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Chroniques d'un autre Monde

"Ai-je perdu la raison ? Ce qui s'est passé, ce que j'ai vu la nuit dernière est tellement étrange, que ma tête s'égare quand j'y songe !" Guy de Maupassant, Le Horla


Ce soir là, les parents de Sébastien étaient invités chez les Carrigan, leurs amis du club de bridge. Sébastien n'aimait pas ces soirées où il se retrouvait seul à la maison, en compagnie de Trek, le berger-allemand que son père avait trouvé l'année précédente, blessé dans les bois, et que la famille s'était empressée d'adopter. La solitude nous rend plus attentif aux bruits qui nous entourent, et le plus petit craquement de parquet, qui aurait paru anodin quand toute la famille est à son complet, se transforme en grondement sinistre et angoissant lorsque l'on est la seule âme vivante dans toute la maison.

Sébastien aurait très bien pu suivre ses parents à leur soirée de bridge. Mais les Carrigan, bien que mariés depuis trente trois ans, n'avaient pas d'enfant. A quoi bon s'ennuyer chez des étrangers alors que l'on peut le faire chez soi ? Et puis, finalement, cette soirée passée seul ne s'annonçait pas si mal : le premier épisode de Harry Potter était diffusé à la télévision, Sébastien l'avait déjà vu à plusieurs reprises, une fois de plus n'y changerait rien.

"- Je t'ai préparé des lasagnes. Tu peux passer à table.
- Nous rentrerons vers vingt-deux heures Sébastien. A tout à l'heure !"

Il faisait déjà nuit quand les parents de Sébastien quittèrent la maison, une nuit sans lune et sans étoile, sombre, impénétrable. Après avoir dévoré ce que sa mère lui avait préparé, Sébastien s'assit dans le canapé du salon et augmenta le volume de la télévision. Cette fabuleuse invention technologique peut être utilisée comme compagnon d'un soir, d'une journée, et même d'une vie. Dans nombre de foyers, la télévision comble, par son monologue incessant, les vides et les silences qui règnent pendant les repas, après les repas et dans la chambre à coucher. Ce soir là comme partout ailleurs dans le monde, elle permettait à Sébastien de se sentir moins seul.

Trek vint s'installer à côté de Sébastien, à sa place habituelle. Il aimait rester sur le canapé à somnoler lorsque quelqu'un regardait la télévision. Le film commença. Sébastien se cala dans le fauteuil, la télévision emplissait la maison de sa présence, aucun murmure inexpliqué, aucun craquement sinistre ne vinrent troubler ce début de soirée. Le flux continu de paroles et de bruits en tout genre qui coulait des enceintes stéréophoniques était une berceuse idéale. Au bout d'un instant, Sébastien s'endormit.

Un frisson glacial, le long de la colonne vertébrale, le réveilla en sursaut. Il devait être près de vingt-trois heures : à l'écran une série B avait pris le relais pour tenir compagnie aux derniers noctambules. Trek avait disparu de sa place habituelle ; Sébastien se trouvait seul dans le séjour. Soudain, tout s'arrêta. Dans un dernier grésillement sourd, la télévision s'éteignit, le monde plongea dans les ténèbres, un silence menaçant envahit toute la maison. Sébastien ne bougea plus. Que se passait-il ? Il essaya de se détendre. Ses parents n'allaient pas tarder à rentrer. Ce n'était qu'une stupide panne de courant. Un fusible avait grillé...

