnel.

Piste 7 LE MESSIE 05'06'**1/2
Le bon vieux coup de la chanson-blasphème. Moins émouvante que Dark sur Paradize mais plus cohérente que Sweet dreams sur Alice & June. Un potentiel karaoké certain.
MAJ avril 2013 : *1/2 un morceau que je n'arrive plus à écouter au bout de deux mois, je le trouve particulièrement bancal et maladroit.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "On dit qu'il n'est pas content et qu'il défie tous les gouvernants, qu'il aime les garçons, qu'il vit avec des filles". Rien de bien paradoxal dans une logique venue tout droit de la galaxie Sirkis.

Piste 8 BELFAST 06'04'****
La tuerie électro-rock de service, vraisemblablement très marquée par les références anglo-saxonnes du groupe (Nine Inch Nails, Marilyn Manson...), se retrouvera assez vite sur les dancefloors pour y déloger les médiocres BB Brunes. Quelques approximations dans le mix de paroles en franglais mais ça passe.
MAJ Avril 2013 : **1/2 La lassitude gagne rapidement avec cette formule un peu trop convenue.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "I wanna see you try". La langue anglaise semble posséder bien peu de verbes si l'on en croit cet éternel "see", fil rouge shakespearien du groupe.

Piste 9 TRAFFIC GIRL 05'19'**
Sonne un peu hors-sujet à l'ère 2013 du groupe, mais plaira sans doute aux vieux fans avec son rythme fleurant presque le Kao-Kao Bang. Un peu comme Play boy sur La République des Météors.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Tu ne te relèveras pas, ne reste pas". Deux actions contradictoires bien dures à concorder, encore que.

Piste 10 THEA SONATA 05'01'**
Même défaut que certains titres précédents, notamment Wuppertal, à savoir une approche trop empreinte de certains tics du passé. À ce titre la mélodie d'ouverture rappelle Pink water. Toujours pas de refrain fédérateur, ce qui semble devenir une marque de fabrique depuis quelques albums.
MAJ Avril 2013 : *** Beaucoup plus touchante que la première écoute ne me l'avait laissé paraitre.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Tu disaistous les garçons sont des salauds', tu disaistoutes les filles sont des salauds'Qu'importe le sens pourvu qu'il y est la rime.

Piste 11 ANYWAY 04'03'**
On reste dans le gentillet avec cette ballade romantique. Elle évoque même par certains aspects La colline des roses, ce qui ne nous rajeunit pas. Pas franchement mauvais, mais tellement en-dessous de leur potentiel.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Regarder le plafond, accrocher la corde et fermer la maison". Pas forcément dans cet ordre là mais ça peut exister.

Piste 12 NOUS DEMAIN 05'55'**1/2
Sorte de road no-movie musical, les nappes de synthé et la batterie y vont de bon cœur, la voix est plus en retrait que d'habitude, notamment une absence de ces notes prolongées jusqu'à la déraison.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "En route, claque la portière et lève ton père." Ainsi débute de manière tonitruante ce titre au final assez sobre.

Piste 13 KILL NICO 05'52'**
Un remake mal camouflé de Le dernier jour (La République des Météors), ce qui dénote un manque de fraîcheur assez apaisant. Ajoutez à cela les simples "lalalala" en guise de refrain entraînant et vous avez un morceau à moitié réussi.
MAJ Avril 2013 : *** Ne serait-ce que pour l'explosion finale elle mérite d'être réévaluée à la hausse.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Kill me why". Mais pourquoi cet abus de phrases anglaises jetées en pâture justement ?

Piste 14 EUROPANE OU LE DERNIER BAL 04'33'***
Titre planant idéal pour clôturer l'album. Sans aucune esbroufe et doté d'un final dans la grande tradition indochinoise. Envoûtant et rédempteur pour une deuxième moitié d'album un peu trop terne.

La phrase improbable "mais pas tant que ça" : "Vous et moi le bal... Comme dans le dernier bal". On ne pourra plus jamais reprocher une absence de rîmes riches, comme en témoigne ce tour de force renouvelé consistant à faire rimer un mot avec lui-même.


BILAN ***

Un fond pop/new-wave intact, quelques morceaux plus dansants, des textes toujours aussi réjouissants tant on peut en faire ce qu'on en veut, des influences rock positives qui aboutissent à un son que seuls les gens de mauvaise foi pourraient assimiler à de la variété, des abus de "lalallalalalala" moins importants que d'habitude (seulement sur deux titres il me semble) et toujours cette façon de fondre habilement l'apaisement dans l'angoisse. Ou l'inverse. Un sentiment nettement moins dithyrambique que celui éprouvé aux première écoutes de La République des Météors en 2009, mais bien plus enthousiaste que pour le trop dispersé Alice & June en 2005. Et il est fortement conseiller d'écouter l'album au casque pour en percevoir les subtilités.
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L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 20 avril 2013
Modifié le 15 avril 2013
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