Toutes les pensées se mélangeaient dans sa tête, il tentait de distinguer quelques choses dans l'obscurité noire quand un bruit sinistre résonna dans la cuisine. Terrorisé, Sébastien écoutait avec attention. On aurait dit qu'une grosse masse, dans une agonie terrible, s'agitait lourdement sur le carrelage de la cuisine en renversant les sièges. Le bruit ne dura que quelques secondes, interminables. Brusquement, tout se tut. Sébastien tendit l'oreille, pas un son. Mais dans les ténèbres effrayantes, il savait que quelqu'un, quelque chose, était là. Son cœur battait à tout rompre. Une présence sinistre se faisait sentir. La terreur l'envahit. "- Qui est là !" cria t-il. Personne ne répondit. La présence se déplaçait en silence dans l'obscurité menaçante, il en était sur. Soudain, un son retentit dans la cuisine, léger, imperceptible, lugubre : "Ploc". La présence se faisait ressentir davantage. Elle était là maintenant, dans le séjour. Quelque chose se rapprochait dans l'obscurité, quelque chose de lourd, hideuse et silencieuse. Une respiration rauque et monstrueuse se fit entendre, plus forte, plus effroyable. La chose était tout près maintenant. Sébastien n'osa bouger. Elle semblait attendre, l'observer, réfléchir. C'est alors que la chose, affreuse et horrible, se posa sur le canapé, là, près, encore plus près. Dans un dernier élan de courage, Sébastien tendit le bras. Il sentait maintenant un souffle brûlant sur son bras. Il sursauta lorsqu'il sentit dans sa main le poil chaud de Trek. Cette présence dans l'obscurité, ce poids menaçant, ce n'était que lui, couché à sa place sur le canapé. Le contact du poil brûlant, la chaleur du corps de Trek sur la main de Sébastien le réconforta. Dans la cuisine, le bruit sinistre frappait maintenant, régulier, morbide : "Ploc, ploc, ploc". Sébastien, toujours terrorisé par les ténèbres effrayantes, tentait de trouver du réconfort en caressant son chien. Le poil doux de la bête sur sa main, la chaleur de ce corps animal, lui permettaient d'oublier en partie l'obscurité hideuse et ce bruit abominable qui déchirait sanguinairement le silence : "Ploc, ploc". Trek respirait bruyamment pendant que Sébastien faisait glisser nerveusement sa main sur le poil soyeux de l'animal. "Ploc". Son souffle bestial était anormalement brûlant. "Ploc, ploc, ploc".

Tout à coup, la bête se leva et descendit nerveusement du canapé. "- Trek ! Restes ici, ne t'en vas pas !" cria Sébastien. Déjà, sa présence avait fuit dans les ténèbres. Sébastien resta assis, terrifié de se retrouvé seul à nouveau dans l'effroyable obscurité. Dehors, le bruit d'une voiture retentit. Sébastien sentit un poids énorme s'enlever de son cœur : ses parents rentraient enfin. Soudain, la télévision se ralluma, les lumières du salon brillèrent, les ténèbres s'enfuirent. Il courut vers la porte du séjour. Ses parents rentrèrent, étonnés de voir Sébastien encore éveillé à cette heure si tardive. "Maman ! Papa ! Il y a quelque chose dans la cuisine qui fait du bruit !" hurlait Sébastien. Son père, incrédule et inquiet se dirigea doucement vers la cuisine. Il poussa la porte entrebâillée et aperçu une masse sombre suspendue au plafond. Il alluma la lumière. Le cadavre horrible de Trek, égorgé, défiguré, était pendu par les pattes à la lampe de la cuisine. De sa gorge ouverte, un filet de sang suintait et gouttait sur le carrelage glacé, marqué de traces de sang. En tombant sur le sol, les larmes écarlates produisaient une musique lugubre et légère : "Ploc, ploc, ploc".
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Re: Chroniques d'un autre Monde
Posté par babe le 25/10/2005 14:59:09
wouaw!!! Terrible, c'est sensas !!
Re: Chroniques d'un autre Monde
Posté par aureliedog le 19/06/2005 20:58:10
juji--> fais travaillé ton imagination, seule elle pourra repondre a ces questions...
Re: Chroniques d'un autre Monde
Posté par juji le 19/06/2005 19:55:16
tre bien ton histoire franchement mai si le chien etait egorgé ki c ki la accroché au lustre et c koi ce kil a carréssé alros???????????
Re: Chroniques d'un autre Monde
Posté par jacquesv le 19/06/2005 17:04:12
Très bien écrit!! J'ai aimé!
Re: Chroniques d'un autre Monde
Posté par catalina le 18/06/2005 22:52:46
heu... si j'ai bien suivi, kan Trek est revenu, il y avait le "ploc, ploc"... donc c t pas lui ke le petit a caréssé...
Bizarre autan k'étrange... :d
Bravo, c'été supeur g adoré ;)
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L'auteur : No country for old men .
42 ans, Paris (France).
Publié le 16 juin 2005
Modifié le 07 juin 2005
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